16 mars 2008

La belle fille sur le tas d'ordures, de François Cavanna

La belle fille sur le tas d'ordures
de François Cavanna

Notre civilisation est une belle fille sur un tas d’ordures.

Le tas d’ordures, ce sont les poubelles nucléaires, la pollution des fleuves, les forêts détruites, mais aussi la misère d’une grande partie de la planète, exclue de la prospérité.

Et puis encore le cynisme, l’hypocrisie, l’inconscience criminelle des uns et des autres...

De la vivisection au Paris-Dakar, de la couche d’ozone à la chasse à courre, de Mururoa au Rainbow Warrior, l’auteur des Ritals, chroniqueur mordant de Charlie-Hebdo, s’en prend aux pollueurs et aux irresponsables avec une verve qui n’épargne pas non plus les "écolos" professionnels.

La belle fille sur le tas d'ordures, François Cavanna, Editions LGF, 1993, 183 pages

"Ne serait-ce que pour sa manière de se servir de son stylo
à la façon d’un lance-flammes,
on le classerait plutôt parmi les pyromanes."

L'Evènement du Jeudi

Le mot de l'auteur

Notre civilisation est une belle fille sur un tas d'ordures. Le tas d'ordures, c'est, bien entendu, le fantastique amas de déjections putrescibles ou indestructibles que nous rejetons sous nous. C'est l'immense foule des exclus de la prospérité, les peuples de plus en plus clochardisés sur la misère desquels est bâtie notre opulence.

La planète va mal. La faute à qui ? Je n'ai jamais porté dans mon cœur les zélateurs de l'atome, les perceurs de couche d'ozone, les plombiers du Rainbow Warrior, les savants vivisecteurs, les bons apôtres du "Paris-Dakar". Alors, je l'ai écrit. Ce que je vous propose, ce sont les réflexions qui me sont venues à chaud, au fil des événements. Le ton est souvent - trop souvent ? - passionné, et même violent. C'est mon tempérament, que voulez-vous !

Cavanna

Pour en savoir plus

- Cet avis de lecteur, avec un extrait
- Du même auteur, le livre Coups de sang

Au sommaire

Avant-propos
L'affaire Dreyfus n'a pas eu lieu
Mourir pour Dakar, comme un con
Où sont passés les monstres de papa ?
Tchernobyl, mon amour
Passe-moi le beurre et mes Turenge
Elle flambe, elle flambe, la forêt !
La crise ? Où que t'as vu ça, toi ?
Mourir quand on te cogne dessus, c'est pas de jeu !
Etoile Sakharov et bombe Nobel
La drogue ou le sida, la peste ou le choléra
La belle fille sur le tas de merde
Tu veux de l'écologie ? En v'là !
La fin du Plouc
De Tchernoland en Disneybyl
Société à risques
Le crocodile et les mégatonnes
Waechter n'est pas Coluche, hélas
Un enfant-chien + un ourson + des Kurdes = ?
Epitaphe pour poissons crevés
Géranium et papier peint
Un remède miracle : la jachère
L'oxygène n'a pas de frontières
Des doigts de fée, un cerveau de lombric
La dernière ligne droite
Lettre ouverte à Brigitte Bardot
Au feu, les pompiers !
Je suis contre, mais y a des cas
Indestructible
Le moucheron de Mururoa
Dernier chapitre en forme d'apocalypse !

Entretien avec François Cavanna
émission 'Nom des Dieux" présentée par Edmond Blattchen (février 2000, 8min)
Cavanna exprime son indignation envers la souffrance infligée aux animaux, son refus de toute croyance et de mode, et son goût pour la lecture.


