Dictionnaire horrifié de la souffrance animale
d'Alexandrine Civard-Racinais
L'avis de Sylvie Cardona du site AVES
Voilà un ouvrage fort bien conçu et, le croirez-vous, non dénué d'humour. C'est qu'il en faut un peu, tout de même, pour supporter vaillamment le catalogue d'horreurs dénoncées par l'auteur.
De A comme Abandon ou Assommage à Z comme Zoophilie en passant par Bastonnade, Hameçon, Piège ou Saignée, chaque lettre de l'alphabet correspond à un ou plusieurs courts articles sur une pratique perpétrée à l'encontre des animaux, sauvages ou domestiques.
Animaux d'élevage, gibier, animaux du cirque... tous ont en commun leur triste sort : ils naissent pour nous nourrir ou nous divertir, endurent une vie plus ou moins longue ponctuée de souffrances et au bout, la délivrance, la mort enfin. Pour les plus chanceux elle intervient rapidement, pour la grosse majorité, il faudra endurer une agonie douloureuse.
Pas bien gai tout ceci, mais nécessaire, ô combien... Car trop nombreux encore sont les simples citoyens qui ignorent la réalité des faits et ce triste constat de notre époque et de nos sociétés : malgré quelques avancées, l'animal est devenu une chose dont on use et on abuse à volonté.
Pour les protecteurs des animaux et les écolos, ce livre n'apportera aucune nouvelle information. Cependant, sa clarté, sa concision, son petit format le rendent lisibles pour tous ceux qui ne sont pas avertis. Inutile de dire que j'encourage chacun à offrir ce livre et le faire acheter par les bibliothèques municipales.
Il est également vraisemblable que la lecture de ce dictionnaire, au même titre que Bidoche, l'ouvrage de Fabrice Nicolino, soit l'élément déclencheur d'un changement de vie radical : je pense évidemment à ceux qui hésitent encore à devenir végétariens... Après ceci, plus d'excuses !
Animaux de laboratoire, poules en batteries, animaux sauvages dans les cirques... Alexandrine Civard-Racinais, ancienne journaliste, vient de publier le Dictionnaire horrifié de la souffrance animale. Elle explique sa démarche à la Fondation 30 Millions d’Amis.
Fondation 30 Millions d’Amis : Pourquoi un tel ouvrage ?
Alexandrine Civard-Racinais : J’ai débuté dans le journalisme avec un sujet consacré à l’expérimentation animale. De fait, je me suis intéressée très tôt à ces questions. 20 ans plus tard, Dominique Lestel (philosophe, spécialiste des interactions homme-animal, NDLR) me confie que la condition des animaux n’a pas évolué depuis Descartes et sa conception de «l’animal-machine». Au XVIIe siècle – comme encore aujourd’hui – on considérait en effet qu’il n’y avait aucune différence entre un chien et une horloge ! Encouragée par mon éditrice, j'ai voulu illustrer cette théorie par des cas concrets.
F30MA : Votre livre met l’accent sur l’ambigüité qui régit les relations entre homme et animal. Quel est l’aspect qui vous a le plus choqué ?
A. C-R. : Je suis particulièrement touchée par le terme d’«animal de rente». Il désigne le bétail que nous élevons et consommons dans une logique industrielle implacable. Pour moi, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un univers carcéral : entassés les uns sur les autres, les animaux suivent un chemin de croix pavé de douleurs et de souffrances. Je ne suis pourtant ni militante, ni végétarienne ! Je ne souhaite pas empêcher les gens de consommer de la viande. Le but du Dictionnaire horrifié de la souffrance animale est de dénoncer ce système de souffrances pour les animaux, mais aussi pour les hommes. Et chacun peut choisir de consommer mieux, c’est-à-dire en tenant compte du bien-être animal. En ne regardant pas ce que l’on achète, comme des œufs portant les numéros 2 et 3, on cautionne l’élevage en batterie. Alors qu’en choisissant mieux (numéro 0 ou 1, NDLR), on plébiscite l’élevage biologique ou en plein air.
F30MA : Pensez-vous que ce livre peut aider à mieux prendre en compte le bien-être animal ?
