Gorilles orphelins
de Despina Chronopoulos
de Despina Chronopoulos
"Enfant déjà, ma passion pour la forêt vierge était une obsession. A dix ans, mes parents musiciens m’ont emmenée au Kenya. J’ai compris alors que ma vie était là, en Afrique. De retour en Autriche, mon pays natal, je me désespérais. A quatorze ans, j’ai craqué : j’ai volé de l’argent à mes parents et je me suis envolée pour Nairobi. Interpol m’a retrouvée. Trois jours plus tard. Retour à la case départ... Sauf que la gloire m’est tombée dessus, à l’improviste. Une fable, Le Secret de la chauve-souris blanche, que j’avais écrite en catimini, est devenue un best-seller. Je suis devenue un phénomène littéraire. La réalité m’a rattrapée. J’ai épousé un Français et je suis rentrée dans le moule. Je me suis installée à Paris, j’ai travaillé. J’étais heureuse - le jour. La nuit, c’était autre chose : je me réveillais en pleurs, avec une pensée lancinante : "Tu t’es trahie". Un documentaire télé sur les gorilles m’a fait l’effet d’un électrochoc. J’ai décidé de tout larguer, Paris, mon job, mon mari, pour le reportage animalier. John Aspinall, un milliardaire anglais, m’a confié un projet : la réintroduction de gorilles orphelins dans leur milieu naturel, au Congo. Pendant quatre ans, ce fut le bonheur. Je me suis réconciliée avec la petite fille que j’étais. Mais la guerre civile nous a rattrapés et nous a plongés, les gorilles et moi, dans le cauchemar..."
C’est le récit de cette incroyable aventure que nous livre ici Despina Chronopoulos, depuis son enfance peuplée de rêves d’Afrique, jusqu’au projet de réintroduction de gorilles orphelins dans la réserve de Léfini, au Congo - projet que la guerre viendra interrompre, hélas, alors que le succès était à portée de main. Despina Chronopoulos n’est pas une scientifique ; mais la perception et la compréhension intuitive qu’elle a de ces animaux attachants, sensibles et émouvants que sont les gorilles dépasse souvent de loin ce que peut nous offrir la pure "objectivité" de la science. Au Congo, les gorilles sont pourchassés, massacrés, découpés en morceaux, leurs os réduits en poudre et utilisés en tant que gris-gris, et leurs mains séchées vendues aux touristes comme cendriers ! Dans ces pages, Despina Chronopoulos se fait le porte-parole de cette espèce mise en danger par la cupidité humaine, au nom de Kola, de Bangha, de Kongho et de tous les autres gorilles orphelins de la forêt vierge...
Gorilles orphelins, Despina Chronopoulos, Editions Robert Laffont, 2000, 476 pages
A propos de l'auteur
Despina Chronopoulos est née en Grèce, a été élevée en Autriche, et fait des études de lettres à Paris. Devenue spécialiste de la protection des espèces menacées, elle vit aujourd’hui à Paris en attendant de retourner bientôt en Afrique.
Voir également
- Gorilles dans la brume, de Dian Fossey
- Dian Fossey au pays des gorilles, de Farley Mowat
- Gorilles : Les survivants des Birunga, de George Schaller
- Au secours des gorilles, de Fabrice Martinez
- D'autres livres sur le thème des gorilles
- Le documentaire Conversations avec Koko le gorille
- Les documentaires Un gorille dans la famille / Deux gorilles à la maison
C’est le récit de cette incroyable aventure que nous livre ici Despina Chronopoulos, depuis son enfance peuplée de rêves d’Afrique, jusqu’au projet de réintroduction de gorilles orphelins dans la réserve de Léfini, au Congo - projet que la guerre viendra interrompre, hélas, alors que le succès était à portée de main. Despina Chronopoulos n’est pas une scientifique ; mais la perception et la compréhension intuitive qu’elle a de ces animaux attachants, sensibles et émouvants que sont les gorilles dépasse souvent de loin ce que peut nous offrir la pure "objectivité" de la science. Au Congo, les gorilles sont pourchassés, massacrés, découpés en morceaux, leurs os réduits en poudre et utilisés en tant que gris-gris, et leurs mains séchées vendues aux touristes comme cendriers ! Dans ces pages, Despina Chronopoulos se fait le porte-parole de cette espèce mise en danger par la cupidité humaine, au nom de Kola, de Bangha, de Kongho et de tous les autres gorilles orphelins de la forêt vierge...