L'avant-propos

Ce petit livre est un recueil d'articles parus chaque mois depuis 1985 dans Écologie-Infos, publication qui, dans le monde lui-même assez marginal des militants de l'écologie, fait figure de vilain petit canard. Un canard qui, si j'ose dire, rue dans les brancards. Jean-Louis et Sylvie Burgunder le portent à bout de bras contre vents et marées.
Ces articles ont été écrits au fil des événements, mais, bien sûr, toujours du point de vue de l'incidence de ces événements sur ce qu'il est convenu d'appeler "l'écologie". Le ton en est souvent violent. C'est mon tempérament, que voulez-vous.
Mon écologie n'est pas forcément la vôtre. Pour moi, il ne s'agit pas seulement "d'environnement", mot restrictif, mais bien de la vie même. Pas seulement de la santé, du confort ou de la survie de l'espèce humaine, mais aussi de ceux de tous les êtres qui vivent sur cette sacrée planète.
La planète, elle va mal. La première de ses maladies mortelles s'appelle surpopulation. La deuxième, cupidité (ou appétit de puissance, ce n'est qu'une variante). La stupidité (ou le machiavélisme) de certains grands gourous interdit aux masses les plus misérables de contrôler leur effroyable taux de multiplication. La cupidité des mercantis tout-puissants incite obsessionnellement quiconque dispose d'un pouvoir d'achat à jouir au maximum des tentations de ce qu'on ose appeler la "civilisation" et qui ne sont que la pacotille séduisante que défèque la technique confisquée par les mercantis.
Si chaque individu dans le monde prétendait jouir du luxe dont jouit le citoyen moyen des U.S.A., la Terre serait réduite à une boule chauve et les océans à un égout pestilentiel longtemps avant que ce but ambitieux ne soit atteint.
Notre civilisation est une belle fille sur un tas de merde. Le tas de merde, c'est, bien entendu, le fantastique amas de déjections putrescibles ou indestructibles que nous rejetons sous nous, mais c'est aussi l'immense foule des exclus de la prospérité, les peuples de plus en plus clochardisés sur la misère desquels est bâtie notre opulence.
Le plus pauvre des chômeurs "occidentaux" vit dans un gaspillage dont il ne se rend même pas compte, tant l'habitude en est prise. Ne serait-ce que les débauches effrénées en ressources et en énergie englouties dans la publicité, l'emballage, les transports de futilités, l'usure prématurée d'objets camelotés tout exprès... Nous crevons de mercantilisme sordide, noblement baptisé "compétition loyale", "légitime ambition", "way of life"...
Les rapports entre États, en temps de paix, sont des rapports de concurrence féroce, de marchés à s'arracher par tous les moyens : coercition, chantage, immixtion, corruption, intimidation... La paix n'est qu'une guerre économique, guerre inexpiable. La "vraie" guerre n'est qu'un épisode aigu de la nécessité d'obliger les peuples à consommer en masse de l'armement, puis de la reconstruction.
Il faut tout remettre en question. Notre genre de vie. L'urgence des problèmes. Trier. Rejeter le luxe, le superflu, le futile, afin que tous jouissent du droit de vivre et du confort de base. Rusticité pour tous plutôt que misère et famine pour les quatre cinquièmes. Il faut que cesse le saccage. Partager. Répartir droit au travail et droit aux ressources. Considérer que nous ne sommes pas seuls sur cette planète, que toute forme de vie est respectable, que notre supériorité mentale ne nous donne aucun droit, qu'on ne tue pas pour faire joujou, ni pour un petit supplément de confort ou de plaisir. Éduquer. Eh oui, éduquer ! Mais qui éduquera ?
Il faut, en somme, gérer la planète, la gérer en amoureux, comme le paradis terrestre qu'elle peut être, qu'elle ne demande qu'à être. Cela suppose une entente mondiale, peut-être un super-gouvernement. Est-il encore temps ? La raison, seule faculté qui justifie le rôle dirigeant de l'homme, pourra-t-elle enfin prendre les rênes, les arracher aux vieux instincts "reptiliens" devenus facteurs de mort ?
Encore une fois, ces réflexions ont été écrites au jour le jour. Je les donne ici selon l'ordre où elles le furent. Il est des thèmes qui, forcément, reviennent, obsessionnellement. En relisant ceci, j'ai d'abord été tenté d'élaguer. Et puis j'ai pensé que ce martelage est l'effet même de l'importance de ces thèmes, et qu'il est bon de les crier aussi souvent et aussi fort que l'exige l'urgence.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire