13 février 2009

Un lieu sûr, de Barbara Gowdy

Un lieu sûr
de Barbara Gowdy


Roman

Une jeune éléphante abandonnée par son clan après le décès de sa mère doit trouver sa place dans son nouveau groupe. Cette insertion s'avère d'autant plus difficile que l'existence des éléphants est précaire. Ils doivent éviter les intempéries et les chercheurs d'ivoire. Une trouvaille assurerait leur survie : "l'os blanc", un objet magique qui permet d'accéder à un "lieu sûr", le paradis des éléphants.

Convoquant à la fois des faits observables, un sens profond de la description et une splendide imagination poétique, Barbara Gowdy nous donne accès au monde de ces animaux de légende, qui exercent sur l'homme, depuis l'aube des temps, la plus ambivalente des fascinations.

Un lieu sûr, Barbara Gowdy, Traduction : Isabelle Reinharez, Editions Actes Sud, 2002, 389 pages

A propos de l'auteur

Née en 1950 à Windsor, Barbara Gowdy vit à Toronto. Auteur de plusieurs romans et d'un recueil de nouvelles, elle a obtenu plusieurs prix littéraires au Canada. "Un lieu sûr" a été salué comme un événement et connaît une publication mondiale.

Voir également

- L'homme qui murmurait à l'oreille des éléphants, de Lawrence Anthony
- La longue marche des éléphants, de Cynthia Moss
- Quand les éléphants pleurent, de Jeffrey Moussaieff Masson et Susan McCarthy
- Des animaux et des femmes, d'Allain Bougrain-Dubourg
- Eléphants, de Steve Bloom
- En vidéo, des documentaires sur les éléphants

L'avis de Pascale Frey, du site L'Express

L'éléphante abandonnée

Elle a vingt ans, elle est enceinte, pèse deux tonnes et joue les noctambules. Elle aime l'herbe dure et la vie en communauté, faire la fête, dormir dans la brousse. Bourbe est une séduisante éléphante aux longs cils que Barbara Gowdy - qui vient de publier un joli recueil de nouvelles: On pense si peu à l'amour (Actes Sud) - met en scène dans Un lieu sûr. L'auteur nous raconte une histoire si touchante qu'on en oublie parfois que ses personnages sont des animaux. Dorénavant nous n'ignorerons plus rien des préoccupations des éléphants, de leur vie quotidienne, de leurs états d'âme.

D'ailleurs, Barbara Gowdy n'hésite pas à affirmer qu'humains et éléphants se ressemblent beaucoup: ils vivent une longue enfance, entourés de leur famille, ils connaissent la puberté et sont doués d'intelligence; les femmes sont très attentives à leurs bébés et n'hésitent pas à s'entraider. Malgré les apparences, ce livre est bien un roman et non un ouvrage scientifique, même si Barbara Gowdy se révèle incollable sur le sujet.

Au départ, ces pachydermes ne constituaient qu'un hobby pour cette Canadienne de Toronto. La ressemblance entre les éléphants et les humains lui donna envie d'imaginer ce récit où se mêlent drames familiaux et amour, tendresse et rivalité. L'héroïne, Bourbe, a été abandonnée par sa famille. Elle a été recueillie par un autre clan dans lequel elle a bien de la peine à s'intégrer. Bourbe va connaître l'amitié et l'amour, la jalousie et les coups bas dans sa communauté. Et elle va devoir, comme ses frères et ses sœurs, lutter pour sa survie. Trouver à manger, à boire, ne pas se faire attaquer par d'autres animaux et échapper aux fusils des hommes.

Ce roman n'est pas d'un accès très facile, il faut prendre le temps de trouver ses repères, de se familiariser avec ces personnages insolites. Et se laisser porter par la poésie du texte. Chaque animal a un prénom qui le définit et ces pages regorgent de trouvailles de toutes sortes. Barbara Gowdy s'est véritablement prise d'amour pour ce peuple un peu particulier: «Ils sont sentimentaux au point qu'on pourrait les dire larmoyants. Même les grands mâles. Un deuil, un désir ardent leur brise le cœur.» C'est bien simple, après la lecture de ce roman, nous avons envie de devenir leurs amis !

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