A. C-R. : En tant qu’ancienne journaliste, je sais que le lien entre information et changement des habitudes résulte d’un processus très long. Pour ma part, je souhaite apporter une modeste contribution à l’amélioration du bien-être des animaux. Aujourd’hui, nous disposons de très nombreux outils pour connaître avec précision ce que nous mangeons. Un citoyen ne peut plus ignorer les dessous de l’élevage industriel. Ce livre recense les violences collectives perpétrées contre les animaux. Et celles-ci sont les conséquences de choix de société. Ce qu’il nous manque, c’est une véritable éthique de la consommation. Les connaissances sur les animaux ont évolué depuis Descartes, mais nos comportements si peu ! Alors tentons de devenir responsables.
d'Alexandrine Civard-Racinais
Alexandrine Civard-Racinais a mené l’enquête, des élevages industriels aux zoos, des laboratoires d’expérimentations aux abattoirs et livre, sans fard ni pathos, la description de ce que subissent aujourd’hui les animaux. Sous la forme d’un petit dictionnaire aux accents ubuesques, on découvre, souvent avec effroi, ce que signifie "fouiller" une truie ou pourquoi les chimpanzés peuvent aussi souffrir de l’Alzheimer, cette maladie exclusivement humaine.
"L’enfer n’existe pas pour les animaux,
ils y sont déjà…"
ils y sont déjà…"
Cette sentence de Victor Hugo ne s’est malheureusement pas démentie en un siècle, loin de là. Sait-on seulement ce qu’on inflige aux animaux pour que nous soyons nourris, divertis, vêtus, soignés ?
De la poule de batterie assignée à résidence sur la surface d’une feuille A4 au sacrifice des animaux de laboratoire, en passant par la fouille manuelle des truies pendant leur mise bas, Alexandrine Civard-Racinais propose une recension de la plupart des violences infligées aux bêtes à poil, à plumes et à écailles pour les besoins de notre alimentation, de notre confort ou de nos loisirs.
Loin d’être anecdotiques, les situations parfois ubuesques présentées ici sont le reflet des choix de notre société. Ce Dictionnaire horrifié se soucie donc, aussi, de nourrir une réflexion citoyenne. Ceux qui souhaitent se comporter en consommateurs informés sauront désormais à quoi s’en tenir. Ceux qui aiment à se cacher derrière leur petit doigt continueront à feindre d’ignorer que la cruauté à l’égard des animaux peut nous accoutumer à la cruauté envers les hommes.
Dictionnaire horrifié de la souffrance animale, Alexandrine Civard-Racinais, Editions Fayard, 2010, 200 pages
A propos de l'auteur
Docteur en sciences de l’information, Alexandrine Civard-Racinais est journaliste et écrivain. Elle est l’auteur de "De Vingt mille lieues sous les mers à SeaOrbiter" (avec Jacques Rougerie) et a codirigé chez Fayard plusieurs volumes de la collection "Aux origines".
Pour en savoir plus
- Des articles de presse
- Les animaux d'élevage ont-ils droit au bien-être ? de Florence Burgat
- Homme et animal : de la douleur à la cruauté, de Thierry Auffret Van der Kemp et Jean-Claude Nouët
L'avant-propos
"Tout animal a droit à l’attention, aux soins et à la protection de l’homme" (art2 §3)
"Nul animal ne sera soumis à des mauvais traitements ni à des actes cruels"(art3)
Déclaration universelle des droits de l’animal, 1977.
"Regardons les choses en face : nous avons une vie de labeur, une vie de misère, une vie trop brève. Une fois au monde, il nous est tout juste donné de quoi survivre, et ceux d’entre nous qui ont la force voulue sont astreints au travail jusqu’à ce qu’ils rendent l’âme.
Et dans l’instant que nous cessons d’être utiles, voici qu’on nous égorge avec une cruauté inqualifiable. Passé notre première année sur cette terre, il n’y a pas un seul animal qui entrevoie ce que signifient des mots comme loisir ou bonheur. Et quand le malheur l’accable, ou la servitude, pas un animal qui soit libre. Telle est la simple vérité."
George Orwell, La ferme des animaux.
Je ne suis pas une passionaria de la cause animale ni une de ces végétariennes prosélytes que certains se plaisent à caricaturer. En tant que "deuxpattes", comme George Orwell appelait les humains dans "La ferme des animaux", je mange de la viande sans faire pour autant l’apologie du carnivore. En revanche, je ne veux ni ne peux cautionner de quelque manière que ce soit l’élevage industriel et la façon dont les animaux dits de rente vivent et meurent aujourd’hui.
L’élevage hors-sol tel qu’on le pratique en France est en effet la principale cause des souffrances infligées aux bêtes, dont cet ouvrage propose la recension (sans viser à l’exhaustivité tant celles-ci sont variées et à géographie variable).
