Se nourrir sans faire souffrir
La planète, le tiers monde,
les animaux et nous
de John Robbins
La planète, le tiers monde,
les animaux et nous
de John Robbins
Ce livre a fait l'effet d'une bombe lors de sa sortie aux Etats-Unis. Il faut le lire avant qu'il ne soit trop tard pour notre santé et notre environnement. En effet il lève le voile sur des vérités stupéfiantes concernant les aliments que nous absorbons, les conditions effroyables dans lesquelles sont élevés les animaux dont nous nous nourrissons et l'utilisation abusive de toutes sortes de produits chimiques dont les effets se répercutent sur notre organisme. Se nourrir sans faire souffrir est un dossier solide, informé, argumenté et féroce, une enquête d'une rigueur absolue. Un livre qui dénonce les souffrances, la destruction et les maladies érigées par nos mauvaises habitudes alimentaires. Un livre qui bouleverse, certes, mais qui apporte aussi des solutions pour éviter cancer, diabète et autres fléaux de notre époque. Après l'avoir lu, vous ne pourrez plus jamais plaidé l'innocence et il vous sera impossible de ne pas changer votre façon de vous nourrir.
Se nourrir sans faire souffrir, John Robbins, Editions Stanké, 2001, 470 pages
Pour en savoir plus
- Un entretien avec John Robbins
- Végétarisme et non-violence, de Marjolaine Jolicoeur
- Ces bêtes qu'on abat, de Jean-Luc Daub
"Et maintenant,
Nous vivons une ère de folie. Ceux qui font attention à ce qu'ils mangent et voient à se nourrir sainement sont traités de marginaux et ceux dont les habitudes alimentaires engendrent maladies et souffrances sont considérés normaux.
Nous vivons pourtant une époque de grandes découvertes. Chaque jour, nous avons l'occasion de constater les multiples conséquences de nos choix alimentaires et pouvons prendre conscience des mesures qui s'imposent.
Plus je m'informe des résultats des recherches actuelles, plus je me rends compte à quel point notre santé dépend de nous et de nous seuls. Nous avons beaucoup plus de possibilités qu'auparavant pour rester en bonne santé et dès lors faire en sorte de nous assurer une vie plus saine.
Je crois que chacun de nous, en son for intérieur, souhaite léguer une part de lui-même à la postérité et que nous souhaitons participer activement à l'avènement d'un monde meilleur, plus sain. Plus nous nous gardons en santé, plus notre contribution à cet égard gagne en prolongements.
Nous savons tous que les maux de la Terre qui méritent notre compassion ne se comptent plus. D'ailleurs, chacun de nous partage à sa manière l'angoisse que suscitent les dangers qui la menacent aujourd'hui et nous savons tous qu'il ne s'agit pas seulement de notre propre existence mais de la survie de toute la planète.
J'ai constaté que nos habitudes alimentaires y concourent plus que je l'imaginais. Les contrecoups qu'elles supposent s'étendent bien au-delà des problèmes de santé. Je me suis aperçu que leurs enjeux et leurs répercussions sont tels que nos petites préoccupations de santé sont banales à côté.
Dans les deux prochaines chapitres, nous verrons comment nos choix alimentaires affectent notre santé et celles de nos enfants, combien ils altèrent notre capital génétique et à quel point ils remettent même en question la propagation de toute vie sur Terre. Nous verrons aussi comment les récents développements de la science clament d'une seule voix que, plus que jamais auparavant, l'humanité doit résolument modifier ses habitudes alimentaires. L'urgence est flagrante."
'' Lorsque nous nous asseyons à une table , nous ignorons le plus souvent les multiples répercussions de notre alimentation sur le monde qui nous entoure. Nous ne réalisons pas que chaque BIG MAC renferme un morceau de forêt tropicale et que chaque million d'hamburgers suppose l'extinction d'une centaine d'espèces fauniques. Nous ne réalisons pas non plus que le steak fumant dans notre assiette évoque des animaux qui souffrent, un couche arable qui s'effrite, des forêts ravagées, une économie au bord du désastre, une santé menacée. Ce steak fumant nous empêche d'entendre les cris de millions d'êtres humains qui meurent de faim, de même que nous ne voyons pas les agents toxiques qui se sont accumulés dans la chaîne alimentaire, empoisonnant nos enfants, notre planète et les générations à venir.''
Pendant longtemps, l'Église catholique n'a reconnu aucune âme aux animaux. Lors du premier concile, au Moyen Âge, les hommes d'Église ont eu à décider si les femmes et les animaux en avaient une : Les femmes l'ont échappé belle, mais les animaux ont perdu
NOM D'UN CHIEN
En ce monde, on élève très rarement des monuments à la mémoire d'un chien mais, à Greyfriar Square, à Edimbourg en Ecosse, la population locale en a érigé un en l'honneur d'un petit terrier appelé Bobby.
