10 mars 2013

Voir autrement, de Philippe Balin

Voir autrement
de Philippe Balin
préface de Catherine Dolto

Comment trouver sa place dans ce monde difficile et complexe, dont l'avenir paraît parfois inquiétant ? Philippe Balin, qui a perdu la vue à quatorze ans, apporte sa pierre à ce débat. Ingénieur féru de sciences humaines, adepte du dalaï-lama, amateur de sports à sensation, ce père de deux enfants donne à travers un parcours riche de rencontres et de pays sillonnés avec son fidèle chien guide, une vision décapante et pleine d'espoir de la condition humaine. Il répond aussi avec franchise et humour à toutes les questions qu'on se pose sur les aveugles sans jamais oser leur demander : comment font-ils pour cuisiner, s'habiller avec goût, surfer sur Internet, séduire les filles, devenir vice-président d'une grande entreprise ? Voir le monde autrement et partager cette vision avec tous : telle est l'ambition de ce livre optimiste mais réaliste, à lire les yeux fermés. Outre un grand bol d'énergie, le lecteur y puisera également la conviction que toute difficulté surmontée rend plus fort.

Voir autrement, Philippe Balin, Préface : Catherine Dolto, Editions L'Harmattan, 2008, 314 pages

A propos de l'auteur

Après une brillante carrière en informatique et en télécommunications, Philippe Balin s'est engagé dans le développement durable. Il est à l'origine du premier micro-ordinateur pour non-voyants et de l'accessibilité des personnes handicapées aux téléphones mobiles.

Le sommaire

Préface : Les mystères du handicap
1. Ma vie commence à dix-sept ans
2. J'aurais voulu être un... génieur !
3. Vol de nuit
4. Le blues du vice-président
5. Femmes, je vous aime !
6. Le regard déchiré
7. Il y a une vie après l'amour
8. Ni chien ni maître
9. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir
sur la vie quotidienne d'un aveugle sans jamais oser le demander
10. Le handicap numérique
11. Handi-fun
12. Aux frontières de l'invisible
Remerciements

Pour en savoir plus

- Le site des Editions L'Harmattan
- Ce lien pour feuilleter les 30 premières pages
- L'article Philippe Balin, l'aveugle au regard visionnaire
- La Vendée à pied et à pattes, de Paul et Nicole
- Emma, chien d’aveugle, de Sheila Hoken - Recit autobiographique où l’auteur devenue aveugle vers l’âge de 14 ans, raconte son enfance, sa rencontre avec sa chienne Emma et la vie plus autonome que ce guide lui a permis de vivre.
- La vue en rose, de Lyse Veilleux - Avant d’avoir atteint ses 30 ans, Lyse a été diagnostiquée d'une maladie de l’oeil qui mène à la cécité. Aujourd’hui, en compagnie de Tékila, son chien-guide, elle peut affirmer que son cheminement lui a permis de découvrir une nouvelle vision de la vie… la vue en rose.
- Feeling éclaire mes jours ! de Florence Desmazures - Enjamber les ténèbres avec sa canne pour pénétrer dans la clarté relève de l'exploit pour Oswald. Son pari : faire confiance au chien guide d'aveugle par l'intermédiaire de la laisse, du harnais et de l'affection. Et voici Oswald entraîné par Feeling à travers une cascade d'audaces dont la première consiste à vivre au quotidien.

L'avis d'un lecteur
Source

Autobiographie ou récit d'une extraordinaire aventure ?

Philippe Balin se met littérairement à nu dans un récit au style alerte, agréable à lire. Son parcours atypique pique la curiosité. L'auteur intéresse, fait sourire, provoque, émeut. Le lecteur devient un confident, un ami, chemine à ses côtés en découvrant petit à petit comment un aveugle en arrive à montrer que le handicap rend différent mais jamais inférieur. Le livre refermé, on sait que plus jamais on ne verra un aveugle de la même façon.

Portrait de Philippe Balin
par l'Ecole de chiens guides pour aveugles et malvoyants de Paris

Philippe Balin, un homme d'affaires pressé et guidé. A 47 ans, Philippe Balin, jeune père de famille, non-voyant depuis l'âge de 14 ans, est vice-président d'une société de télécommunication aéronautique.

