Meilleurs que les hommes
L'entraide dans le monde animal et végétal
de Robert Tocquet
L'entraide dans le monde animal et végétal
de Robert Tocquet
L'éléphant blessé que le troupeau veille jusqu'à l'instant de sa mort, la reine de la termitière nourrie par ses "ouvriers", défendue par ses "soldats", l'orphelin macareux aussitôt adopté par un couple de la colonie, l'oiseau pique-boeuf perché sur le rhinocéros et prêt à l'avertir du moindre danger, le manchot chargé de surveiller les oisillons tandis que les parents sont à la pêche... Depuis Darwin, on a dit et redit que la lutte pour la vie, la loi de la jungle, régissait le monde anima!. On découvrira avec "Meilleurs que les hommes" que le principe darwinien n'exprime qu'une part de la réalité biologique et que l'entraide joue un rôle déterminant dans les rapports qu'entretiennent entre elles les espèces. Une entraide qui peut prendre les formes les plus subtiles et les plus émouvantes. "La nature est un miracle permanent ", écrit Robert Toquet au terme de cet essai généreux et riche d'étonnantes observations.
Meilleurs que les hommes, Robert Tocquet, Editions J'ai lu, 1975, 251 pages
Voir également
- La solidarité chez les plantes, les animaux, les humains, de Jean-Marie Pelt et Franck Steffan
- Les langages secrets de la nature, de Jean-Marie Pelt
- La raison du plus faible, de Jean-Marie Pelt et Franck Steffan
- La loi de la jungle, de Jean-Marie Pelt
- Alliances animales, de Rémi Gantès et Jean-Pierre Quignard
Au sommaire
Introduction : L'entraide pour la Vie
1. L'entraide chez les animaux
Le commensalisme
L'entraide chez les insectes sociaux : les fourmis, les termites, les abeilles
Le pouvoir occulte
L'entraide dans les autres groupes d'animaux
L'entraide chez les oiseaux
L'entraide chez les mammifères
L'animal et l'homme
Les colonies animales
La symbiose entre animaux
2. L'entraide chez les végétaux
Les lichens
Légumineuses et bactéries
La symbiose des orchidées
Les mycorhizes
Pomme de terre et symbiose
3. L'entraide entre végétaux et animaux
Les plantes myrmécophiles
Les fleurs et les insectes
La symbiose entre végétaux et animaux
La théorie symbiotique cellulaire et la symbiose lichénique primordiale
Conclusion
Lexique
Si la lutte pour la vie, "the struggle for life" chère aux darwinistes, est souvent une stricte et indéniable réalité, non seulement dans les règnes animal et végétal mais aussi, hélas ! en nos sociétés humaines et civilisées, il est réconfortant de constater qu'il y a dans la nature autre chose qu'un conflit permanent et universel. A l'image de ce que nous observons dans les organisations pluricellulaires où les cellules se groupent en tissus, les tissus en organes dont le fonctionnement harmonieux permet la vie de l'être et assure, du même coup, la propre vie des divers constituants du corps, l'entraide pour l'existence, c'est-à-dire l'aide mutuelle apportant généralement des bénéfices réciproques aux associés, est, chez de nombreux animaux et végétaux, le seul moyen habituel de vivre et peut-être même d'évoluer.
Chacun sait d'ailleurs que la loi de la jungle, la loi du plus fort, n'est pas une règle générale. De nombreuses espèces animales peuvent vivre ensemble sans se livrer bataille; c'est le cas de beaucoup d'insectes, de la plupart des poissons, de nombreux oiseaux et d'un grand nombre de mammifères. Certains animaux se réunissent également sous l'influence d'agents physiques, tels que la lumière ou la chaleur, et constituent ce que l'on appelle en zoologie des "foules". Une tolérance réciproque s'établit entre les individus et entre les espèces; chaque animal cherche sa nourriture sans s'occuper du voisin.
Cette indifférence entre animaux de la même espèce ou entre espèces différentes n'est pas encore l'entraide. Néanmoins, elle est déjà une attitude intéressante qu'il importait de signaler. Elle est le stade intermédiaire entre la lutte pour la vie et l'entraide pour la vie que nous allons étudier. Au reste, dans certains cas, l'entraide se manifeste faiblement et dépasse à peine les bornes du commensalisme.