L’expérimentation animale n’est pas en reste, bien que des progrès aient été réalisés ces dernières années - aux échelles nationale et européenne - afin de limiter le nombre d’animaux "utilisés" et d’encourager le développement de méthodes substitutives.
Certaines de nos activités de loisirs - chasse, pêche, spectacles de cirque, visites de zoos… - ne sont pas neutres. Sources de plaisir pour les uns, elles génèrent des douleurs ou des souffrances, parfois aiguës, pour les autres.
Les quelques situations détaillées dans ce "Dictionnaire horrifié de la souffrance animale" en disent long sur les choix et les errements de notre société, sur nos relations avec les animaux domestiques ou notre rapport à la nature. Loin de tout discours moralisateur, mon propos est de nourrir - mieux encore qu’un bifteck ne saurait le faire - votre réflexion, voire votre action.
Il me faut remercier les associations de protection animale qui oeuvrent au quotidien pour porter à la connaissance du public les dysfonctionnements, errements, violences dont les bêtes à poil, à plumes et à écailles font chaque jour les frais. Car les faits sont là - attestés par de nombreux organismes ou organisations peu suspects de sensiblerie exacerbée comme l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) ou l’Académie vétérinaire de France - et les faits sont têtus.
Bien sûr, on trouvera toujours quelques esprits chagrins pour objecter que les nobles causes à embrasser en priorité sont nombreuses (la faim dans le monde, la lutte contre le sida ou les maladies infantiles, les femmes battues, les enfants abandonnés, les recherches de solution pour pallier le réchauffement climatique…). Certes. Mais, encore une fois, il s’agit moins de défendre une cause que d’ouvrir les yeux sur une réalité perturbante.
Car l’indifférence tue, et ceux qui souhaitent se comporter en consommateurs avisés, voire en citoyens soucieux du bien-être animal, sauront au moins à quoi s’en tenir. Ceux qui veulent se cacher derrière leur petit doigt continueront de feindre d’ignorer que, comme l’écrit J.M. Coetzee, "la cruauté envers les animaux peut nous accoutumer à la cruauté envers les hommes".
- Ceux qui ont faim de tels arguments liront avec profit l’ouvrage mordant de Dominique Lestel, Apologie du carnivore, à paraître en 2011 chez Fayard.
De la poule de batterie assignée à résidence sur la surface d’une feuille A4 au sacrifice des animaux de laboratoire, en passant par la fouille manuelle des truies pendant leur mise bas, Alexandrine Civard-Racinais propose une recension de la plupart des violences infligées aux bêtes à poil, à plumes et à écailles pour les besoins de notre alimentation, de notre confort ou de nos loisirs.
Loin d’être anecdotiques, les situations parfois ubuesques présentées ici sont le reflet des choix de notre société. Ce Dictionnaire horrifié se soucie donc, aussi, de nourrir une réflexion citoyenne. Ceux qui souhaitent se comporter en consommateurs informés sauront désormais à quoi s’en tenir. Ceux qui aiment à se cacher derrière leur petit doigt continueront à feindre d’ignorer que la cruauté à l’égard des animaux peut nous accoutumer à la cruauté envers les hommes.
Dictionnaire horrifié de la souffrance animale, Alexandrine Civard-Racinais, Editions Fayard, 2010, 200 pages
A propos de l'auteur
Docteur en sciences de l’information, Alexandrine Civard-Racinais est journaliste et écrivain. Elle est l’auteur de "De Vingt mille lieues sous les mers à SeaOrbiter" (avec Jacques Rougerie) et a codirigé chez Fayard plusieurs volumes de la collection "Aux origines".
Pour en savoir plus
- Des articles de presse
- Les animaux d'élevage ont-ils droit au bien-être ? de Florence Burgat
- Homme et animal : de la douleur à la cruauté, de Thierry Auffret Van der Kemp et Jean-Claude Nouët
L'avant-propos
"Tout animal a droit à l’attention, aux soins et à la protection de l’homme" (art2 §3)
"Nul animal ne sera soumis à des mauvais traitements ni à des actes cruels"(art3)
Déclaration universelle des droits de l’animal, 1977.
"Regardons les choses en face : nous avons une vie de labeur, une vie de misère, une vie trop brève. Une fois au monde, il nous est tout juste donné de quoi survivre, et ceux d’entre nous qui ont la force voulue sont astreints au travail jusqu’à ce qu’ils rendent l’âme.
