24 janvier 2013

No steak, d'Aymeric Caron

No steak
d'Aymeric Caron

Bientôt, nous ne mangerons plus de viande. Nous cesserons définitivement de tuer des êtres vivants - 60 milliards d’animaux chaque année - pour nous nourrir.

D’abord parce que notre planète nous l’ordonne : en 2050 nous serons près de 10 milliards, et nos ressources en terres et en eau seront insuffisantes pour que le régime carné continue à progresser.

Mais au-delà des raisons économiques et écologiques, le passage au végétarisme va faire partie d’une nouvelle phase de notre évolution. La science nous prouve en effet un peu plus chaque jour que, contrairement à ce que nous avons longtemps prétendu, les animaux que nous exploitons sont des êtres sensibles, intelligents et sociaux. Dès lors, avons-nous encore le droit de les manger ? Le développement de l’éthique animale nous oblige aujourd’hui à reconsidérer nos devoirs vis-à-vis des autres espèces.

Aymeric Caron a mené l’enquête pour décrire, avec verve et humour, tous les aspects de notre étrange rapport à la viande. Pourquoi les chats et les chiens ont-ils un palace qui leur est dédié au Canada alors qu’en Chine ils peuvent finir au fond d’une casserole ? Pourquoi avons-nous choisi de manger en priorité des cochons, des poulets et des boeufs ? Comment ces animaux de consommation sont-ils produits ? Pourquoi Bill Clinton, Carl Lewis et Bryan Adams ont-ils décidé d’arrêter la viande ? Les végétariens vivent-ils vraiment plus longtemps que les carnivores ? Comment peut-on remplacer les protéines animales ?

Lui-même végétarien depuis plus de vingt ans, Aymeric Caron nous fait partager son expérience. Se gardant de tout prosélytisme et refusant les catéchismes de tout bord, il nous explique de manière limpide pourquoi, un jour, la viande disparaîtra.

No steak, Aymeric Caron, Editions Fayard, janvier 2013, 360 pages

A propos de l'auteur

Aymeric Caron est journaliste. Il a été grand reporter, a travaillé à Canal + et Europe 1. Depuis septembre 2012, il fait partie de l’équipe d’On n’est pas couché, animée par Laurent Ruquier sur France 2.

Pour en savoir plus

- Le site d'Aymeric Caron
- Le site des Editions Fayard
- L'excellent documentaire : Ces animaux malades de l'homme
- Ces bêtes qu'on abat, de Jean-Luc Daub
- Bidoche, de Fabrice Nicolino
- Halal à tous les étals, de Michel Turin
- Le cochon qui chantait à la lune, de Jeffrey Moussaieff Masson
- Le site de l'association L214
- Vegan, pour un monde meilleur