Gorilles orphelins, Despina Chronopoulos, Editions Robert Laffont, 2000, 476 pages
A propos de l'auteur
Despina Chronopoulos est née en Grèce, a été élevée en Autriche, et fait des études de lettres à Paris. Devenue spécialiste de la protection des espèces menacées, elle vit aujourd’hui à Paris en attendant de retourner bientôt en Afrique.
Voir également
- Gorilles dans la brume, de Dian Fossey
- Dian Fossey au pays des gorilles, de Farley Mowat
- Gorilles : Les survivants des Birunga, de George Schaller
- Au secours des gorilles, de Fabrice Martinez
- D'autres livres sur le thème des gorilles
- Le documentaire Conversations avec Koko le gorille
- Les documentaires Un gorille dans la famille / Deux gorilles à la maison
Deux photos extraites de l'édition de poche
La préface du livre
par Despina Chronopoulos
par Despina Chronopoulos
Avant tout, ce récit se veut simple. Durant mon séjour en Afrique, je sentais à quel point les événements que je vivais étaient extraordinaires et je souhaitais les partager. Ainsi, j'ai commencé à écrire, chaque soir, ce qui se passait sur tous les plans : les déboires d'un projet pionnier dans un contexte africain, puis dans la guerre, mais surtout la plongée progressive dans l'univers mental des personnages inhabituels qui m'entouraient : les gorilles.
A mon sens, ces gorilles avaient grand besoin d'un intermédiaire simple, sans a priori, et qui ne les verrait pas à travers le prisme d'une discipline donnée. Car, contrainte par obligation et rigueur à ne communiquer que des résultats mesurables, la science s'est laissé orienter mais aussi limiter dans le domaine de l'observation animale : elle nous apporte, certes, des observations et des informations précieuses ; toutefois, la peur de l'anthropomorphisme, qui s'est amplifiée au cours de l'histoire des hommes, fait qu'une part importante de l'observation animale a été laissée de côté. Longtemps, tout scientifique qui osait évoquer l'existence de sentiments ou de conscience chez les animaux était honni d'emblée ! On ne s'aventure pas impunément hors des méthodes admises et des problèmes définissables.
Or, ce hiatus qui au départ n'est qu'un choix de méthode conduit à une équivoque pour le grand public : si on n'y touche pas, c'est que forcément il n'y a rien !
Du coup, en tant qu'humains, nous nous sommes condamnés à une triste solitude et nous risquons des malentendus fondamentaux entre nous et nos corésidents de la planète, les animaux. A quoi ressemblerait l'homme s'il était observé et décrit seulement à travers une discipline scientifique unique ?
Lorsque l'on passe dix heures par jour parmi les gorilles et que l'on doit assumer en outre un rôle éducatif destiné à encourager leur indépendance et à préparer leur retour à la nature, on obtient une vision spécifique de la vie de ces primates. Cette proximité permanente avec les gorilles m'a permis d'affûter ma perception de leurs besoins et de comprendre leurs règles sociales. Par une observation intense des expressions du visage, des postures, des vocalisations et des actions, j'ai appris à distinguer chez un gorille la suspicion, le soulagement, la confiance ou la colère, l'agressivité ou la tendresse. Au fil du temps, ces signes sont devenus pour moi aussi clairs que chez un humain.
Précisément parce qu'ils n'étaient pas sauvages, ces gorilles m'ont permis de porter un regard intime sur leur univers. J'espère que le message qu'ils m'ont transmis aidera à améliorer encore plus dans l'esprit du public l'image déjà existante de ces animaux et à susciter davantage de compréhension pour cette espèce magnifique.
