12 janvier 2009

Le propre de l'homme, de Robert Merle

Roman

Passionnés par les travaux des chercheurs qui étudient les grands singes, Edmund Dale et sa femme adoptent à sa naissance une chimpanzée, qu'ils appellent Chloé et élèvent comme un bébé humain. Ils entreprennent de lui enseigner l'ameslan, le langage par signes utilisé aux États-Unis par les sourds et muets. Le "projet Chloé" réussit. Chloé ne se contente pas de progresser : elle fait de l'ameslan un usage créateur, agressif, parfois amusant. En même temps qu'elle acquiert les signes qui lui permettent de s'exprimer, son humanisation se poursuit. Elle se considère comme la fille des Dale, éprouve pour ses "parents" une ardente affection, et noue des contacts très nuancés avec les personnes et les animaux domestiques qui l'entourent. Tout change quand Chloé, devenue pubère et adulte, traverse une crise d'identité. Elle se sent frustrée, rejetée par tous et se croit "laide" parce que son apparence est différente de celle de ses parents. L'hostilité, au village voisin, de quelques personnes, les insultes proférées contre elle par des gamins intensifient son malaise. Sa force physique, son émotivité, ses crises de colère incontrôlées, la rendent redoutable, même à ceux qu'elle aime. Les Dale, ne pouvant se résigner à la renvoyer derrière les barreaux d'un zoo, vivent dans l'angoisse...

"Le Propre de l'homme" abonde en dialogues, en portraits pittoresques, en situations cocasses ou dramatiques. Mais il reste dans les limites des faits scientifiquement avérés. C'est que la réalité est plus fascinante ici que l'imaginaire. Nous sentons que notre rapport au monde est en train de changer, quand nous voyons un chimpanzé émerger peu à peu, grâce à ses amis humains, des "ténèbres muettes du règne animal", pour entrer en communication avec notre espèce. Par l'auteur de "Malevil" et de "Un animal doué de raison", qui renoue ici avec l'anticipation et nous donne à réfléchir - ou à rêver - sur ce qui sépare l'humain de l'animal.

Le propre de l'homme, Robert Merle, Editions LGF, 1991, 407 pages

Voir aussi

- Rubrique Ces singes qui parlent
- Vidéos en ligne sur le sujet

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