Pourquoi ? Parce que ce petit chien lui a donné une grande leçon.
Bobby n'appartenait à personne. Comme il arrive souvent dans les villages, ce chien sans collier était rejeté par tous et devait se nourrir en faisant les poubelles. Une véritable vie de chien, même pour un chien !
Un villageois du nom de Jock se mourait. Un jour, il prit le pauvre chien en pitié. Plutôt démuni et ne sachant trop quoi faire de l'animal, il l'emmena tout de même au restaurant et lui offrit un repas. Rien de très luxueux, seulement des restes. Imaginez, si vous le pouvez, la gratitude de l'animal !
Peu après, Jock rendit l'âme et le terrier suivit le cortège funèbre. Les fossoyeurs ont bien essayé de le renvoyer à coups de pied et de pierres, mais le chien restait sur la tombe sans prendre garde aux menaces.
De ce jour, et pendant pas moins de 14 ans, le petit Bobby a continué d'honorer la mémoire de l'homme qui avait eu un mouvement de générosité à son égard. Jour et nuit, tempêtes de neige ou chaleur torride, on le voyait sur la tombe. Tous les après-midi, il l'abandonnait néanmoins pour faire une brève apparition au restaurant où il avait rencontré Jock, espérant avoir à manger. Quoi qu'on lui donnât, il retournait le manger auprès de son ami.
Le chien reste sans contredit l'animal que nous connaissons le mieux. Nul besoin d'être un fervent ami des chiens pour reconnaître que leur compagnie, leur attachement et leur loyauté sont légendaires.
Un jour, en 1955, à Coeur d'Alene, en Idaho, un homme appelé Ken Wilson tente d'habituer un cheval à accepter une monture. Pendant ce temps, il ignore que, contrairement à toute attente, Stevie, son fils de trois ans, ne joue pas chez le voisin mais se promène, seul, dans les environs. Le pauvre enfant tombe dans l'eau d'un étang et s'y enfonce. Le seul témoin de cette catastrophe, Taffy, le chien du petit, se précipite au devant de M. Wilson, jappant à qui mieux mieux et réclamant une attention immédiate. Le père de Stevie reste d'abord imperturbable mais Taffy, qui mime tant bien que mal une noyade tout en continuant d'aboyer à pleins poumons, réussit à l'intriguer. Dans le désespoir de se faire comprendre, le chien fonce à toute vitesse sur le cheval et lui mord les pattes. Le cavalier réalise enfin que le chien s'efforce de lui dire quelque chose et il descend de selle. Sans perdre une seconde, Taffy se précipite en direction de l'étang et continue d'aboyer pour guider l'homme qui le suit tant bien que mal. Arrivant sur les lieux du drame, l'homme voit la Veste rouge de son fils flotter à la surface de l'eau. Réalisant enfin ce qui se passe, il plonge la tête la première dans l'eau de plus d'un mètre de profondeur, repêche son fils inconscient et le ramène à la surface. Stevie ne reprend conscience que six heures plus tard. En ouvrant les yeux, il Voit Taffy sagement assis au pied du lit.
Randy Saleh, un garçon de deux ans, habitait Euless au Texas. Un jour, il s'éloigne de la maison et, s'apercevant de son absence, ses parents appellent la police. Après deux heures de recherches, Randy reste introuvable. Morts d'inquiétude, ses parents remarquent que le chien du petit, un saint-Bernard appelé Ringo, manque aussi à l'appel. Ils se surprennent à souhaiter qu'il accompagne et protège leur fils.
Entre-temps, un embouteillage oblige un homme, Harley Jones, à arrêter sa voiture sur l'autoroute à environ un kilomètre de la maison des Saleh. Sortant de sa voiture, il demande à d'autres automobilistes s'ils connaissent la raison de cet arrêt. On lui répond qu'un "chien enragé" bloque la route. Curieux, M.Jones se rend sur les lieux pour se rendre compte lui-même. Il voit alors un saint-bernard résolument posté au beau milieu de l'autoroute, aboyant sauvagement et empêchant toute voiture de rouler dans un sens comme dans l'autre. Il remarque aussi que le chien protège un petit garçon qui joue innocemment en plein milieu de cette route généralement très fréquentée. Le chien arrêtait toute voiture qui tentait de continuer sa route, courant alors au petit pour le ramener au bord du chemin ; mais l'enfant, croyant qu'il s'agissait d'un jeu, revenait bien vite là où il ne devait pas se trouver.