J'ai décidé de décrire les gorilles comme je les ai perçus au cours des années. Pour faire mon travail, je n'ai eu à me conformer qu'aux gorilles eux-mêmes, mes observations et ma compréhension étant orientées par les résultats quotidiens obtenus avec ces animaux. Pour communiquer, j'ai dû m'adapter à leur système et à leur rythme. Le simple fait que cet échange ait fonctionné, qu'il ait évolué quotidiennement, démontre son existence.
La guerre civile au Congo a interrompu mon travail. L'introduction de ces gorilles et leur survie sont maintenant essentiellement aux mains des Congolais.
Il ne me reste plus qu'à servir de témoin, d'historienne de ma propre histoire et de la leur. et, à traxers mes expériences, à tenter de décrire mes gorilles orphelins : Kola le baptiste, Titi le macho, Mabinda le diplomate, Yambo le lunatique, Djembo la chipie, Massissa le respectable, Kabo le rêveur et tous les autres...
Despina Chronopoulos,
Paris, juillet 2000.
A mon sens, ces gorilles avaient grand besoin d'un intermédiaire simple, sans a priori, et qui ne les verrait pas à travers le prisme d'une discipline donnée. Car, contrainte par obligation et rigueur à ne communiquer que des résultats mesurables, la science s'est laissé orienter mais aussi limiter dans le domaine de l'observation animale : elle nous apporte, certes, des observations et des informations précieuses ; toutefois, la peur de l'anthropomorphisme, qui s'est amplifiée au cours de l'histoire des hommes, fait qu'une part importante de l'observation animale a été laissée de côté. Longtemps, tout scientifique qui osait évoquer l'existence de sentiments ou de conscience chez les animaux était honni d'emblée ! On ne s'aventure pas impunément hors des méthodes admises et des problèmes définissables.
Or, ce hiatus qui au départ n'est qu'un choix de méthode conduit à une équivoque pour le grand public : si on n'y touche pas, c'est que forcément il n'y a rien !
Du coup, en tant qu'humains, nous nous sommes condamnés à une triste solitude et nous risquons des malentendus fondamentaux entre nous et nos corésidents de la planète, les animaux. A quoi ressemblerait l'homme s'il était observé et décrit seulement à travers une discipline scientifique unique ?
Lorsque l'on passe dix heures par jour parmi les gorilles et que l'on doit assumer en outre un rôle éducatif destiné à encourager leur indépendance et à préparer leur retour à la nature, on obtient une vision spécifique de la vie de ces primates. Cette proximité permanente avec les gorilles m'a permis d'affûter ma perception de leurs besoins et de comprendre leurs règles sociales. Par une observation intense des expressions du visage, des postures, des vocalisations et des actions, j'ai appris à distinguer chez un gorille la suspicion, le soulagement, la confiance ou la colère, l'agressivité ou la tendresse. Au fil du temps, ces signes sont devenus pour moi aussi clairs que chez un humain.
Précisément parce qu'ils n'étaient pas sauvages, ces gorilles m'ont permis de porter un regard intime sur leur univers. J'espère que le message qu'ils m'ont transmis aidera à améliorer encore plus dans l'esprit du public l'image déjà existante de ces animaux et à susciter davantage de compréhension pour cette espèce magnifique.
J'ai décidé de décrire les gorilles comme je les ai perçus au cours des années. Pour faire mon travail, je n'ai eu à me conformer qu'aux gorilles eux-mêmes, mes observations et ma compréhension étant orientées par les résultats quotidiens obtenus avec ces animaux. Pour communiquer, j'ai dû m'adapter à leur système et à leur rythme. Le simple fait que cet échange ait fonctionné, qu'il ait évolué quotidiennement, démontre son existence.
La guerre civile au Congo a interrompu mon travail. L'introduction de ces gorilles et leur survie sont maintenant essentiellement aux mains des Congolais.
Il ne me reste plus qu'à servir de témoin, d'historienne de ma propre histoire et de la leur. et, à traxers mes expériences, à tenter de décrire mes gorilles orphelins : Kola le baptiste, Titi le macho, Mabinda le diplomate, Yambo le lunatique, Djembo la chipie, Massissa le respectable, Kabo le rêveur et tous les autres...
Despina Chronopoulos,
Paris, juillet 2000.