23 février 2013

Violences sur les animaux et les humains : Le lien, sous la direction d'Andrew Linzey

Violences sur les animaux et les humains :
Le lien
sous la direction d'Andrew Linzey
traduction de Marc Rozenbaum

Mise à jour : Ajout du sommaire et des extraits

Sous la direction du célèbre Andrew Linzey, c’est une approche inédite de la violence qui nous est livrée, au travers d’une série de publications qui confirment le lien entre maltraitance animale et violence envers les personnes. Une approche aussi avant-gardiste que prometteuse !

Enthousiasmée par les conclusions de la conférence internationale organisée en 2007 à Oxford sous l’égide d’Andrew Linzey, One Voice a choisi de publier la traduction française du livre : "Violences sur les animaux et les humains : Le lien" qui regroupe notamment les différents articles préparés pour l’occasion.

Pour la première fois, c’est un collectif de professionnels d’horizons multiples (droit, sciences humaines, psychologie…) qui s’est penché, ensemble, sur la problématique du cycle de la violence au sein des familles et sur le lien existant entre maltraitance des animaux et violence envers les personnes.

A travers cet ouvrage, on découvre ainsi que les animaux sont souvent chronologiquement les premières victimes d’actes violents, et que la violence s’apprend et se développe sur le modèle familial. Le cycle de la violence s’accélère conjointement à une banalisation de la souffrance et à une perte grandissante de la capacité d’empathie. Mais ce modèle, qui illustre sans condescendance les cas de violence extrême et illégale, reste valide et pertinent lorsqu’il décrit la violence banalisée et légale cette fois qui fait partie du quotidien de nos sociétés. Il ouvre ainsi des pistes de réflexion quant à une évolution de nos modes de vie et de notre rapport à l’animal, et plébiscite en particulier la collaboration des organismes de lutte contre la maltraitance des personnes avec ceux de protection animale.

Muriel Arnal déclare : "Enfin un groupe d’experts démontre qu’il n’y a pas de justification valable à distinguer la violence qui s’exerce sur les animaux de celle qui est perpétrée contre des personnes ! Cet ouvrage a le potentiel pour bouleverser notre regard sur la société. C’est un fabuleux outil pour tous les professionnels concernés par ce débat. Le choix de le publier en français était une évidence tant sa thématique est en résonnance avec notre positionnement. Il est temps de déconditionner les esprits pour tendre vers une éthique globale au bénéfice de chacun !"

Violences sur les animaux et les humains : Le lien, Collectif sous la direction d'Andrew Linzey, Traduction de Marc Rozenbaum, Editions One Voice, 2012, 440 pages

A propos de l'auteur

Andrew Linzey est un prêtre anglican, membre de la faculté de théologie de l’université d’Oxford et directeur fondateur du Oxford Center for Animal Ethics. Il est également professeur honoraire à l’université de Manchester. Il a occupé à Oxford le premier poste académique au monde en théologie et bien-être animal. Entre autres fonctions, il a aussi occupé le poste de professeur honoraire à l’université de Birmingham de 1996 à 2007. Il est l’auteur d’un grand nombre d’articles et d’ouvrages sur la théologie et l’éthique, traduits pour la plupart dans de nombreuses langues. En 2006, il figurait sur la liste des 50 personnes oeuvrant pour un monde meilleur, établie par le journal The Independent.

A propos de One Voice

One Voice est une association Loi 1908 qui cultive son indépendance politique, religieuse et financière comme garantie de sa liberté de parole et d’action. Elle mène, depuis 1995, une lutte non violente pour les droits des animaux et le respect de toute vie perpétuant ainsi la vision du Tout et de l’unité des combats chère à son célèbre parrain, Théodore Monod. L’association est le représentant pour la France de la Coalition européenne pour la fin de l’expérimentation animale.

Pour en savoir plus

- Le site One Voice
- Sa boutique où vous pourrez acheter le livre
- La note de lecture d'Estiva Reus
- Théologie animale, d'Andrew Linzey
- Un éternel Treblinka, de Charles Patterson

La présentation du livre
Source

Mai 2012. Maltraitance des animaux et violence à l’égard des personnes sont liées. Le doute n’est plus permis à l’issue de la lecture de ce passionnant ouvrage collectif, qui met en commun le travail de professionnels du monde entier… Une initiative saluée par One Voice qui a décidé de le publier en français.