M.Jones réussit à calmer le saint-bernard, en s'adressant à lui avec douceur. Le chien, cependant, s'est obstiné à rester en place tant que Randy n'était pas absolument hors de danger, c'est-à-dire loin de la route.
Je crois qu'il serait vain d'essayer de convaincre les parents de Randy que les animaux ne sont que des joujoux sans âme.
De tels incidents ont de quoi surprendre. Des chiens se sont montrés capables d'extirper des flammes leur maître en proie à la panique. Il ne saurait s'agir du fait de machines sans âme, dominées simplement par leurs instincts et leurs réflexes ; ce sont là des démonstrations de courage, de dévouement et d'amour désintéressé, d'intelligence et de bravoure en situation d'urgence.
Plus je m'informe, plus je ne peux m'empêcher de penser que les animaux sont capables de respecter toute forme de vie, même au-delà des frontières de l'espèce. Un vétérinaire va même plus loin en ce sens :
"Je peux citer l'exemple de chiens et de chats domestiques qui ont fait une dépression, pleurant lamentablement après le départ d'un autre animal de la maison, 'endormi' par ses maîtres parce qu'il était atteint d'une maladie incurable. Au moment où on tuait leur compagnon, on a remarqué chez chacun de ces animaux un changement de comportement aussi fort que subit. Un beau jour, la propriétaire de l'animal, ne sachant même pas que le vétérinaire venait de donner suite à sa demande une heure auparavant, téléphona au spécialiste pour lui signaler que, depuis une heure, son chat miaulait comme un fou et semblait désespéré."
II m'apparaît difficile de nier ces faits et de les attribuer uniquement à l'instinct animal. Il me semble plutôt qu'un fil serré relie tous les êtres à la grande chaîne de la vie.
Il y a environ deux ans, nombre de journaux reconnus relataient un événement curieux illustré par une photographie transmise par United Press International. Sur la photo, on voyait Carol Burk, son fils de 11 ans, Anthony Melton, et un cochon. La mère et son fils étaient allés se baigner dans un lac de Houston. S'étant un peu trop éloigné de la rive, le garçon a paniqué et commençait à couler. Son animal familier, la truie Priscilla, a sans nul doute ressenti sa détresse : elle s'est jetée à l'eau et s'est mise à nager dans sa direction. Anthony a réussi à surnager jusqu'à ce que l'animal parvienne à sa hauteur et le prenne en croupe. La mère d'Anthony a assisté, le souffle coupé, au sauvetage de son fils ramené à terre par Priscilla la truie.
En 1975, la victime d'un naufrage survenu au large de Manille a eu l'agréable surprise de voir une tortue de mer s'approcher d'elle pour lui offrir son aide. Etonnée, la dame en question est montée sur le dos de l'animal qui a fait alors ce qu'une tortue ne fait jamais, en principe. Les tortues de mer passent le plus clair de leur existence sous l'eau, mais notre héroïne a sans doute senti que la survie de notre naufragée dépendait d'elle. Elle est donc restée à la surface pendant plus de deux jours, sans même chercher à se nourrir, portant sa lourde charge et la maintenant ainsi en vie.
DES VOYAGES INCROYABLES
Les animaux nous ont si souvent donné la preuve de leur intelligence que, franchement, je m'interroge parfois sur celle de ceux qui tiennent absolument à les juger idiots. Nous connaissons tous des anecdotes sur des chiens parcourant de grandes distances en terre inconnue pour rejoindre leur maître. Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que ces récits sont documentés, vérifiés et, incroyable mais vrai, rigoureusement exacts. Par exemple, M. Robert Martin et sa femme ont déménagé de Des Moines pour s'installer à Denver. Max, leur berger allemand, préférait de beaucoup Des Moines. Il a parcouru, seul et dans la neige, les 1.200km qui séparaient les deux villes.
Un autre berger allemand, vivant en Italie, s'ennuyait de son maître, un homme qui venait de quitter Brindisi pour s'installer à Milan. Le chien a mis quatre mois à parcourir les 1.200km séparant ces deux lieux mais il y est arrivé et, par-dessus le marché, il a retrouvé son maître.
Plus remarquable encore, cette randonnée de 300km que décrit Sheila Burnford dans son ouvrage intitulé The Incredible Journey. Trois animaux - un vieux bull-terrier, un jeune labrador et, croyez-le ou non, un chat siamois - ont voyagé ensemble, prenant soin les uns des autres, et traversé les régions sauvages du nord de l'Ontario avant d'atteindre leur destination, 300km plus au sud. Je n'aurais jamais cru les chats capables de relever un tel défi. Je me trompais. De nombreux rapports bien documentés et authentiques parlent de chats traversant de grandes distances pour rejoindre leur maître. Le plus long voyage dont j'ai eu connaissance est aussi l'un des plus rigoureusement authentifiés.