Il n'est pas vraiment homme à se raconter. Philippe Balin préfère laisser ça aux autres. Mais parlez-lui de Iago et son visage s'illumine. "Plus qu'un compagnon, c'est une aide puissante, un ami dans la vie, mon adjoint au travail, il vit à mon rythme, comprend mes attentes, mes stress et mes joies", déclare-t-il. Couché sur un tapis dans un coin du bureau, le labrador doré ouvre un oeil, dresse l'oreille puis soupire. Sans doute a-t-il compris qu'il est au coeur de la discussion. La vie de chien, Iago ne sait pas à quoi cela peut ressembler. Il a dormi dans les palaces les plus luxueux de la planète, fréquenté les meilleures tables et parcouru le monde entier. De Singapour à Tokyo, en passant par Paris, New York, Londres et Sydney, lui et son maître ont effectué jusqu'à 400.000 kilomètres par an en avion. Pas un aéroport, pas une compagnie aérienne qu'ils ne connaissent. A vie exceptionnelle, traitement d'exception. Iago peut se vanter d'être "le seul chien super-sonique au monde". A trois reprises, il a pris le Concorde avec Air France et goûte au plaisir de traverser l'Atlantique à Mach 2 en moins de 4 heures. Même les chiens de stars n'ont jamais eu cette chance. Iago a fait des jaloux. Dans le passé, ses privilèges lui ont valu quelques histoires sur lesquelles Philippe Balin ne souhaite pas trop s'étendre.
Normalement, dans les avions, les chiens voyagent en soute, pas en cabine, encore moins en classe affaires ou en première. Mais Iago n'est pas un chien ordinaire. Il sort de l'école des chiens-guides de Paris.
Depuis huit ans, le labrador a remplacé les yeux de Philippe Balin. "Il fait partie de mon schéma corporel, déclare l'homme d'affaires. Avec Iago, j'ai retrouvé le plaisir d'être pressé, de me faufiler et de téléphoner en marchant". La formation de Iago a duré dix-huit mois. A Paris, il a appris une quarantaine de mots. Des mots qu'il sait aujourd'hui associer à des situations bien précises. Par la force des choses, l'univers du labrador est devenu aéronautique et aéroportuaire. En sortant d'un avion, par exemple, Iago a compris qu'il fallait suivre le plus gros flot de voyageurs. Il sait aussi qu'en montant à bord, il faut s'installer sous le siège et attendre la fin de l'embarquement. Aujourd'hui, grâce à Iago, Philippe Balin voyage comme un homme d'affaires presque comme les autres. "La non-voyance est un handicap, mais pas une inadaptation à un environnement. A tout problème, il existe une solution, j'ai trouvé la mienne". Son opiniâtreté lui a valu sa réussite professionnelle. "J'ai exploité cette différence comme un atout. On a naturellement tendance à me faire confiance, à m'écouter. Face à un non-voyant, on perd ses repères, en négociation cela peut devenir un avantage". Selon Philippe Balin, la seule véritable difficulté pour un non-voyant, ce sont les endroits accessibles uniquement en voiture. "S'il arrive parfois qu'un chauffeur de taxi vous refuse une course à cause de la présence du chien, en revanche, en avion, cela n'arrive que très rarement". Il y a des textes et des lois. Les compagnies membres de l'Association du transport aérien international (Iata) ont obligation de prendre les chiens-guides à bord. Au cas par cas, les problèmes viennent plus d'une méconnaissance des textes et parfois de l'attitude zélée de quelques très rares commandants de bord. "Mon chien bosse, il a un métier, on lui manque souvent de respect par rapport à sa fonction". Lorsqu'il évoque l'une de ses mésaventures lors d'une escale à Genève-Cointrin il y a quelques années, Philippe Balin esquisse un léger sourire. Le commandant de bord ne voulait pas que son chien monte dans l'avion."Il en rajoutait par bêtise, les passagers ont protesté. Au final, on se demandait qui, du chien ou du pilote, on allait débarquer"! Et puis il y a aussi les situations inverses parfois cocasses, comme ce vol sur la compagnie Singapore Airlines où l'équipage s'est excusé, confus de ne pas avoir trouvé un tapis pour le fessier du toutou. L'hospitalité asiatique. "Un chien s'adapte à tout, y compris au long courrier, ajoute Philippe Balin. Il peut rester sans manger pendant plusieurs journées". Et pour le reste... Il suffit de ne pas trop le nourrir. Iago possède son propre passeport, une puce électronique intégrée sous la peau. Elle a l'avantage de ne pas gratter et permet aux services des douanes de connaître en quelques instants l'identité et la provenance de l'animal. Pendant longtemps, Philippe Balin n'a pu voyager dans des pays comme l'Angleterre où les animaux étaient assujettis à la quarantaine. Puis les frontières sont tombées les unes après les autres. Aujourd'hui, à l'exception de l'Australie, de quelques îles asiatiques et une partie de l'Afrique, Iago peut suivre son maître dans le monde entier. De son labrador, Philippe Balin est fier. Egalement passionné de canoë, (il fait de la compétition à haut niveau), d'escalade et de jazz, Philippe Balin a crée son propre groupe. En hommage au labrador, il l'a tout naturellement appelé le "Iago Jazz Band".

Témoignage de Philippe Balin

Un jour, je devais me rendre en grande banlieue sud, accessible par une gare de la ligne du RER D.
Je m'y suis rendu, bien sûr guidé par mon labrador Iago âgé de 10 ans et toujours fidèle dans mes déplacements. J'ai pris le RER D à la gare de Lyon, sans aucune difficulté, et suis monté en queue de train.
Je me suis assez vite rendu compte que, durant le trajet, le wagon s'était vidé et que j'étais donc seul. Néanmoins je n'étais pas inquiet, bien que faisant ce parcours pour la première fois, car je connaissais l'horaire précis d'arrivée à la gare de destination. J'arrive donc à destination et descends, sous une pluie torrentielle, pour constater que le quai est désert. Pas de panique : s'il n'y a personne, c'est que la sortie est en tête ! Je demande donc à mon chien de se diriger vers la tête du train.
Quand il y a du monde sur un quai, il est facile pour un chien guide bien formé de trouver la sortie, car il sait qu'il suffit de suivre le flot des gens. Mais là, personne ! En arrivant au bout du quai, je dois bien admettre que je n'ai pas trouvé la sortie et qu'il ne me reste plus qu'à faire confiance à iago.
Je demande donc à mon chien la sortie et il me conduit directement à un escalier descendant.
Dans un premier temps, après l'avoir remercié, je lui redemande la sortie, car je n'étais pas convaincu de sa proposition. Il insiste et me ramène à cette même descente. N'ayant pas d'autre alternative, je finis par accepter la proposition. Iago me conduit, après la descente, dans un couloir et me propose un escalier, que j'accepte, pour me retrouver enfin sur un autre quai. Là, j'ai bien senti que Iago savait où il me menait, car il me conduisit tout droit à la sortie de la gare qui n'était accessible que de ce quai-là. Hasard ? Chance ? Non, compétence !

Philippe Balin, en vidéo


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