Une conférence internationale à l’origine du projet


En 2007, sous les auspices de l’Oxford Centre for Animal Ethics à Keble College de l’université d’Oxford, se tenait la première conférence internationale sur les liens entre maltraitance animale et violence envers les personnes. Ce projet a enthousiasmé One Voice qui a placé depuis longtemps l’unicité des combats au coeur de sa ligne d’actions. Enfin ! Il existe un collectif de professionnels ayant compris l’importance de lier problématiques humaines et animales dans le cadre de la lutte contre les maltraitances. Ce projet avant-gardiste a permis la réalisation de nombres d’articles passionnants, regroupés dans "Les animaux et les humains - Le lien". Leurs auteurs sont des spécialistes du monde entier, dans des disciplines aussi variées que la philosophie, la psychologie, la criminologie, les sciences politiques, la littérature, l’éthique, le droit, l’anthropologie, la sociologie et d’autres encore… La direction de l’ouvrage a été confiée à Andrew Linzey, directeur de l’Oxford Centre for Animal Ethics et membre de la faculté de théologie de l’université d’Oxford, auteur de nombreux ouvrages dont Théologie animale (paru aux éditions One Voice en 2010).

Une seule violence

Le lien qui est mis en évidence est fondamental et de nature à bouleverser bien des pratiques. Il n’y a pas des "violences" mais "une" violence, celle qui est perpétrée contre les individus - humains ou animaux - en état de faiblesse, physique ou psychologique. Et la fameuse formule qui énonce que la violence engendre la violence, prend tout son sens. Car les victimes de violence sont plus enclines à en devenir elles-mêmes auteurs… Le lien entre maltraitance animale et cruauté des enfants, violence domestique, maltraitance des enfants et maltraitance des personnes âgées devient tangible. La nécessité de s’affranchir d’une distinction légale de la nature - humaine ou animale - de la victime devient une évidence.

La violence est sans discernement

Plusieurs études s’accordent ainsi à dire que lorsqu’il y a maltraitance animale au sein d’un foyer, les personnes sont également exposées à un risque. Les chercheurs considèrent en effet que la violence s’exerce le plus souvent d’abord envers les animaux, ce qui contribue à insensibiliser son auteur à la souffrance. Puis les victimes deviennent bourreaux comme l’illustrent trop d’exemples d’enfants et d’adolescents ayant pris part à des tueries. C’était le cas par exemple de Mary Bell, cette fillette de 11 ans qui a tué deux garçons de 3 et 4 ans. Elle était particulièrement violente et étranglait des chats et des oiseaux… Sa mère abusait d’elle, avait essayé de la tuer à 4 reprises et l’avait prostituée dans un contexte sadomasochiste.

Une collaboration pertinente

Preuve sans doute de la pertinence et du potentiel de la mise en évidence de ce lien, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, les services de protection de l’enfance et de protection animale commencent enfin à travailler ensemble. Le Links Group, à l’origine de la conférence, est une organisation qui, depuis 2001, oeuvre à mieux faire comprendre les liens entre maltraitance d’enfant, maltraitance animale et violence familiale et gère le soutien d’organisations caritatives dans les domaines de l’humanitaire et de la protection des animaux. Mais la mise en commun des objectifs de ce type d’organisations est encore trop souvent inaccessible, comme s’il fallait établir une graduation de la violence qui dès lors qu’elle concernerait des humains imposerait de se désintéresser de la cause animale. Or c’est précisément l’inverse car résoudre la problématique animale est susceptible d’apporter de multiples réponses à la problématique humaine… On ne résoudra pas les problèmes de maltraitances en distinguant des types de violence en fonction de la victime.

Réhabiliter la capacité d’empathie

Au fil des pages on perçoit qu’au-delà de la violence avérée et réputée illégale voire criminelle, c’est la violence devenue habitude, voire entrée dans les moeurs qui serait à l’origine de bien des déviances. Une étude réalisée aux Etats-Unis sur un échantillon de coupables de maltraitances participant à un programme thérapeutique, "plus de 50% des hommes interrogés ont déclaré qu’ils étaient chasseurs et qu’ils possédaient des armes à feu". De même, le contexte familial de nombreux homicides apparaît ancré dans la banalisation d’actes violents et en particulier de la mise à mort d’animaux. C’est le cas en particulier d’un nombre significatif d’adolescents devenus tueurs et dont le contexte familiale valorise la chasse comme loisir… L’éducation des enfants, qui leur apprend l’empathie comme une faiblesse à surmonter, a un impact fort sur l’évolution de notre société. Au contraire, il faudrait cultiver cette empathie naturelle et la mettre au coeur de nos modes de vie pour "réapprendre" l’humanité à l’humain…

Perspectives pratiques

Ce livre s’adresse à un public averti et plus particulièrement à toute personne concernée par ce débat, en particulier dans un cadre professionnel (chercheurs ou personnes en contact avec les victimes ou les auteurs de maltraitances). L’objectif, à terme, serait bien sûr de favoriser la collaboration entre les divers intervenants à l’échelle nationale et internationale, en fédérant l’ensemble des acteurs de la lutte contre la maltraitance, que leur intérêt premier les ait portés vers l’humain ou l’animal. Une telle collaboration serait porteuse de beaucoup d’espoir !

