08 avril 2012

Ces animaux qu'on assassine, de Louis Bériot

Ces animaux qu'on assassine
Trafics, mafias, massacres
de Louis Bériot

En enquêtant au cours des deux dernières années sur la disparition du tigre, Louis Bériot nous apprend que le braconnage et le trafic de ce félin mythique sont l'arbre qui cache la forêt des prédations humaines contre la faune sauvage. Derrière "ces animaux qu'on assassine", c'est la planète tout entière qui est mise à mal, ses forêts, ses océans, ses barrières de corail, ses fleuves, ses lacs...

L'auteur révèle que l'épicentre du trafic se situe en Asie et que les grandes mafias du monde ont désormais supplanté les petits braconniers qui tuaient pour survivre. Leurs pièges rudimentaires ont été remplacés par des guerriers équipés d'hélicoptères, de kalachnikovs et de GPS. Un exemple : il y a dix ans, une demi-douzaine d'éléphants étaient massacrés chaque jour en Afrique pour leur ivoire ; en 2011, ce chiffre dépassait la centaine.

Peu surveillé, diffus, très rémunérateur et rarement sanctionné, le trafic des animaux est maintenant démultiplié par les ventes sur Internet. Il est considéré aujourd'hui par les instances internationales comme la principale activité criminelle devant celle des drogues, des armes et des humains. Dans son enquête à travers le monde, Louis Bériot nous fait découvrir, au cours de l’année 2010, année du Tigre pour les Chinois, l’ampleur de ce trafic, son développement, les nations impliquées et leur impuissance à le combattre. Il révèle aussi le courageux combat de centaines d’ONG pour tenter de le contrer, parfois au péril de la vie de leurs militants.

Tous les pays sont responsables, à commencer par la Chine, épicentre de tous les trafics, suivie de près par l’Asie et l’Amérique du Nord, au nombre des plus vastes marchés dans le monde. Une enquête détaillée, précise, et inquiétante. Selon l’auteur, cette razzia sur la faune menace non seulement des milliers d’espèces, mais aussi les grands équilibres naturels et au bout de la chaîne, l’Homme.

Ces animaux qu'on assassine, Louis Bériot, Editions du Cherche Midi, 2012, 310 pages

A propos de l'auteur

Connu pour ses enquêtes dérangeantes comme "Le bazar de la solidarité" ou "Abus de biens publics", Louis Bériot passe, cette fois, la planète au crible. Il est également l'auteur de nombreux romans, essais et documents, dont plusieurs sur l'écologie. Il est aujourd’hui écrivain, scénariste, et fondateur, à 68 ans, de la nouvelle entreprise "Planète sacrée" dont l’objectif est de promouvoir dans le monde toutes les actions et les innovations en faveur du développement durable.

Pour en savoir plus

- Ce lien où vous pourrez feuilleter le livre
- Les Editions du Cherche Midi
- A écouter : Louis Bériot nous présente son livre sur France Info (2mn25)
- Tristes Afriques, d'Isabelle et Jean-François Lagrot
- A la recherche des animaux insolites en voie de disparition, de Jean-François Lagrot et Isabelle Prouteau
- Animaux menacés, du collectif de scientifiques du WWF
- Animaux en péril, du collectif de scientifiques du WWF
- Espèces en danger ! de Claude-Marie Vadrot
- Espèces en danger, de Willi Dolder et Ursula Dolder-Pippke
- Le naufrage de l'arche de Noé, de Claude Combes et Christophe Guitton
- Le naufrage de Noé, de Diane Ackerman
- Le grand massacre, de François Ramade
- Demain, seuls au monde ? d'Emmanuelle Grundmann
- Ces forêts qu'on assassine, d'Emmanuelle Grundmann
- La peau de l'ours, de Sylvain Auffret et Stéphane Quéré
- Les derniers rhinocéros, de Lawrence Anthony
- L'Adieu au tigre, d'Armand Farrachi
- L'adieu aux bêtes, de Jean-Yves Domalain

Un court extrait

"La souffrance est inhérente à la vie, elle en est inséparable. Et la nature n'est pas tendre avec les animaux sauvages.
Elle est même implacable. Les animaux souffrent de tout, des prédateurs qui ne se soucient pas de savoir si leurs blessures ou leur mort sont ou non intolérables, des blessures ou des maladies qui les font souvent mourir dans des souffrances probablement atroces.
Nous sommes, nous humains, de nouveaux prédateurs dans l'histoire de l'évolution, mais il y a une différence : nous faisons souffrir massivement, et consciemment, des milliards d'êtres vivants, pour les besoins d'une seule espèce.

