11 décembre 2010

Demain, seuls au monde ? d'Emmanuelle Grundmann

Demain, seuls au monde ?
L'homme sans la biodiversité

d'Emmanuelle Grundmann


A l’heure où l’homme, émerveillé, prend conscience de la diversité quasi infinie du vivant, il s’aperçoit également, peut-être trop tard, qu’il en est l’ennemi mortel et que, paradoxalement, il ne pourra survivre sans elle.

La sixième extinction de masse est en cours, mais cette fois-ci, le principal responsable de cette hécatombe se nomme homo sapiens. Devenus sédentaires au néolithique, nous avons commencé à modeler la nature suivant nos besoins. En a découlé une prolifération d’espèces nouvelles nées de l’élevage et des pratiques agricoles, et en même temps une destruction de plus en plus intense de l’habitat naturel des espèces sauvages.

Tout s’accéléra aux XIXe et XXe siècles, lorsque surgirent la révolution industrielle, la colonisation, la poussée démographique et pour finir la mondialisation, avec leur maux désormais bien connus : surpopulation, pollution, déforestation, réchauffement climatique, au profit d’une économie devenue l’unique chef d’orchestre de notre existence.

Mais la mort de la nature, c’est la mort de l’Homme : sans les abeilles, qui pollinisera nos fleurs, prémisse indispensable à la production des céréales, fruits et légumes ? Sans les poissons et les crustacés, où des millions d’hommes trouveront-ils les protéines animales nécessaires à leur survie ? Sans les micro-organismes, qui recyclera nos déchets organiques ? Sans les plantes tropicales et le savoir botanique des peuples forestiers, où trouverons-nous les médicaments pour soigner nos maladies ?

Emmanuelle Grundmann, dans cet essai passionnant et passionné, didactique et poétique à la fois, plaide la cause de la biodiversité et nous met en garde : au rythme où nous la détruisons, en 2100 nous serons seuls au monde. Dès lors, c’est notre propre extinction qui sera programmée. Une vieille utopie se muera en cauchemar, sauf si, comprenant enfin la véritable valeur de la biodiversité, nous parvenons à inverser le cours des choses…

Demain, seuls au monde ? Emmanuelle Grundmann, Editions Calmann-Lévy, 2010, 330 pages

A propos de l'auteur

Primatologue, Emmanuelle Grundmann, 34 ans, travaille sur la réintroduction et la protection des grands singes en Afrique et en Asie. Elle contribue régulièrement au magazine Terre sauvage et a écrit plusieurs livres avec le photographe Cyril Ruoso. Elle est par ailleurs présidente de l'institut Jane Goodall France ainsi que de l'association Awely, qui œuvre à réduire les conflits entre hommes et animaux à travers le monde.

Pour en savoir plus

- Le site officiel d'Emmanuelle Grundmann et Cyril Ruoso
- Ces forêts qu'on assassine, d'Emmanuelle Grundmann
- L'homme est un singe comme les autres, d'Emmanuelle Grundmann
- Tristes Afriques, d'Isabelle et Jean-François Lagrot
- Le naufrage de l'arche de Noé, de Claude Combes et Christophe Guitton
- Le naufrage de Noé, de Diane Ackerman

Sommaire

Images de la biodiversité
- Abécédaire de la biodiversité
- Bactérie, souslik et cardons
- L'inventaire sans fin
- Un peu, beaucoup... pas du tout ?
- L'équilibre n'existe pas !

Le grand pillage
- La complainte du pingouin
- Le jour où tout bascula
- La longue, très longue liste rouge
- D'une nature à l'autre, plus vraiment naturelle
- Un pillage en règle
- Quand l'économie dirige la planète

2100 : seuls au monde ?
- Bienvenue dans l'anthropocène
- Une planète fiévreuse
- La biodiversité jetée avec l'eau du bain
- Agro (bio) carburants : le double crime
- Recherche pollinisateurs désespérément
- Enfouis sous les déchets en tout genre
- Seuls au monde... mais à quel prix !

Changer de scenario ?
- Eiders : de l'or au poids plume
- Et si la biodiversité était utile ?

L'avis du site JNE
(Journalistes-écrivains pour la nature et l'écologie)

Bienvenue dans l’anthropocène nous souhaite Emmanuelle Grundmann p.179 après avoir expliqué longuement ce qu’est la biodiversité avec de très belles pages de récits assez personnels de ses découvertes et de ses émerveillement. L’auteur montre ensuite pourquoi la vie se dégrade sur notre planète. Mais comment lutter contre le pouvoir de l’argent ? Saviez-vous que plus d’un tiers des saisies de cocaïnes sont associées à une importation de faune ? Les trafiquants cachent la drogue dans des envois de serpents venimeux, à l’intérieur d’un préservatif dans l’estomac de boas ou encore dans les coquilles d’escargots vivants ! Par ailleurs, inscrire une espèce sur la liste de la CITES peut avoir des effets pervers à savoir faire monter sa cote sur les marchés parallèles. La deuxième partie du livre parle des désastres causés par l’homme : l’assèchement de la mer d’Aral ou la disparition des pollinisateurs. Mais Emmanuelle Grundmann refuse le fatalisme. La dernière partie invite à changer de scénario rappelant en quoi la biodiversité peut être utile. Parmi tous les ouvrages parus pour cette année dédiée, ce livre, très documenté, est à conseiller.

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