Ce livre traite du lien
entre la maltraitance animale et la violence envers les personnes

Vous y trouverez :

- Une synthèse critique des travaux de recherche déjà réalisés
- Un examen des données les plus récentes
- Une réflexion sur les enjeux éthiques et moraux
- Une présentation des travaux de jeunes universitaires prometteurs
et de chercheurs expérimentés
- Une étude des implications en matière légale
et des travaux des principaux professionnels
- Une réfléxion sur la maltraitance des animaux sauvages
- Des travaux de spécialistes américains et britanniques mais aussi
australiens, danois, allemands, italiens, néo-zélandais

Le sommaire

- A propos des auteurs
- Introduction : Tirons-nous vraiment profit de la maltraitance des animaux ?
Andrew Linzey
Partie I
Aperçu des études existantes

1. La mesure de la cruauté envers les animaux et quelques études de cas.
Marie Louise Petersen et David P. Farrington
2. Typologie de la cruauté : cruauté envers les animaux chez l'enfant, violence domestique et maltraitance des enfants et des personnes âgées.
Marie Louise Petersen et David P. Farrington
3. Un point de vue à l'échelle de l'existence sur l'agression des personnes et la maltraitance des animaux.
Eleonora Gullone
Partie II
Développement émotionnel et violence psychologique

4. L'empathie comme indicateur du développement émotionnel.
Andrea M. Beetz
5. La maltraitance émotionnelle des enfants et des animaux.
Franklin D. McMillan
Partie III
Les enfants, la violence familiale et les animaux

6. La cruauté, les enfants et les animaux : d'un point de vue historique, une seule et même cause.
Sabrina Tonutti
7. Etude de l'exposition des enfants à la violence dans le contexte de la maltraitance animale.
Frank R. Ascione
8. Femmes battues, maltraitance des animaux de compagnie et relations entre humains et animaux.
Clifton P. Flynn
9. Le rôle des animaux dans la protection de l'enfance.
Christina Risley-Curtiss
Partie IV
Maltraitance animale et meurtres en série

10. La cruauté envers les animaux au cours de la croissance et ses corrélats chez les auteurs d'homicides sexuels et chez les délinquants sexuels.
Llian Alys, J. Clare Wilson, John Clarke et Peter Toman
11. Résoudre le problème de faux positif du lien.
Jack Levin et Arnold Arluke
Partie V
Points de vue moraux sur les relations entre humains et animaux

12. Les droits de l'homme sont-ils spécistes ?
Conor Gearty
13. Une réponse morale à la maltraitance animale.
Mark H. Bernstein
14. Les nouveaux canaris dans la mine : la priorité au bien-être humain dans la sanction de la maltraitance animale.
Elizabeth Clawson
15. La structure du mal.
Mark Rowlands
16. Les "ignobles intentions" : aux limites de l'imagination sympathique.
Daniel B. Williams
Partie VI
L'application de la loi, les contrevenants et la politique pénale

17. Le point de vue du FBI sur la cruauté envers les animaux.
Alan C. Brantley, interviewé par Randall Lockwood et Ann W. Church
18. Les lois et les mesures pour résoudre le problème du lien avec la violence familiale.
Joan E. Schaffner
19. Face aux bourreaux d'animaux.
Angus Nurse
20. Les implications en matière de droit pénal et de politique pénale et en pratique.
Martin Wasik
Partie VII
La prévention et les obligations professionnelles

21. Les vétérinaires sont-ils prêts à se soumettre à une obligation légale de signaler les cas de suspicion de maltraitance animale ?
Ian Robertson
22. Le rôle des vétérinaires et autres prestataires de soins aux animaux dans le signalement des cas de suspicion de maltraitance d'enfant.
Corey C. Montoya et Catherine A. Miller
23. Cruauté envers les animaux et protection de l'enfance : le point de vue des intervenants paramédicaux.
Dawn Hawksworth et Rachel Balen
Partie VIII
La maltraitance des animaux sauvages