Et dans l’instant que nous cessons d’être utiles, voici qu’on nous égorge avec une cruauté inqualifiable. Passé notre première année sur cette terre, il n’y a pas un seul animal qui entrevoie ce que signifient des mots comme loisir ou bonheur. Et quand le malheur l’accable, ou la servitude, pas un animal qui soit libre. Telle est la simple vérité."
George Orwell, La ferme des animaux.
Je ne suis pas une passionaria de la cause animale ni une de ces végétariennes prosélytes que certains se plaisent à caricaturer. En tant que "deuxpattes", comme George Orwell appelait les humains dans "La ferme des animaux", je mange de la viande sans faire pour autant l’apologie du carnivore. En revanche, je ne veux ni ne peux cautionner de quelque manière que ce soit l’élevage industriel et la façon dont les animaux dits de rente vivent et meurent aujourd’hui.
L’élevage hors-sol tel qu’on le pratique en France est en effet la principale cause des souffrances infligées aux bêtes, dont cet ouvrage propose la recension (sans viser à l’exhaustivité tant celles-ci sont variées et à géographie variable).
L’expérimentation animale n’est pas en reste, bien que des progrès aient été réalisés ces dernières années - aux échelles nationale et européenne - afin de limiter le nombre d’animaux "utilisés" et d’encourager le développement de méthodes substitutives.
Certaines de nos activités de loisirs - chasse, pêche, spectacles de cirque, visites de zoos… - ne sont pas neutres. Sources de plaisir pour les uns, elles génèrent des douleurs ou des souffrances, parfois aiguës, pour les autres.
Les quelques situations détaillées dans ce "Dictionnaire horrifié de la souffrance animale" en disent long sur les choix et les errements de notre société, sur nos relations avec les animaux domestiques ou notre rapport à la nature. Loin de tout discours moralisateur, mon propos est de nourrir - mieux encore qu’un bifteck ne saurait le faire - votre réflexion, voire votre action.
Il me faut remercier les associations de protection animale qui oeuvrent au quotidien pour porter à la connaissance du public les dysfonctionnements, errements, violences dont les bêtes à poil, à plumes et à écailles font chaque jour les frais. Car les faits sont là - attestés par de nombreux organismes ou organisations peu suspects de sensiblerie exacerbée comme l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) ou l’Académie vétérinaire de France - et les faits sont têtus.
Bien sûr, on trouvera toujours quelques esprits chagrins pour objecter que les nobles causes à embrasser en priorité sont nombreuses (la faim dans le monde, la lutte contre le sida ou les maladies infantiles, les femmes battues, les enfants abandonnés, les recherches de solution pour pallier le réchauffement climatique…). Certes. Mais, encore une fois, il s’agit moins de défendre une cause que d’ouvrir les yeux sur une réalité perturbante.
Car l’indifférence tue, et ceux qui souhaitent se comporter en consommateurs avisés, voire en citoyens soucieux du bien-être animal, sauront au moins à quoi s’en tenir. Ceux qui veulent se cacher derrière leur petit doigt continueront de feindre d’ignorer que, comme l’écrit J.M. Coetzee, "la cruauté envers les animaux peut nous accoutumer à la cruauté envers les hommes".
- Ceux qui ont faim de tels arguments liront avec profit l’ouvrage mordant de Dominique Lestel, Apologie du carnivore, à paraître en 2011 chez Fayard.
- Je tiens à remercier la LFDA (Fondation Droit animal, éthique et sciences), et tout particulièrement Thierry Auffret Van Der Kemp et Georges Chapouthier pour la relecture attentive de certains passages et leurs précieux conseils. Merci également aux professeurs Alain Collenot (LFDA) et Jean-François Courreau (ENVA – École nationale vétérinaire d’Alfort), à Daniel Jacob (AVES – Association de protection des espèces menacées), à Aurélia Warin-Ramette et Cédric Kuc-Blaising (PMAF – Protection mondiale des animaux de ferme), à Jocelyne Porcher (Inra), à Hélène Leriche (Fondation Nicolas Hulot) et à Jean-Paul Richier pour leur aide et/ou leur soutien.
L'avis de Sylvie Cardona du site AVES
Voilà un ouvrage fort bien conçu et, le croirez-vous, non dénué d'humour. C'est qu'il en faut un peu, tout de même, pour supporter vaillamment le catalogue d'horreurs dénoncées par l'auteur.