C'est ainsi que, chaque soir, les halictes mâles, qui sont des hyménoptères appartenant au même groupe zoologique que les abeilles, se rassemblent sur certaines plantes, chacun d'eux étant attiré par son voisin. Et, sans adopter ici une optique finaliste, il est permis de penser que ce comportement constitue un phénomène d'entraide élémentaire favorable à l'individu. Au reste, chez des animaux supérieurs, il est facile de constater que cette motivation frustrée peut être à l'origine de troubles et d'angoisses. Un chimpanzé, par exemple, isolé de ses semblables, gémit ou s'emporte, passe par des périodes de dépression et de fureur, refuse de s'alimenter, et parfois, meurt.
Ailleurs, l'entraide résulte d'unions temporaires à fins individualistes très intéressées lorsque, par exemple, des animaux s'allient pour s'emparer d'une proie.
Mais, en d'autres cas, et ceux-ci, comme nous le verrons, sont extrêmement nombreux, l'entraide est évidente et s'exprime dans toute sa pureté, souvent de la plus étonnante, de la plus merveilleuse façon. Toutefois, même sous cette forme, l'aide mutuelle n'implique pas obligatoirement l'altruisme, qui, dans le comportement animal, n'apparaît que d'une manière exceptionnelle, et, au surplus, discutable. N'empêche que dans leur comportement extérieur tout se passe, en de nombreuses occasions, comme si les animaux étaient "meilleurs" que les hommes, ce qui, dans une certaine mesure justifie le titre de notre ouvrage.
Enfin l'entraide aboutit parfois à des associations intimes, constantes et nécessaires ; c'est ce qui a lieu dans les colonies animales et dans les symbioses. Dans ces groupements étroits, où l'entraide atteint son degré le plus élevé, les associés peuvent perdre définitivement leur individualité et donner naissance à un organisme nouveau.
Ce sont ces différents aspects de l'entraide que nous examinons dans cet ouvrage, chez les animaux d'abord, chez les végétaux ensuite, et, enfin, entre végétaux et animaux.
Cependant notre ambition n'a pas été seulement d'y décrire purement et simplement l'entraide dans le monde des animaux et des plantes. Nous avons voulu également envisager, ici, les aspects singuliers ou encore très mystérieux de la biologie animale ou végétale : l'étonnant langage des abeilles, les moeurs extraordinaires des fourmis et des termites, certaines adaptations florales qui sont véritablement stupéfiantes, et, en ce qui concerne quelques-uns de ces faits, nous avons été conduit à admettre, contrairement à ce qu'affirment les théories naturalistes classiques, l'existence dans la nature d'un antihasard, autrement dit dune certaine finalité.
L'univers n'est pas qu'un mécanisme immense dont les innombrables rouages agiraient aveuglément et inconsciemment: c'est, à la fois, un admirable poème, et, sans doute, l'expression d'une pensée.
Meilleurs que les hommes, Robert Tocquet, Editions J'ai lu, 1975, 251 pages
Voir également
- La solidarité chez les plantes, les animaux, les humains, de Jean-Marie Pelt et Franck Steffan
- Les langages secrets de la nature, de Jean-Marie Pelt
- La raison du plus faible, de Jean-Marie Pelt et Franck Steffan
- La loi de la jungle, de Jean-Marie Pelt
- Alliances animales, de Rémi Gantès et Jean-Pierre Quignard
Au sommaire
Introduction : L'entraide pour la Vie
1. L'entraide chez les animaux
Le commensalisme
L'entraide chez les insectes sociaux : les fourmis, les termites, les abeilles
Le pouvoir occulte
L'entraide dans les autres groupes d'animaux
L'entraide chez les oiseaux
L'entraide chez les mammifères
L'animal et l'homme
Les colonies animales
La symbiose entre animaux
2. L'entraide chez les végétaux
Les lichens
Légumineuses et bactéries
La symbiose des orchidées
Les mycorhizes
Pomme de terre et symbiose
3. L'entraide entre végétaux et animaux
Les plantes myrmécophiles
Les fleurs et les insectes
La symbiose entre végétaux et animaux
La théorie symbiotique cellulaire et la symbiose lichénique primordiale
Conclusion
Lexique
L'introduction du livre
L'entraide pour la Vie
L'entraide pour la Vie
Si la lutte pour la vie, "the struggle for life" chère aux darwinistes, est souvent une stricte et indéniable réalité, non seulement dans les règnes animal et végétal mais aussi, hélas ! en nos sociétés humaines et civilisées, il est réconfortant de constater qu'il y a dans la nature autre chose qu'un conflit permanent et universel. A l'image de ce que nous observons dans les organisations pluricellulaires où les cellules se groupent en tissus, les tissus en organes dont le fonctionnement harmonieux permet la vie de l'être et assure, du même coup, la propre vie des divers constituants du corps, l'entraide pour l'existence, c'est-à-dire l'aide mutuelle apportant généralement des bénéfices réciproques aux associés, est, chez de nombreux animaux et végétaux, le seul moyen habituel de vivre et peut-être même d'évoluer.