24. Aperçu des études existantes.
Nicola Taylor et Tania Signal
25. La chasse, une sous-culture abusive.
John Cooper
26. La chasse, une activité moralement douteuse.
Priscilla N. Cohn et Andrew Linzey
27. La chasse au rabattage des dauphins et la maxime de Socrate "le vice nuit à celui qui s'y adonne".
Thomas I. White
- Index

Quelques extraits

La présentation du livre par Andrew Linzey
(un passage de l'introduction)

(p30-p31) ../.. Le problème de la violence et de la maltraitance a pris de plus en plus d'importance à mesure que nous avons commencé à nous attaquer à la complexité des relations de maltraitance et à approfondir leurs nombreux aspects jusqu'alors mal connus. Il n'est sans doute pas exagéré d'affirmer qu'il existe aujourd'hui une plus grande sensibilisation à la maltraitance et que notre conscience est plus profondément et plus rapidement sollicitée que jamais auparavant.
L'intérêt de cet ouvrage est de mettre en lumière un aspect de cette complexité souvent mal compris et insuffisamment reconnu. Personne ne prétend que cet aspect est déterminant ni qu'il recèle la clé de tous les problèmes, mais il est certain qu'il mérite une attention bien plus grande que celle qui lui a été accordée jusqu'à présent.
Ce livre s'adresse à toute personne concernée par ce débat, soit parce que ses travaux de recherche ont un rapport avec les questions soulevées, soit parce que ses activités professionnelles la mettent en contact avec les victimes ou avec les auteurs de maltraitance, humains ou animaux. Il s'agit, entre autres, mais pas uniquement, des personnels de garde d'enfants, des bénévoles d'organisations humanitaires, des représentants de la loi, des professions de santé, des vétérinaires, des enquêteurs et responsables d'équipes et d'associations de protection animale, des chercheurs en sciences sociales, des juristes, des psychologues et des criminologues. Ce livre comprend un ensemble remarquable de contributions : on y trouve divers examens critiques des études existantes dans ce domaine, une analyse des observations les plus récentes et des réflexions sur les implications en matière de politique légale et sur le rôle des principaux acteurs concernés. Une importante partie de ce livre est également consacrée aux questions philosophiques et éthiques sous-jacentes.
Les chapitres qui suivent présentent aussi un intérêt particulier pour les étudiants qui sont de plus en plus nombreux à suivre les cours universitaires consacrés à l'éthique animale, aux droits des animaux et aux animaux dans la philosophie ainsi que les divers cours plus classiquement consacrés aux liens entre l'homme et l'animal. Après des années d'apparente indifférence, il est réjouissant de constater l'émergence de ce genre de discipline universitaire qui incite les étudiants à se poser des questions normatives sur les aspects éthiques de la manière dont nous traitons les animaux.
Les huit sections que comporte ce livre sont organisées en fonction des problèmes les plus importants dans ce débat. A chaque fois, l'auteur livre une courte introduction pour recenser les arguments essentiels contenus dans chaque chapitre. Comme on pourrait s'y attendre, presque toutes les contributions portent sur les formes de maltraitance et de cruauté envers les animaux qui sont illégales dans la plupart des pays concernés et qui s'exercent sur des animaux domestiques et de compagnie. Or, il reste bien sûr l'importante question des formes de maltraitance et de cruauté qui sont parfaitement légales. La maltraitance légale des animaux dans les élevages industriels, les élevages de chiots, les spectacles, la recherche, l'enseignement et l'industrie de la fourrure, ce sont là autant d'exemples de maltraitance institutionnalisée qui, souvent, ne sont pas considérés comme de la maltraitance. Même dans cet ouvrage volumineux, nous n'avons pas pu traiter de façon adéquate de tous les divers problèmes que pose la maltraitance légale des animaux. Nous avons cependant tenté, dans la partie VIII, d'aborder le problème de la maltraitance des animaux sauvages, qui reste légale sous bien des formes, en particulier la chasse, dans le monde entier. Ces quatre chapitres ont au moins le mérite de soulever l'importante question de savoir si, dans ce seul domaine, la maltraitance socialement et légalement sanctionnée peut nuire aux êtres humains qui en sont responsables autant qu'aux animaux concernés. ../..