Au sommaire

- Avant-propos : L'angoissante tristesse du végétarien
- Le Rien et le Lien : Infos pratiques pour la route
- Combien de végétariens dans le monde ?
Raison n°1 : Parce que la viande détruit la planète
- Deux végétariens dans les airs
- Le Québec et les animaux
- Les nouveaux mangeurs de viande
- La viande contribue à la faim dans le monde
- Viande, calories et déforestation
- 1 kilo de viande = une année de douche
- La viande accentue le réchauffement climatique
Raison n°2 : Parce que nous sommes incohérents avec les animaux
- Menus plaisirs pour chiens et chats
- Chiens et chats sans plaisir au menu
- Phobies et folies
- Salma l'entomophage
- Amours vaches, chiennes ou cochonnes : tout et son contraire
- Tout ce qui a quatre pieds, sauf les tables
- Aimer l'agneau ou les agneaux ?
- Domestique ? De compagnie ? Apprivoisé ?
- La gueule du maître
- Nos premiers amis sont des animaux
Raison n°3 : Parce que l'on n'assume pas la mort de l'animal que l'on mange
- Pas de mort à table
- Une page de pub
- La production industrielle remplace l'élevage
- Comment vivent les animaux que l'on mange ?
- Comment meurent les animaux que l'on mange ?
- Meurtre à distance
- Le jour où j'ai arrêté de manger de la viande
Raison n°4 : Parce que l'amour de la viande est culturel, pas naturel
- Végétariophobie : le racisme de l'assiette
- L'homme est-il programmé pour manger de la viande ?
- Des recettes qui divisent le monde
- Le camembert, le tofu et les oeufs qui puent
- Le goût et le dégoût
- Je remplis ma panse donc je suis
- On ne mange pas seulement pour se nourrir
- L'attachement symbolique à la viande
- La France, bonne élève de l'éducation à la viande
- La viande, un gouffre financier pour le contribuable
- Le ski, la fourrure et les Amérindiens
- L'homme aurait-il dû rester cannibale ?
- Antibiotiques, bactéries, farines animales, etc.
Raison n°5 : Parce que nous n'avons pas besoin de viande pour vivre
- Végétarisme, sport et sexe
- Moins je mange de viande, plus je vis vieux
- La viande tue deux fois
- Plus de protéines dans le soja que dans la viande
- Anne-Marie Roy, diététicienne sans viande
- Fabriquer de la viande... sans animaux
- Le plaisir de manger végétarien
Raison n°6 : Parce que les animaux que nous mangeons nous ressemblent
- "Ce n'est que des bêtes"
- L'illusion du propre de l'homme
- Le vernis de la culture pour cacher notre animalité
- Empathie
- Mettre les poules sur un divan
- L'animal est une personne intelligente
- Pourquoi l'homme a inventé l'animal
- Douleur et souffrance
- Les animaux que nous mangeons sont-ils moins sensibles que les autres ?
Raison n°7 : Parce que la morale nous commande d'arrêter la viande
- "La viande est un meurtre"
- Maltraiter un animal est (parfois) illégal
- L'animal, un bien auquel on fait du mal
- JBJV, le spécialiste français de l'éthique animale
-. Quel genre de philosophe êtes-vous ?
- Peter Singer, Tom Regan, Gary Francione
- Quels droits pour les animaux ?
- Défendre les animaux ou les hommes ?
- Mon éthique personnelle ?
- L'émergence du mouvement végan : de Bill Clinton à James Cameron
- Les végés étaient fermés de l'intérieur
Raison n°8 : Parce que le végétarisme est moderne depuis des millénaires
- Les Indiens Jaïns et Bishnoïs, peuples végétariens
- Le cheval de Nietzsche, le chien de Kundera et celui de Schopenhauer
- Adam et Eve étaient pourtant végétariens
- "Cela crie mais cela ne sent pas !" : l'héritage de Descartes
- Michel Onfray, intellectuellement végétarien
- Le théorème sans viande de Pythagore
- De Plutarque à Hubert Reeves : vingt siècles de végétarisme
- Conclusion
- Remerciements
- Notes