Un vétérinaire new-yorkais venait de déménager en Californie à la suite d'un nouveau travail. Il avait laissé son chat à New York, espérant venir le chercher plus tard. Mais le chat ne l'a pas attendu et le vétérinaire a bien cru qu'il ne le reverrait jamais. Cinq mois plus tard, le chat entrait "calmement dans sa nouvelle demeure et s'est vite pelotonné dans son fauteuil favori". Comme vous l'imaginez bien, le vétérinaire n'en croyait pas ses yeux ! Pendant un moment, le choc était si intense qu'il est resté là, bouche bée. Etait-ce son chat ? Il s'est alors rappelé que le sien s'était déjà battu et qu'il avait été mordu à la queue ; la blessure y avait laissé une excroissance sur la quatrième vertèbre. Il s'approche donc du chat et tâte sa queue : c'était bien lui, la quatrième vertèbre portait la légendaire évidence !
Il est sans doute justifié d'envisager la possibilité que les animaux possèdent un type d'intelligence qui échappe à notre entendement. Le seul instinct explique mal de tels comportements.
AMOUREUSEMENT VOTRE
Les scientifiques qui se penchent sur les loups sont stupéfiés de constater à quel point ces animaux supposément sauvages arrivent à exprimer amour et tendresse. Gordon Haber les a observés pendant des décennies et on le reconnaît aujourd'hui comme le plus grand expert au monde en la matière.
Selon lui, leur caractéristique majeure est leur grand dévouement et leur profonde tendresse pour les leurs. Pour ne citer qu'un exemple, il a vu en Alaska un loup blessé par la ruade d'un caribou, l'épaule en lambeaux et en sang, boiter jusqu'à un abri et s'y coucher, consentant à mourir seul comme beaucoup d'animaux le font. Mais, chaque nuit, un autre loup rampait jusqu'à lui et le nourrissait en lui donnant des morceaux de viande ; il a continué à soigner le loup blessé jusqu'à ce qu'il guérisse.
La relation parent-enfant n'est pas le seul moyen dont disposent les animaux pour montrer leur affection. Beaucoup d'entre eux - y compris les castors, les oies, les aigles, les loups, les faucons, les pingouins, les lynx et les pumas - s'accouplent pour la vie à un seul compagnon. Ils se gardent hautement fidèles l'un à l'autre, parfois beaucoup plus que les humains peuvent l'imaginer, eux qui promettent de s'aimer jusqu'à ce que la mort les sépare mais ne tiennent pas toujours promesse. Les animaux peuvent souffrir justement parce qu'ils sont capables de donner et de recevoir de l'amour, et parce qu'ils en ont besoin.
LES DAUPHINS A LA RESCOUSSE
Longtemps, un dauphin appelé Pelorusjack a guidé les navires dans la French Pass, un mince détroit menant à l'île d'Urville en Nouvelle-Zélande. Des rochers et des courants extrêmement forts rendent ce passage très dangereux, et des centaines de navires s'y sont perdus corps et biens, mais jamais quand Pelorus Jack se montrait. Les vies qu'il a sauvées ne se comptent plus. Une goélette attachée au port de Boston, le Brindle, l'a aperçu pour la première fois à l'approche de la French Pass. Le voyant danser à l'avant du bateau, les membres de l'équipage ont d'abord voulu le tuer - heureusement, la femme du capitaine a réussi à les en dissuader. A leur plus grand étonnement, le dauphin s'est alors mis à les guider au travers de l'étroit passage. Pendant de longues années, il a continué de le faire pour presque tous les navires qui s'y engageaient. Son aide était si précieuse et si régulière qu'à l'approche du passage, les équipages scrutaient la surface de l'eau afin de l'apercevoir. S'ils ne le voyaient pas, ils l'attendaient avant d'affronter rochers et courants périlleux.
Par une triste journée, un matelot ivre dit "le Pingouin" prit un fusil et tira sur Pelorus Jack. La colère du reste de l'équipage était à son comble et, à la vue du dauphin s'éloignant dans une traînée de sang, certains matelots étaient tout près de lyncher le tueur. Le Pingouin a dû les aider à traverser le passage sans l'aide de Pelorus Jack, tout comme les navires qui s'y sont engagés au cours des semaines suivantes. Mais, un jour, le dauphin a refait surface, apparemment guéri de ses blessures. Selon toute vraisemblance, il avait pardonné au genre humain et s'était remis à la tâche. Toutefois, à chaque fois que le Pingouin revenait sur les lieux, le dauphin fuyait sans demander son reste. Pendant longtemps encore, Pelorus Jack a ainsi escorté les marins s'engageant dans la French Pass, mais plus jamais le Pingouin et l'équipage dont il faisait partie.