Introduction

(p27) ../.. Nous accordons un tel prix aux avantages pour les humains que de façon automatique, nous supposons que pratiquement tout ce qui nous est "profitable" est moralement juste. Or, il convient au moins de remettre en question ce calcul moral, et nous devrions aller plus loin et nous poser la question la plus fondamentale entre toutes ;: une pratique impliquant de la cruauté ou de la maltraitance envers un animal peut-elle être profitable aux humains ? Car il est certainement vrai que dans pratiquement tous les débats sur les animaux, il est tacitement admis que les avantages que la maltraitance peut apporter la justifient, ce qui nécessite que nous sachions quels sont ces avantages et qu'ils militent pratiquement tous en faveur de la maltraitance. Nous admettons des justifications de la maltraitance des animaux que nous n'accepterions jamais (ou rarement) s'il s'agissait d'êtres humains et surtout d'enfants, et ce faisant, nous nous référons à des spéculations utilitaristes et anthropocentriques dans lesquelles nous nous attribuons une importance extrême et nous n'attribuons aux animaux aucune valeur. ../.. On suppose que les avantages pour l'être humain - peu importe qu'ils soient indirects, indéfinis, hypothétiques et qu'ils soient escomptés de façon incohérente - l'emportent toujours sur la souffrance animale, aussi sévère soit-elle. ../..

Ch2.Typologie de la cruauté : cruauté envers les animaux chez l'enfant,
violence domestique et maltraitance des enfants et des personnes âgées.
Marie Louise Petersen et David P. Farrington

(p54) "Les études, de plus en plus nombreuses, montrant que les adultes qui maltraitent les animaux risquent aussi de maltraiter leurs enfants et que les enfants qui maltraitent des animaux ont aussi une plus forte probabilité d'être des enfants victimes de maltraitance, indiquent que la cruauté envers les animaux au sein d'une famille peut être un important facteur de risque. C'est pourquoi il convient d'alerter les praticiens de la possibilité que la cruauté envers les animaux dans une famille soit un indicateur de maltraitance des enfants et aussi un indicateur de violence domestique."

L. Bell, "Abusing children - Abusing animals", Journal of Social Work, 2001

Ch8. Femmes battues, maltraitance des animaux de compagnie
et relations entre humains et animaux.
Clifton P. Flynn

(p172-p173) Les implications pour les professionnels et pour les décideurs
Il convient que ceux qui s'occupent des femmes battues prennent au sérieux les liens que ces femmes (et leurs enfants) entretiennent avec leurs animaux. Le personnel des centres d'accueil, par exemple, devrait non seulement demander aux femmes si elles ont des animaux, mais aussi respecter ces liens. Quand une femme a fui son conjoint violent pour se rendre dans un centre d'accueil, surtout si elle n'a pas d'enfant et si son animal ou ses animaux ont été maltraités, voir que l'on ignore ou que l'on prend à la légère ses réactions émotionnelles (inquiétude, sentiment de culpabilité, peur, angoisse ou chagrin) n'est vraiment pas ce dont elle a besoin. Tout centre d'accueil devrait comprendre l'importance de ces liens, surtout si l'on sait qu'une minorité significative de ces femmes retardent leur départ par souci pour leurs animaux, et tout centre d'accueil devrait en conséquence assurer des services pour les animaux de compagnie. Rares sont les centres d'accueil pour femmes battues qui peuvent héberger les animaux, mais ils sont de plus en plus nombreux à prévoir des programmes pour les animaux de leurs pensionnaires. ../..