Un extrait du chapitre :
Le jour où j'ai arrêté de manger de la viande

../.. Nous sommes tous plus ou moins des saints Thomas qui ne croyons que ce que nous voyons. L'image sert à croire, mais elle sert surtout à comprendre. Il a fallu que la télévision nationale canadienne Radio-Canada, en 1964, diffuse des images très dures pour que la chasse au phoque soulève l'indignation. On y voyait un chasseur dépecer un bébé phoque, celui-ci étant encore vivant tandis que le couteau le transperçait et l'ouvrait de part en part.
Moi-même, je suis définitivement devenu végétarien un soir, aux alentours de minuit, en regardant des images. J'avais 21 ans et j'étais étudiant en école de journalisme. Le processus qui allait faire de moi un végétarien était déjà enclenché depuis longtemps, et ma consommation de viande avait déjà largement diminué. Au début de l'adolescence, j'avais décrété que je ne mangerais plus de viande d'animal jeune. Il me paraissait inutilement cruel de supprimer une vie à peine commencée au prétexte que le goût de la viande en est meilleur. J'ai donc cessé de manger de l'agneau et du veau.
Quelques années plus tard, je prolongeais mon raisonnement : pourquoi ôter la vie à des animaux de petite taille, dont la chair ne peut nourrir que très peu d'estomacs humains ? Quitte à tuer un être sensible pour satisfaire notre appétit, faisons au moins en sorte que ce sacrifice soit utile à un maximum de personnes, comme c'est le cas quand on exécute un boeuf ou un porc ! Je décidai alors de supprimer de mon alimentation les plus petites espèces, tels les lapins ou les oiseaux. J'en vins logiquement à bannir aussi de mes achats les morceaux de poulet. Je n'étais pourtant pas encore tout à fait tranquille. J'avais pleinement conscience du contenu réel de mon assiette et la viande me plaisait de moins en moins. Son goût et sa substance me devenaient presque désagréables. Le sang s'écoulant du bout de chair réchauffé à la poêle commençait à m'indisposer. J'étais par ailleurs de moins en moins à l'aise avec mes propres contradictions : alors que j'emmenais mes chiens chez le vétérinaire au moindre bobo, je fermais les yeux sur la souffrance des animaux d'élevage que je consentais encore à consommer. Mes proches, pour lesquels le végétarisme s'apparentait à cette époque à une secte étrange, me rassuraient en affirmant que les abattoirs n'en étaient plus au temps où l'on massacrait les animaux à la massue. Ils soutenaient que les bêtes étaient aujourd'hui tuées sans douleur. Et, sans chercher beaucoup plus loin, par facilité sans doute, j'acceptais de les croire. Cette assurance d'une "mort paisible" me permettait d'endormir quelque peu ma conscience.
Et puis, une nuit, je suis tombé sur un reportage dans le journal de France 2. Une vidéo tournée clandestinement dans un abattoir. Elle montrait comment les animaux sont traités lorsqu'ils sortent des camions qui les amènent à la mort. On y voyait entre autres une vache vivante suspendue par une patte au moyen de je ne sais plus quel engin, puis lâchée violemment sur le sol quelques mètres plus bas. Elle agonisait ensuite, secouée de spasmes. Une autre, visiblement blessée, ne pouvait pas se tenir debout et était frappée avec un bâton par un salopard en blouse. D'autres scènes similaires témoignaient des souffrances infligées à des bêtes apeurées quelques instants avant leur mort. C'était donc cela, nos abattoirs exemplaires ? C'était cela, la fin de vie des animaux d'élevage ? Mais alors, le reste de leur existence devait être à l'avenant !
Alors que l'écoeurement me gagnait devant ma télé, me revint aussi en tête l'image de ces camions régulièrement croisés sur l'autoroute, remplis de cochons entassés, cherchant un peu d'air à travers les grilles de leur cage roulante. Ces chargements qui m'avaient toujours indisposé, et dont je tentais immédiatement de chasser le souvenir après les avoir dépassés.
Beaucoup d'omnivores deviennent végétariens après avoir été confrontés à une réalité qu'ils découvrent dans un document vidéo. Ces preuves par l'image ont longtemps circulé dans les seuls milieux associatifs, mais Internet permet aujourd'hui davoir un accès facile à des centaines de films qui témoignent de la vérité de l'exploitation animale. Il est de plus en plus difficile d'affirmer : "Je ne pouvais pas le savoir." Aujourd'hui, deux ou trois clics suffisent.
Ce jour-là, devant ma télévision, à cet instant précis, je décidai que plus jamais je ne mangerais de viande. Et si j'avais su plus tôt, si j'avais vu plus tot, j'aurais arrêté plus tôt. Mais, comme un cancer qui nous ronge ou une femme qui nous trompe, a-t-on vraiment envie de savoir ? A-t-on envie de dire adieu à une tranquillité certes illusoire, mais confortable ? (fin du chapitre)

D'autres extraits
Source

Une vie de poule

Pratiquement chaque être humain sur terre a une poule pondeuse qui travaille pour lui, puisque au total on en dénombre 5 milliards (...) La France utilise 46 millions de poules pondeuses par an. Près de 80% d'entre elles sont élevées de manière industrielle, en batterie. Ces poules pondeuses vivent entassées à plusieurs dans ces cages alignées à l'intérieur de hangars qui contiennent jusqu'à 100.000 oiseaux. Dans sa cage de batterie, chaque poule européenne disposait jusqu'en 2012 d'un espace correspondant à une feuille A4 (550cm2). Désormais, elle bénéficie officiellement d'un espace supplémentaire équivalant à... un Post-it ! (...) Les poules vivent dans des conditions de stress et de détresse psychologique et physique qui génèrent de la violence, et même du cannibalisme (...) A cause de cela, il est fréquent qu'on leur coupe le bec (sans anesthésie, bien sûr) avec une lame chauffante peu de temps après leur naissance, ce qui, outre la souffrance immédiate, occasionne une excroissance qui les handicape ensuite pour manger.

