Christian Laborde : un poète dans l’arène
Parce ce que la protection de l’environnement et de la nature passe également par la défense des animaux, Christian Laborde, dans son pamphlet "Corrida, basta !", cogne le torero et les aficionados, tout en rendant hommage aux majestueux taureaux. Un texte saignant sur un sujet qui l’est tout autant…La sortie de votre livre "Corrida, basta !" a fait l’objet de boycotts de la part de certains médias. Vous attendiez-vous à ces réactions ?Je ne suis ni surpris ni désarçonné. Je sais que la tauromachie est un business et, comme dirait Jacques Brel, "chez ces gens-là, on ne cause pas, monsieur, on compte…". Ils défendent leur fric, protègent leurs liasses, et moi je continue ma route d’écrivain. Et l’on ne boycotte que les écrivains qui font leur métier d’écrivain. Les auteurs inoffensifs n’ont pas de souci avec les censeurs : on les laisse profiter et pulluler.
Pourquoi cet assaut contre la corrida ?Parce que j’aime la beauté, la poésie, la solitude, les taureaux, les ours, la neige, le vent, la vie. Et la corrida pue la mort. Il faut en finir avec ce spectacle cruel qui arrache un animal à la paix paradisiaque des prairies et abaisse l’homme. Je suis contre la corrida parce que j’aime le taureau et parce que j’aime l’homme.
Suite de cet entretien sur le site Néo-Planète.
Corrida, basta ! Christian Laborde, Editions Robert Laffont, 2009, 144 pagesL'avis d'un lecteur, Damien(trouvé sur le site Amazon)"La barbarie de la corrida, Christian l'aborde avec sérieux. Sa plume est acérée, bien que trempée dans l'humour et la poésie. D'ailleurs son livre prend aux tripes et offre des arguments utiles pour décocher des répliques aux êtres imbus des traditions et de l'argent. L'auteur ressort victorieux des arènes, laissant les sanguinaires et la foule insensible dans le décor de la honte."
A lire également, un extrait de 4 pages (format PDF), d'où est tiré cet aperçu :Cher taureau, ils veulent t’éviter l’abattoir et, à cette fin, te font entrer dans l’arène. Mais l’arène, c’est la boucherie. L’organisation est la même qui conduit à la mort par le pistolet ou par l’épée : sélection, élevage intensifs, interminables transports, couloir de la mort et, du côté des hommes la répartition des tâches. Chacun à son poste. Dans l’enceinte de l’abattoir, à celui qui assomme succède celui qui saigne et, à celui qui saigne, celui qui dépèce. Dans les arènes et ses abords, à celui qui scie les cornes à vif succède celui qui pique, à celui qui pique succède celui qui harponne et, à celui qui harponne, celui qui tue. Tu noteras, taureau, une différence : à l’abattoir, on commence par la mort et l’on finit par la boîte de conserve. Dans les arènes, l’on commence par la torture et l’on finit par la mort.
Cher Taureau, je les entends ricaner, railler ce qu’ils nomment ma sensiblerie, mes enfantillages. Ils avaient déjà réagi de la sorte quand je m’étais opposé au massacre de la Vallée d’Aspe, territoire de l’ours que je voulais sauver. Je voulais sauver l’ours que, dans les contes populaires européens, l’on appelle "Grand-père". Ils pouffaient de rire quand ils me voyaient, et m’invitaient à m’occuper, non des bêtes, mais des hommes. Mais ce qui s’abat sur vous, ne tarde pas à s’abattre sur nous mêmes. Je me bats, cher Taureau, pour toi, pour moi. Nous abolirons la corrida. Et, de nouveau, tu règneras.