Nous ne pouvons éluder le fait que nous savons que nous faisons souffrir et que nous pourrions considérablement atténuer les effets de nos actions.
Notre conscience, qui serait ce qui nous différencierait des autres espèces, nous donne des devoirs à l'égard de la vie, de toute vie.
Et cette conscience nous dicte une morale.
Aussi, ce que nous faisons aux animaux, sur tous les plans, aussi bien par les recherches scientifiques et médicales que par les conditions d'élevage, est proprement immoral, et nous n'avons pas l'excuse de ne pouvoir agir autrement."

Un autre extrait en image : L'oeil du tigre
(le mot de l'auteur, qui figure au début de l'ouvrage)



Louis Bériot : "Le trafic de tigres a pris des proportions incroyables"
Un article du site 20 minutes

Interview - Le journaliste a mené une enquête de 18 mois autour du globe sur la piste des trafiquants d'animaux sauvages...

Peaux de tigres, bile d’ours, cornes de rhinocéros… Avec des prix dépassant ceux de la drogue, ces produits causent la perte de milliers d’animaux sauvages chaque année. Victimes de croyances sur les vertus médicinales de leurs organes, ils sont la cible de mafias et de trafics que le journaliste Louis Bériot a pistés pour écrire son ouvrage Ces animaux qu’on assassine. Il porte un regard pessimiste sur l’avenir des espèces menacées et dénonce la cruauté des hommes.


Parmi les espèces victimes de trafic, votre livre évoque essentiellement les tigres. Pourquoi ?

J’étais en Inde quand j’ai rencontré Fateh Singh Rathore, l’homme qui a conseillé à Indira Gandhi de créer des réserves de tigres. A l’époque, l’Inde avait déjà perdu 98% de sa population de tigres. Grâce à ces réserves, les tigres sont revenus mais depuis une dizaine d’années leur nombre régresse à cause du braconnage, devenu le fait de mafias professionnelles. Le trafic de tigres a pris des proportions incroyables, cela m’a interloqué. Le tigre est donc le fil que je tire pour découvrir l’ampleur du trafic et du danger qu’il représente pour la biodiversité.

Pourquoi le trafic des animaux sauvages est-il devenu si important ?

Le problème est simple: le trafic d’armes ou de drogue sont de plus en plus surveillés, tandis que le trafic d’animaux ne l’est quasiment pas. Les petits braconniers se sont mis au service de mafias internationales. Le bureau d’Interpol chargé de ce dossier ne dispose que d’un budget de 500.000 euros par an, et les douaniers font ce qu’ils peuvent. Quand ils arrêtent des trafiquants, les peines de prison ne sont pas suffisantes. Et parallèlement, le commerce de produits issus d’animaux sauvages a explosé avec la vente sur Internet.

Vous évoquez les fermes d’élevage de tigres en Asie. Ce qui semblait être une réponse à la demande de produits issus d’animaux sauvages encouragerait en fait le braconnage, pourquoi ?

C’est du snobisme… Comme pour le saumon chez nous, on se dit qu’il vaut mieux du sauvage que de l’élevage, que c’est plus efficace. Les riches Chinois veulent du tigre sauvage. Les responsables des médecines traditionnelles chinoises ont beau dénoncer cette superstition, personne ne les écoute. D’autre part, "l’éco-tourisme" dans ces réserves habitue les animaux à la présence humaine, ce qui les rend faciles à braconner. L’Inde a déclaré en 2011 qu’elle allait interdire le coeur des réserves à la visite, mais va-t-elle réellement le faire ?

Vous semblez très pessimiste sur l’avenir de la planète et des animaux. On ne peut plus rien faire, selon vous ?

C’est la première fois que je suis si pessimiste. Je rends bien sûr hommage aux associations, j’ai été frappé par leur courage et leur détermination. Ce que l’on peut faire à l’échelle individuelle est de ne plus acheter chinois pour montrer son désaccord avec la manière dont ce pays traite les animaux sauvages. Pour sauver la forêt indonésienne, on peut arrêter d’acheter des produits contenant de l’huile de palme et du papier fabriqué par des entreprises indonésiennes qui déforestent massivement.

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