Chacun sait d'ailleurs que la loi de la jungle, la loi du plus fort, n'est pas une règle générale. De nombreuses espèces animales peuvent vivre ensemble sans se livrer bataille; c'est le cas de beaucoup d'insectes, de la plupart des poissons, de nombreux oiseaux et d'un grand nombre de mammifères. Certains animaux se réunissent également sous l'influence d'agents physiques, tels que la lumière ou la chaleur, et constituent ce que l'on appelle en zoologie des "foules". Une tolérance réciproque s'établit entre les individus et entre les espèces; chaque animal cherche sa nourriture sans s'occuper du voisin.
Cette indifférence entre animaux de la même espèce ou entre espèces différentes n'est pas encore l'entraide. Néanmoins, elle est déjà une attitude intéressante qu'il importait de signaler. Elle est le stade intermédiaire entre la lutte pour la vie et l'entraide pour la vie que nous allons étudier. Au reste, dans certains cas, l'entraide se manifeste faiblement et dépasse à peine les bornes du commensalisme.
C'est ainsi que, chaque soir, les halictes mâles, qui sont des hyménoptères appartenant au même groupe zoologique que les abeilles, se rassemblent sur certaines plantes, chacun d'eux étant attiré par son voisin. Et, sans adopter ici une optique finaliste, il est permis de penser que ce comportement constitue un phénomène d'entraide élémentaire favorable à l'individu. Au reste, chez des animaux supérieurs, il est facile de constater que cette motivation frustrée peut être à l'origine de troubles et d'angoisses. Un chimpanzé, par exemple, isolé de ses semblables, gémit ou s'emporte, passe par des périodes de dépression et de fureur, refuse de s'alimenter, et parfois, meurt.
Ailleurs, l'entraide résulte d'unions temporaires à fins individualistes très intéressées lorsque, par exemple, des animaux s'allient pour s'emparer d'une proie.
Mais, en d'autres cas, et ceux-ci, comme nous le verrons, sont extrêmement nombreux, l'entraide est évidente et s'exprime dans toute sa pureté, souvent de la plus étonnante, de la plus merveilleuse façon. Toutefois, même sous cette forme, l'aide mutuelle n'implique pas obligatoirement l'altruisme, qui, dans le comportement animal, n'apparaît que d'une manière exceptionnelle, et, au surplus, discutable. N'empêche que dans leur comportement extérieur tout se passe, en de nombreuses occasions, comme si les animaux étaient "meilleurs" que les hommes, ce qui, dans une certaine mesure justifie le titre de notre ouvrage.
Enfin l'entraide aboutit parfois à des associations intimes, constantes et nécessaires ; c'est ce qui a lieu dans les colonies animales et dans les symbioses. Dans ces groupements étroits, où l'entraide atteint son degré le plus élevé, les associés peuvent perdre définitivement leur individualité et donner naissance à un organisme nouveau.
Ce sont ces différents aspects de l'entraide que nous examinons dans cet ouvrage, chez les animaux d'abord, chez les végétaux ensuite, et, enfin, entre végétaux et animaux.
Cependant notre ambition n'a pas été seulement d'y décrire purement et simplement l'entraide dans le monde des animaux et des plantes. Nous avons voulu également envisager, ici, les aspects singuliers ou encore très mystérieux de la biologie animale ou végétale : l'étonnant langage des abeilles, les moeurs extraordinaires des fourmis et des termites, certaines adaptations florales qui sont véritablement stupéfiantes, et, en ce qui concerne quelques-uns de ces faits, nous avons été conduit à admettre, contrairement à ce qu'affirment les théories naturalistes classiques, l'existence dans la nature d'un antihasard, autrement dit dune certaine finalité.
L'univers n'est pas qu'un mécanisme immense dont les innombrables rouages agiraient aveuglément et inconsciemment: c'est, à la fois, un admirable poème, et, sans doute, l'expression d'une pensée.
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