Les poules vivent dans le noir (les hangars n'ont pas de fenêtres), mais des lumières électriques sont allumées régulièrement pour stimuler artificiellement la ponte, ce qui permet d'obtenir environ 300 oeufs en une année, soit deux fois plus que les races d'il y a cinquante ans. (...) Au bout d'un an, la poule finit comme bouillon cube, viande pour chiens et chats ou dans des raviolis.

Une industrie sous perfusion

Le marché de la viande tient largement grâce aux subventions. Subventions de l'Europe en premier lieu. L'association L214, qui lutte en France contre les souffrances infligées aux animaux d'élevage, révèle que le montant des aides de l'Union européenne aux productions animales s'élevait en 2009 à plus de 3 milliards d'euros. (...) L'Europe subventionne aussi les campagnes de promotion de la viande : ainsi, en 2008, le Centre d'information des viandes a décroché une aide de près de 900.000 euros sur trois ans. Et puis il y a les subventions nationales. Toujours selon L214, en 2008, la filière cunicole (les élevages de lapins) a bénéficié de 1 million d'euros. En 2009, les producteurs laitiers se sont vu attribuer une aide exceptionnelle de 15.000 euros par exploitation. (...) Selon l'OCDE, la pollution des eaux aux nitrates et aux pesticides coûte entre 1 et 1,5 milliard d'euros à la France chaque année. Payés par le contribuable.

Vive le steak de soja !

Pas de viande = pas de protéines. Voilà une idée reçue qu'il faut démentir une bonne fois pour toutes. D'ailleurs, l'aliment qui fournit le plus de protéines n'est pas d'origine animale : il s'agit du soja. Il en contient environ 40%, soit deux fois plus que la viande (de 15 à 20%). D'autres légumineuses sont des sources importantes de protéines : les haricots secs, les lentilles et les pois chiches (autour de 20%), ou encore l'arachide (près de 30%). En ce qui concerne les céréales, on compte entre 10 et 15% de protéines dans le riz, le blé, l'orge, le millet, le seigle, le sarrasin, l'avoine, le quinoa, le maïs, le Kamut et l'épeautre. On en trouve environ 25% dans le germe de blé (...) Les graines oléagineuses telles que les graines de lin, de sésame, de tournesol et de pavot contiennent environ 20% de protéines. Les épinards, les brocolis ou les algues sont également particulièrement riches en protéines. (...) Dernier argument des ardents défenseurs de la viande : la vitamine B12, qui sert à la formation des globules rouges dans le sang, ne se trouve quasiment pas dans les plantes. Serait-ce enfin la preuve qu'on ne peut se passer de viande ? Eh bien, non. Car la B12 est présente dans le lait et dans les oeufs.

Le mythe de la mort douce

Depuis 1964, la loi française oblige à étourdir les animaux de boucherie avant la saignée, et ce pour deux raisons : réduire la douleur de l'animal au moment de la mise à mort et assurer la sécurité du personnel. L'étourdissement se pratique soit à l'aide d'un matador (un pistolet qui perfore le crâne jusqu'à la cervelle), soit par électronarcose (la tête est plongée dans un bac rempli d'un électrolyte - c'est la méthode utilisée pour les volailles), soit par administration d'une décharge électrique derrière la tête, soit par gazage.

L'étourdissement doit garantir que l'animal est inconscient lorsqu'il est tué. Mais, dans les faits, les choses ne se passent pas toujours ainsi. (...) Fréquemment, le courant utilisé pour l'étourdissement par décharge électrique n'est pas suffisamment fort, ou les pinces sont mal placées sur la tête de l'animal. Il faut donc recommencer l'opération, ce qui occasionne une douleur supplémentaire. Pour l'électronarcose, les volailles sont suspendues par les pattes afin que leur tête soit plongée dans un bain électrifié. Mais, souvent, l'animal relève la tête, échappant à l'anesthésie, ou bien se débat au moment où il est accroché par les pattes : ses ailes touchent alors l'eau électrisée, ce qui lui vaut une violente décharge électrique, sans l'endormir pour autant. Parfois encore, le temps entre l'étourdissement et l'égorgement est trop long et l'animal reprend conscience. L'étourdissement n'est donc pas une garantie de mort tranquille.

"Pourquoi on ne mangera plus de viande"
Entretien avec Aymeric Caron
Propos recueillis par Alexandre Le Drollec
Source

Aymeric Caron publie “No Steak” (Fayard). Le chroniqueur de "On n’est pas couché", lui-même végétarien, prédit l’avènement du végétarisme universel dans un futur proche.