Evidemment, ils ont fait naufrage et nombre de passagers et membres d'équipage sont morts noyés parce que leur navire s'était engagé sans guide dans le périlleux passage.
Animal humain moi-même, j'apprécie les actes d'héroïsme qui sont le fait d'animaux ayant sauvé des vies humaines. Par ailleurs, complètement abasourdi devant le nombre incroyable d'animaux qui brisent les convenances pour sauver la vie d'autres animaux.
L'agence de nouvelles Tass, organe officiel du gouvernement soviétique, n'a pas l'habitude de relater des événements ayant un quelconque intérêt humanitaire. Pourtant, en septembre 1977, elle a rapporté un étrange incident survenu dans la mer Noire. Un bateau de pêche russe s'est trouvé entouré d'un groupe de dauphins qui semblaient vouloir attirer l'attention des pêcheurs à tout prix. Ces derniers ont donc jeté l'ancre. Comme s'ils s'attendaient précisément à les voir agir ainsi, les dauphins ont cessé leur manège et semblaient demander qu'on les suive. Stupéfaits et curieux, les marins ont obtempéré à leur requête et se sont laissés mener jusqu'à une bouée où un dauphin se démenait dans un filet. Comprenant enfin le comportement bizarre des dauphins, les hommes ont délivré leur ami. Par la suite, ils se sont laissés guider jusqu'à l'endroit exact où ils avaient jeté l'ancre. Dans ce cas-ci, les dauphins ont fait équipe avec des hommes pour sauver la vie de l'un des leurs, mais, aussi incompréhensible que cela puisse paraître, il arrive fréquemment qu'ils s'associent aux hommes pour venir à la rescousse d'autres espèces, notamment des cétacés.
Le 30 septembre 1978, quelque 50 globicéphales noirs ont échoué sur la côte néo-zélandaise, au nord de Auckland. Les fonctionnaires du Gouvernement ont tout mis en oeuvre pour les attirer vers la haute mer, sans quoi les cétacés allaient mourir. Rien n'y faisait. Les spécialistes ont eu alors l'idée d'attirer au port un groupe de dauphins qui passaient non loin de là. A la vue des globicéphales, les dauphins ont tout de suite compris ce qu'on attendait d'eux. Sans perdre une minute, ils ont regroupé les cétacés pour les guider vers la haute mer, leur sauvant ainsi la vie. Des dauphins ont aussi aidé des baleines à mettre leurs petits au monde. Quand les requins menacent, les dauphins entourent la mère et sa "sage-femme", formant un cercle protecteur autour de la parturiente en travail. Si les requins attaquent, les dauphins les menacent du bec.
Les dauphins ont sauvé tant de vies - humaines et animales - qu'ils mériteraient assurément le titre de "sauveteurs des mers". Nous devrions leur accorder ce titre, mais nous ne le faisons pas. En lieu et place, nous ne leur offrons que de l'indifférence.
TENDRES VOLAILLES
Nous sommes en 1950. Une vieille dame résidant à Hermitage et connue de tous sous le nom de tante Tess partage son logement avec son chat et son canari Bibs. Sa nièce et son mari habitent à quelque 100m plus bas et craignent que, à l'insu de tous, il n'arrive quelque accident à la vieille dame. Une nuit, un léger bruit les réveille. Il leur semble qu'on tape doucement à la fenêtre ; le bruit est faible et ils essaient de ne pas en tenir compte, mais les coups persistent. N'y tenant plus, la nièce se lève et va à la fenêtre. Elle tire les rideaux et aperçoit, très surprise, Bibs qui frappe les carreaux de toutes ses forces. L'oiseau n'avait jamais quitté la maison de sa maîtresse mais, ce soir-là, il a réussi à se frayer un chemin jusqu'à la résidence de la jeune femme. Malheureusement, il y a déployé toute son énergie. Sous l'oeil stupéfait de la jeune nièce, il s'effondre sur le rebord de la fenêtre. Elle et son mari se précipitent alors chez tante Tess et la trouvent inconsciente sur le sol. Elle saignait. Elle avait fait une mauvaise chute et aurait bien pu en mourir si on n'était venu à la rescousse. Le canari a donné sa vie pour sauver celle de sa maîtresse.