Ch12. Les droits de l'homme sont-ils spécistes ?
Conor Gearty

(p246-p247, les dernières lignes du chapitre) ../.. Et les droits des animaux, dans tout cela ? L'effondrement de la certitude des intellectuels concernant la spécificité de l'être humain et l'affaiblissement des arguments en faveur du caractère unique de l'être humain par rapport au reste du règne du vivant ouvrent aujourd'hui une opportunité pour les autres espèces animales, ou plutôt une possibilité pour leurs protagonistes humains de pouvoir affirmer, de façon bien plus convaincante que par le passé, que certains animaux méritent eux aussi de faire partie de la sphère des bons comportements et ont droit au traitement correct qui était jusqu'à présent réservé aux seuls humains. Les réponses habituelles à la question de savoir pourquoi il devrait en être autrement (l'âme humaine, l'autonomie de la personne humaine) ne sont plus aussi évidentes qu'auparavant, et les argumentations actuelles en faveur d'un fondement des droits de l'homme (le besoin de protéger les plus vulnérables contre les abus de pouvoir, l'importance de la compassion) ne se limitent pas nécessairement à l'espèce humaine, loin de là. Elles peuvent même être particulièrement pertinentes dans le cas des animaux non humains dont les chances de survie sont totalement entre les mains de leurs maîtres humains. La force du langage des droits de l'homme a toujours résidé dans son pouvoir d'étendre la sphère de sa sollicitude aux catégories humaines jusqu'alors invisibles aux puissants : les femmes, les esclaves, les prisonniers de guerre, ainsi que les enfants, les détenus, les handicapés mentaux et physiques, et bien d'autres. En principe, il n'y a aucune raison pour que cette dynamique d'ouverture reste bloquée en permanence au niveau d'une barrière d'espèces qui n'est finalement qu'une construction humaine. Les réflexions sur la nature, qui produisent un comportement observable pouvant être considéré comme reflétant une conception des "droits de l'homme", peuvent se retrouver dans des observations similaires inspirant un langage plus général, celui des droits des animaux. Il conviendrait d'étudier les implications exactes en matière de droits. Les droits qui pourraient être reconnus à chaque sorte d'animal (l'être humain compris) dépendent de la nature de l'espèce à considérer, de sa capacité à éprouver la douleur et à échanger avec le monde qui l'entoure, de son degré de conscience vis-à-vis du monde extérieur et de bien d'autres facteurs. Cependant, au soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, ceux qui se consacrent véritablement aux droits de l'homme ne devraient pas craindre de caractériser leur sujet comme un sous-ensemble d'un domaine plus vaste, celui des droits des animaux, même s'il s'agit d'un sous-ensemble sans lequel ce domaine plus vaste n'aurait jamais été défini comme tel. Cela ne diminue en rien l'importance des droits de l'homme, qui resteront inévitablement plus compliqués et plus complets que ceux des autres animaux, mais à long terme il n'y aurait pas d'inconvénient à leur donner un fondement intellectuel plus solide.

Ch26. La chasse, une activité moralement douteuse.
Priscilla N. Cohn et Andrew Linzey

(p412) ../.. La question initiale reste posée : est-il possible et est-il probable que seule la violence illégale soit liée à un comportement antisocial, contrairement à la violence socialement acceptée ou légale ? Si la violence illégale n'est pas totalement différente de la violence légale, alors, logiquement, des activités impliquant une violence légale comme la chasse devraient aussi être liées à un comportement antisocial. Naturellement, cette idée repose sur une supposition concernant la similarité entre violence légale et violence illégale, mais cette conclusion n'est-elle pas vraisemblable, et même probable ?

(p418, les dernières lignes du chapitre) Comme nous l'avons dit au début, il n'existe pas de preuve absolue que la chasse serait liée à un comportement antisocial, mais nous estimons qu'il y a suffisamment matière à réfléchir. Il est difficile de demander à des chercheurs d'étudier une activité que tant de gens considèrent comme un passe-temps anodin ou même comme une tradition importante, mais c'est précisément ce qu'il nous faut si nous nous préoccupons vraiment de ce qui pourrait bien être une source de cruauté et de violence dirigées aussi bien contre les humains que contre les non-humains. Nos soupçons seront-ils confirmés par les faits, seul l'avenir le dira. Mais nous ne serons jamais fixés sur cette question si elle n'est pas étudiée avec détermination. Ce que nous savons des liens entre la maltraitance des animaux (domestiques surtout) et la violence à l'égard des personnes commence seulement à occuper le devant de la scène, grâce à des recherches opiniâtres (et souvent coûteuses), et même à l'heure actuelle nous sommes encore loin d'avoir une réponse complète à un certain nombre de questions, notamment à propos de la nature précise de ces liens. Il faut maintenant une nouvelle génération de chercheurs qui soient disposés à servir la cause des animaux sauvages, car jusqu'ici les chercheurs se sont limités à servir la cause des animaux domestiques.

Pour terminer ces extraits, deux citations :

(p21)

"Il est absolument évident qu'en maltraitant les animaux, nous maltraitons notre relation avec les animaux et nous nous maltraitons nous-mêmes. Nous nous déshumanisons lorsque nous traitons des êtres vivants comme des choses."

R. D. Laing

(p275)

"La vraie bonté de l'homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu'à l'égard de ceux qui ne représentent aucune force. Le véritable test moral de l'humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau si profond qu'il échappe à notre regard), ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. Et c'est ici que s'est produite la plus grande faillite de l'homme, débâcle fondamentale dont toutes les autres découlent."

Milan Kundera
L'insoutenable légèreté de l'être, Gallimard, 1984

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