Ecrire "No Steak" semble vous avoir libéré d’un poids.

Ce n’est pas un coming out mais, oui, j’avais des choses à dire sur ce que j’éprouve depuis vingt ans que je suis végétarien. J’ai souvent dû faire face à des sarcasmes à cause de ce régime alimentaire qui, aux yeux de beaucoup, paraît bien particulier. Pendant des années, je n’ai pas souhaité me justifier. Mais quand on est végétarien, on doit forcément expliquer pourquoi. Aujourd’hui, j’en parle très librement.

Comment êtes-vous devenu végétarien ?

Ca s’est fait sur une dizaine d’années. J’ai d’abord réalisé que l’homme avait un problème dans ses rapports avec les animaux : précautionneux avec les animaux de compagnie, tout l’inverse avec les autres. J’ai un temps été bercé par l’illusion que les animaux mangés étaient bien traités. Mais un jour, j’ai vu un reportage sur la réalité des abattoirs. J’ai basculé "dans l’autre monde".

“Le végétarien est chiant”, écrivez-vous. Vous êtes chiant ?

Oui, le végétarien est chiant. Il ennuie tout le monde. Il est celui qui, à table, quand il est invité, créé un problème. Le végétarien est aussi celui qui remet en cause les certitudes des autres. Il force le non-végétarien à s’interroger. Donc il est chiant. Et puis si on ne mange pas de viande, c’est qu’on n’aime pas les plaisirs de la chair. Le végétarien est morne, triste, chiant.

“L’animal est une personne intelligente”, écrivez-vous. C’est une conviction ?

Je m’appuie sur des travaux de scientifiques qui ont étudié le comportement des éléphants, des dauphins ou des rats. Ce sont des faits. Je fais là mon métier de journaliste. Quand j’ai couvert les conflits en Irak ou en Afghanistan, de la même manière, je m’appuyais sur des faits. Ce ne sont pas des convictions sorties de nulle part.

Vous vous défendez de tout prosélytisme. Le parti pris est pourtant là.

J’apporte des informations. Maintenant, le livre s’appelle “No Steak”. Donc, évidemment, le parti pris est d’expliquer pourquoi on ne mangera plus de viande et pourquoi je suis partisan du fait qu’on n’en mange plus. Je l’assume. Ce serait hypocrite de dire le contraire.

Vous avez été grand reporter : en Irak, au Kosovo, en Afghanistan. Le terrain ne vous manque pas ?

Ce sont des terrains qui abiment. On est toujours dans l’intranquillité. Une intranquillité liée à l’endroit d’où l’on revient, et à l’endroit où on va partir. Aujourd’hui, j’ai gagné en sérénité.

Vous avez rejoint “On n’est pas couché” en septembre. Comment vivez-vous votre nouvelle médiatisation ?

Je n’y pense pas vraiment, même si j’ai bien conscience que cette émission a changé quelque chose dans ma vie. Ca a été une chance. “On n’est pas couché” est l’un des rares espaces de liberté pour les journalistes, et pour la pensée en général. On y est moins formatés et plus libres que dans d’autres émissions dites plus journalistiques.

Ca a été facile de trouver le ton juste ?

Je suis arrivé dans une émission qui obéit à une mécanique que tout le monde connait. Natacha Polony avait déjà ses marques, pas moi. J’ai dû essayer de trouver ma place. Il m’a fallu un peu de temps pour comprendre l’émission de l’intérieur. Donc oui, il y a eu des choses à régler et des ajustements à trouver. Au niveau de la rythmique, de la tonalité et du bon moment pour intervenir.

Quels sont vos projets ?

Faire de "No Steak" un documentaire. Avec une équipe, on travaille d’ores et déjà sur un synopsis.

Avec la sortie du livre, le chroniqueur va désormais être chroniqué ?

Et c’est bien normal. Je suis très heureux d’être chroniqué, d’être critiqué même. A partir du moment où mon rôle consiste à proposer une lecture critique du travail des autres, il est tout à fait normal que mon travail soit, lui aussi, soumis au feu des critiques. Je suis prêt à jouer le jeu à 100%. Ca va peut-être permettre à certaines personnes de se défouler. Qu’elles ne s’en privent pas surtout !

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