Floride: II y a quelques années, le Dr Peterson a remarqué une étrange activité chez les canards d'un lac sur sa propriété. Fasciné par ce qu'il voyait, il a entrepris une étude des canards et s'est vite aperçu qu'un des mâles (qu'il a appelé Jeannot-le-Canard) était mystérieusement et inlassablement attentif à une femelle, dite Marie-la-Cane. La saison des amours n'étant pas encore commencée, le Dr Peterson n'arrivait pas à s'expliquer ce comportement. Curieux, il a continué ses observations afin de connaître le fin fond de l'histoire. Un jour, Jeannot-le-Canard délaisse sa petite amie ; sans perdre une seconde, le Dr Peterson s'en approche, la prend au filet et l'examine attentivement pour constater qu'elle est aveugle. Sidéré, il la relâche.Un moment plus tard, Jeannot-le-Canard réapparaît et reprend aussitôt sa vigie auprès de sa congénère. Puis, ce canard-voyant lança une série de coin-coin rassurants avant d'emmener son amie aveugle plus loin.
Un naturaliste a donné à une poule 21 oeufs de pintade qu'il avait trouvés, simplement pour voir ce qui arriverait. Ces petits oeufs à coquille dure ne ressemblent en rien à des oeufs de poule. La poule a pris néanmoins sa tâche à coeur ; elle est arrivée tant bien que mal à s'occuper des 21 oeufs sans l'ombre d'une protestation. Sachant qu'elle possédait les notions traditionnelles de son espèce, j'ai d'abord cru qu'elle était trop stupide pour s'apercevoir que ces oeufs n'étaient pas les siens. Lorsque les oeufs ont éclos, elle n'a semblé aucunement perturbée par le fait que les oisillons n'étaient pas des poussins. Leur allure de petits perdreaux aux manières étranges ne lui posaient manifestement aucun problème. Là encore, j'ai cru que la poule était tout simplement trop stupide pour remarquer qu'il ne s'agissait pas de poussins. Eh bien ! je me trompais. Elle avait en effet, bien plus que moi, le sens des réalités. Quelques jours plus tard, elle a emmené les petites pintades près d'un buisson et, au lieu de leur imposer la pâtée qu'on donne habituellement aux poulets, elle s'est mise à creuser dans une fourmilière à la recherche de nymphes blanches. Les poulets ne mangent pas d'aliments de ce genre, mais les pintades, oui ! Les petits s'en sont régalés.
Comment pouvait-elle savoir ? De quel génie faisait-elle preuve ? Son écoute lui a-t-elle permis de recevoir quelque message de leur psyché collective ? Voilà qui dépasse les possibilités humaines !
Lors d'une autre expérience, un naturaliste a donné à une poule des oeufs de canard. Elle les couva comme s'ils étaient les siens et ne fut pas du tout déconcertée lorsque des canetons et non des poussins montrèrent le bec. Elle réussit plus tard à faire quelque chose qu'aucune autre poule de la région n'avait jamais fait auparavant. Elle monta sur une planche faisant office de pont au-dessus d'un ruisseau puis, en gloussant, elle invita les petits canetons à entrer dans l'eau. J'ignore comment ces mères poules ont su quoi faire pour les bébés d'une autre espèce qu'elles avaient couvés. Mais elles y sont parvenues d'une manière ou d'une autre. Il semble que l'expression "prendre sous son aile" reflète avec justesse une protection soucieuse et sensible.
L'INTELLIGENCE
Des recherches très poussées sur les cerveaux humain et animal, et pour la plupart motivées par un vif désir de trouver une cause biologique à la croyance selon laquelle l'intelligence animale n'a rien à voir avec celle de l'homme, ont été menées par plusieurs chercheurs. Rien de clair et net n'est ressorti de ces analyses. En comparant la "structure et la fonction du cerveau humain et de celui des autres animaux", les hommes de science ont toutefois découvert que les hommes et les animaux : "... différaient beaucoup moins qu'on est porté à le croire ; aussi surprenant que cela puisse paraître, les similitudes sont plus nombreuses que les différences... Une étonnante similitude entre le cerveau de l'homme et celui des autres mammifères se constate lors de la stimulation électrique du cerveau par encéphalogramme. Par exemple, un chien émet les mêmes ondes électriques que l'homme à l'état de veille, de sommeil léger, de rêve profond et de rêve éveillé. Aussi, la chimie des systèmes nerveux et endocrinien de l'homme et des animaux ne comporte-t-elle aucune différence significative. La biochimie des états physiologiques et émotifs (notamment du stress et de l'anxiété) de l'homme et de la souris diffère très peu."