De A comme Abandon ou Assommage à Z comme Zoophilie en passant par Bastonnade, Hameçon, Piège ou Saignée, chaque lettre de l'alphabet correspond à un ou plusieurs courts articles sur une pratique perpétrée à l'encontre des animaux, sauvages ou domestiques.
Animaux d'élevage, gibier, animaux du cirque... tous ont en commun leur triste sort : ils naissent pour nous nourrir ou nous divertir, endurent une vie plus ou moins longue ponctuée de souffrances et au bout, la délivrance, la mort enfin. Pour les plus chanceux elle intervient rapidement, pour la grosse majorité, il faudra endurer une agonie douloureuse.
Pas bien gai tout ceci, mais nécessaire, ô combien... Car trop nombreux encore sont les simples citoyens qui ignorent la réalité des faits et ce triste constat de notre époque et de nos sociétés : malgré quelques avancées, l'animal est devenu une chose dont on use et on abuse à volonté.
Pour les protecteurs des animaux et les écolos, ce livre n'apportera aucune nouvelle information. Cependant, sa clarté, sa concision, son petit format le rendent lisibles pour tous ceux qui ne sont pas avertis. Inutile de dire que j'encourage chacun à offrir ce livre et le faire acheter par les bibliothèques municipales.
Il est également vraisemblable que la lecture de ce dictionnaire, au même titre que Bidoche, l'ouvrage de Fabrice Nicolino, soit l'élément déclencheur d'un changement de vie radical : je pense évidemment à ceux qui hésitent encore à devenir végétariens... Après ceci, plus d'excuses !
Animaux de laboratoire, poules en batteries, animaux sauvages dans les cirques... Alexandrine Civard-Racinais, ancienne journaliste, vient de publier le Dictionnaire horrifié de la souffrance animale. Elle explique sa démarche à la Fondation 30 Millions d’Amis.
Fondation 30 Millions d’Amis : Pourquoi un tel ouvrage ?
Alexandrine Civard-Racinais : J’ai débuté dans le journalisme avec un sujet consacré à l’expérimentation animale. De fait, je me suis intéressée très tôt à ces questions. 20 ans plus tard, Dominique Lestel (philosophe, spécialiste des interactions homme-animal, NDLR) me confie que la condition des animaux n’a pas évolué depuis Descartes et sa conception de «l’animal-machine». Au XVIIe siècle – comme encore aujourd’hui – on considérait en effet qu’il n’y avait aucune différence entre un chien et une horloge ! Encouragée par mon éditrice, j'ai voulu illustrer cette théorie par des cas concrets.
F30MA : Votre livre met l’accent sur l’ambigüité qui régit les relations entre homme et animal. Quel est l’aspect qui vous a le plus choqué ?
A. C-R. : Je suis particulièrement touchée par le terme d’«animal de rente». Il désigne le bétail que nous élevons et consommons dans une logique industrielle implacable. Pour moi, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un univers carcéral : entassés les uns sur les autres, les animaux suivent un chemin de croix pavé de douleurs et de souffrances. Je ne suis pourtant ni militante, ni végétarienne ! Je ne souhaite pas empêcher les gens de consommer de la viande. Le but du Dictionnaire horrifié de la souffrance animale est de dénoncer ce système de souffrances pour les animaux, mais aussi pour les hommes. Et chacun peut choisir de consommer mieux, c’est-à-dire en tenant compte du bien-être animal. En ne regardant pas ce que l’on achète, comme des œufs portant les numéros 2 et 3, on cautionne l’élevage en batterie. Alors qu’en choisissant mieux (numéro 0 ou 1, NDLR), on plébiscite l’élevage biologique ou en plein air.
F30MA : Pensez-vous que ce livre peut aider à mieux prendre en compte le bien-être animal ?
A. C-R. : En tant qu’ancienne journaliste, je sais que le lien entre information et changement des habitudes résulte d’un processus très long. Pour ma part, je souhaite apporter une modeste contribution à l’amélioration du bien-être des animaux. Aujourd’hui, nous disposons de très nombreux outils pour connaître avec précision ce que nous mangeons. Un citoyen ne peut plus ignorer les dessous de l’élevage industriel. Ce livre recense les violences collectives perpétrées contre les animaux. Et celles-ci sont les conséquences de choix de société. Ce qu’il nous manque, c’est une véritable éthique de la consommation. Les connaissances sur les animaux ont évolué depuis Descartes, mais nos comportements si peu ! Alors tentons de devenir responsables.
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