04 août 2011

Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler, de Luis Sepulveda

Histoire d'une mouette
et du chat qui lui apprit à voler
de Luis Sepulveda

Zorbas le chat grand noir et gros a promis à la mouette qui est venue mourir sur son balcon de couver son dernier oeuf, de protéger le poussin et de lui apprendre à voler. Tous les chats du port de Hambourg vont se mobiliser pour l'aider à tenir ces promesses insolites. A travers les aventures rocambolesques et drôles de Zorbas et Afortunada, on découvre la solidarité, la tendresse, la nature et la poésie.

Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler, Luis Sepulveda, Traduction : Anne-Marie Métailié, Editions Métailié, 2004, 126 pages

A propos de l'auteur

Luis Sepulveda est né en 1949 et vit actuellement en Espagne, dans les Asturies, après avoir habité Hambourg et Paris. Il est l’auteur, entre autres, du Vieux qui lisait des romans d’amour, du Journal d’un tueur sentimental, de Yacaré, Hot Line, des Roses d’Atacama et de La folie de Pinochet. Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler a fait l'objet d'une adaptation en dessin animé.

Quelques avis

"Un récit bref, soigné, drôle et pathétique à la fois, (...) qui sensibilise le jeune lecteur aux errements de son temps et mêle subtilement la fiction à la réflexion, la poésie à la dénonciation."
Le Monde

"D'une écriture merveilleuse de poésie et d'humour, ce conte est une leçon de vol à partager avec les grands."
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Au sommaire

Première partie
1. Mer du nord
2. Un chat grand noir et gros
3. Hambourg en vue
4. La fin d’un vol
5. A la recherche d’un conseil
6. Dans un endroit étrange
7. Un chat qui sait tout
8. Zorbas commence à tenir ses promesses
9. Une nuit triste
Deuxième partie
1. Portrait de chat en mère poule
2. Il n’est pas facile d’être maman
3. Le danger à l’affût
4. Pas de repos pour le danger
5. Oiselle ou oisillon
6. Afortunada, vraiment fortunée
7. On apprend à voler
8. Les chats décident de briser un tabou
9. Le choix de l’humain
10. Une chatte, un chat et un poète
11. Le vol

Un extrait du livre :
Le chapitre "La fin d'un vol"

Le chat grand noir et gros prenait le soleil sur le balcon en ronronnant et en pensant comme c'était bon d'être là à recevoir les rayons du soleil, le ventre en l'air, les quatre pattes repliées et la queue étirée.
Au moment précis où il se retournait paresseusement pour présenter son dos au soleil, il entendit le bourdonnement d'un objet volant qu'il ne sut pas identifier et qui s'approchait à grande vitesse. Inquiet, il se dressa d'un seul coup sur ses quatre pattes et arriva tout juste à se jeter de côté pour esquiver la mouette qui s'abattit sur le balcon.
C'était un oiseau très sale. Tout son corps était imprégné d'une substance noire et malodorante.
Zorbas s'approcha et la mouette essaya de se redresser en traînant les ailes.
- Ce n'était pas un atterrissage très élégant, miaula-t-il.
- Je regrette. Je ne pouvais pas faire autrement, croassa la mouette.
- Dis donc, tu es dans un drôle d'état. Qu'est-ce que tu as sur le corps ? Tu sens vraiment mauvais !
- J'ai été atteinte par une vague noire. La peste noire. La malédiction des mers. Je vais mourir, croassa plaintivement la mouette.
- Mourir ? Ne dis pas ça. Tu es fatiguée et sale. C'est tout. Pourquoi ne vas-tu pas jusqu'au Zoo ? Ce n'est pas loin et il y a des vétérinaires qui pourront t'aider, miaula Zorbas.
- Je ne peux pas. C'était mon dernier vol, croassa la mouette d'une voix presque inaudible, et elle ferma les yeux.
- Ne meurs pas ! Repose-toi un peu et, tu verras, tu iras mieux. Tu as faim ? Je vais t'apporter un peu de ma nourriture mais ne meurs pas, miaula Zorbas en s'approchant de la mouette évanouie.
Surmontant son dégoût le chat lui lécha la tête. Cette substance qui la couvrait avait un goût horrible. Quand il lui passa la langue sur le cou il remarqua que la respiration de l'oiseau était de plus en plus faible.
- Ecoute, mon amie. Je veux t'aider mais je ne sais pas comment. Essaye de te reposer pendant que je vais demander ce qu'on fait avec une mouette malade, miaula Zorbas avant de grimper sur le toit.
Il s'éloignait vers le marronnier quand il entendit la mouette l'appeler.
- Tu veux que je te laisse un peu à manger ? miaula-t-il soulagé.
- Je vais pondre un oeuf. Avec les dernières forces qui me restent je vais pondre un oeuf. Chat, mon ami, on voit que tu es bon, que tu as de nobles sentiments. Je vais te demander de me promettre trois choses. Tu vas le faire ? demanda-t-elle en secouant maladroitement ses pattes dans un essai manqué pour se redresser.
Zorbas pensa que la pauvre mouette délirait et qu'avec un oiseau dans un état aussi lamentable on ne pouvait qu'être généreux.
- Je te promets tout ce que tu voudras. Mais maintenant repose-toi, miaula-t-il avec compassion.
- Je n'ai pas le temps de me reposer. Promets-moi que tu ne mangeras pas l'oeuf, dit-elle en ouvrant les yeux.
- Je promets de ne pas manger l'oeuf.
- Promets-moi de t'en occuper jusqu'à la naissance du poussin, croassa-t-elle en soulevant la tête.
- Je promets de m'occuper de l'oeuf jusqu'à la naissance du poussin, miaula Zorbas.
- Et promets-moi que tu lui apprendras à voler, croassa-t-elle en regardant fixement le chat dans les yeux.
Alors Zorbas pensa que non seulement cette malheureuse mouette délirait, mais qu'elle était complètement folle.
- Je promets de lui apprendre à voler. Et maintenant repose-toi, je vais chercher de l'aide, miaula Zorbas en sautant sur le toit.
Kengah regarda le ciel, remercia les bons vents qui l'avaient accompagnée et juste au moment où elle poussait son dernier soupir, un petit oeuf blanc taché de bleu roula à côté de son corps imbibé de pétrole.

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