Le traitement que nous infligeons aux animaux détermine nos rapports avec nos semblables. Une recherche soviétique, publiée dans Ogonyok, montre que 87% des criminels d'un groupe avaient, pendant leur enfance, brûlé, pendu ou poignardé des animaux domestiques. Aux Etats-Unis, une importante étude, menée par le Dr Stephen Kellert de l'université Yale, montre à son tour que les enfants qui font du mal aux animaux ont tendance à devenir de dangereux criminels.
Des études portant sur nombre de prisonniers américains révèlent que presque aucun n'a pris soin d'un animal familier dans son enfance. Aucun n'a eu la chance d'apprendre à respecter et à soigner une créature vivante tout en se sentant heureux de le faire.
Il est toutefois possible d'arriver à modifier de tels comportements, même chez un criminel. On a permis à des prévenus d'avoir des chats dans leur cellule peu avant leur libération. Résultat ? "Parmi ceux qui ont aimé et soigné leur chat, aucun n'a échoué sa réinsertion sociale", et ceci dans un système pénal où on estime que 70% des prévenus retournent en prison.
MON REVE
Je rêve de voir l'espèce humaine comprendre que l'esprit qui nous anime anime aussi les animaux. Dans mon rêve, nous savons tous qu'il existe de nombreuses formes d'intelligence, d'âmes, mais aussi de souffrances et d'espérances. Je nous vois, chacun de nous sachant que toute créature est dotée du même désir de vivre. Je nous vois respecter le leur, tout comme nous aimerions que le nôtre le soit si nous étions, nous, les êtres inférieurs et eux les maîtres sur Terre.
Je nous vois réconfortés par la présence de ces merveilleux compagnons. Je vois nos vies enrichies de leur seule présence. Je nous vois entourés de nombreux animaux. Je vois nos villes embellies d'espaces verts sauvages, de berges, de parcs, de ravins et de canyons où peuvent vivre les animaux. Je vois toutes les formes de vie travailler en harmonie à la préservation et à l'épanouissement des ressources de la planète.
Je nous vois apprécier les différents besoins, les différentes formes d'intelligence et les différents rôles des animaux. Je nous vois sentir intuitivement leurs façons particulières de sentir, penser, souffrir et aimer.
Je nous vois apprendre à traiter avec respect ces animaux qui sont, dans la nature, nos frères et nos sœurs. Je nous vois comprendre que, eux aussi, ils expriment à leur manière la grande force universelle. Je nous vois agir sachant que le même souffle divin leur a donné la vie.
e nous vois comprendre que toutes les créatures de Dieu ont une place sous le Soleil.
John Robbins
Parmi la quantité de lettres que j'ai reçues depuis que j'ai écrit "Se nourrir sans faire souffrir" (Diet for a New America), il y en a une que j'aimerais partager avec vous. Je l'ai reçue au milieu des années 90, d'un homme de San Francisco en Californie. Elle représente, du moins pour moi, un message d'espoir pour nous tous. - John Robbins
Votre livre "Se nourrir sans faire souffrir" a eu toute une influence sur ma famille. Il y a deux ans, j'aurais aimé vous tuer à cause d'elle. Je suis un homme qui a énormément de succès dans la vie. Je suis habitué à ce que l'on agisse selon mes désirs. Quand ma fille Julie était adolescente, elle m'a annoncé qu'elle voulait devenir végétarienne. Elle avait lu votre livre. J'ai pensé que c'était ridicule et j'ai insisté pour qu'elle arrête ces absurdités. Lorsqu'elle n'obéissait pas, je me mettais en colère. "Je suis ton père, lui disais-je, et je sais mieux que toi." - "Je suis ta fille, me répondait-elle, et c'est ma vie."
Nous nous sommes querellés souvent à ce sujet. Nous ne nous entendions pas très bien, il y avait des tensions entre nous, mais elles semblaient toujours survenir à cause de ces débats sur le végétarisme. Ça me rendait fou. Selon moi, elle était irrespectueuse et obstinée, et elle voulait seulement que l'on agisse selon ses désirs. Elle disait la même chose à mon sujet. Au début, ma femme et moi la forcions à manger de la viande, mais elle rouspétait tellement que l'heure des repas était complètement ruinée. Alors éventuellement, plein de ressentiment, nous avons capitulé et lui avons permis de manger ses repas végétariens. Mais je lui ai laissé savoir ce que je ressentais à ce sujet. "C'est correct d'être un idéaliste, lui disais-je, mais tu dois garder les pieds sur terre." - "C'est correct d'être un avocat, m'a-t-elle dit, mais tu dois garder ton cœur ouvert." C'était terriblement exaspérant.
Une année, pour mon anniversaire, elle m'a préparé un petit-déjeuner au lit. Mais il n'y avait ni bacon, ni saucisse, ni même des oeufs. Cela a fait une autre histoire. Je lui ai rappelé que c'était mon anniversaire, pas le sien. Elle a commencé à m'expliquer comment les cochons et les poules étaient traités, citant chapitre et verset de votre livre. Ceci n'était pas la première chose que je voulais entendre, le jour de mon anniversaire. Après ses études secondaires, Julie quitta la maison. En fait, j'en étais content parce que j'en avais par-dessus la tête de cette situation. Il en était question à chaque repas. Je voulais qu'elle mange de la viande et elle refusait. Elle voulait que j'arrête de manger de la viande et je refusais. Il n'y avait aucun moment de paix. Mais après son départ, je me suis ennuyé d'elle.
Plusieurs années plus tard, Julie s'est trouvée un mari et peu de temps après le mariage, elle tomba enceinte. Quand notre petit-enfant est né, j'étais fou de bonheur. Mais bien sûr, ça ne dura pas. Comme de fait, Julie voulait que son fils, notre petit-fils, soit végétarien. Cette fois-ci, je fis acte d'autorité. "Tu peux ruiner ta vie si tu le veux, lui dis-je, mais tu ne peux ruiner la santé de ce petit garçon innocent." Selon moi, ce qu'elle faisait était de l'abus d'enfant. J'ai même considéré appeler les Services sociaux. Je croyais qu'ils la forceraient à nourrir convenablement notre petit-fils, ou bien ils enlèveraient celui-ci de sa domination. Ce n'est seulement parce que ma femme m'en a empêché que je n'ai pas fait cette démarche. Même si je me rendais compte que je pouvais (à peine) tolérer que Julie soit végétarienne, je ne pouvais simplement pas accepter qu'elle fasse cela à notre petit-fils.
Avec le temps, la situation est devenue tellement horrible qu'elle a totalement refusé de me voir. Non seulement cette stupide obsession à propos du végétarisme me coûtait-elle ma relation avec ma fille, elle me coûtait aussi ma relation avec mon petit-fils parce qu'elle ne venait maintenant plus nous le porter, ni même me laissait-elle les visiter. J'étais complètement coupé de sa vie. Par contre, j'ai pensé que je devrais au moins "garder la porte ouverte" alors par l'entremise de ma femme (Julie ne voulant même plus me parler), je lui ai demandé ce qu'elle voulait pour son anniversaire. Elle a dit que ce qu'elle souhaitait le plus était que je lise votre livre, "Se nourrir sans faire souffrir". Je lui ai dit que cela serait impossible parce que ça demandait beaucoup trop de temps. Elle me dit alors que si véritablement je le lisais, pour chaque heure que j'y mettrais, elle me laisserait voir mon petit-fils pour le même nombre d'heures.
Elle est intelligente. Elle sait où sont mes points faibles... Alors, Monsieur Robbins, j'ai lu votre livre. Je l'ai lu au complet, j'ai lu chaque mot. Ce qui m'a le plus marqué fut votre description du traitement réservé aux animaux à notre époque. Je n'avais aucune idée que ce fut si grave. C'est abominable et je suis d'accord avec vous qu'on ne doit pas permettre à ceci de continuer. Je reconnais la cruauté quand je la vois, et celle-ci est extrême. Je l'ai appelée quand j'eus terminé ma lecture. "Je t'ai dit de ne pas m'appeler', m'a-t-elle dit aussitôt qu'elle sut que c'était moi. "Oui, lui répondis-je, mais j'ai lu le livre, et je veux que tu viennes souper et que tu amènes ton garçon." Monsieur Robbins, je suis un homme orgueilleux et ce que j'ai dit ensuite n'a pas été facile pour moi à dire.
Mais je savais qu'il me fallait le faire et je l'ai fait. "Très chère Julie, ai-je dis, s'il te plaît, pardonne-moi. Il n'y aura pas de dispute si tu viens. J'ai commis une grave erreur et je le comprends maintenant. Si tu viens, aucune viande ne sera servie, à personne." Il y eu un silence à l'autre bout de la ligne. J'ai appris plus tard qu'elle pleurait, mais je ne le savais pas à ce moment-là. Je savais seulement que je devais dire autre chose. "Et il n'y aura plus jamais de viande servit dans cette maison provenant d'élevages industriels", dis-je. "Tu blagues ?" demanda-t-elle, n'en croyant pas ses oreilles. "Je ne blague pas, je suis sincère." - "On viendra" dit-elle.
Et j'étais sincère. Aucune viande n'a été servie ici depuis. Nous ne l'achetons simplement pas. Julie nous enseigne comment manger des végéburgers, du tofu et une variété d'autres choses que j'avais l'habitude de ridiculiser. Depuis ce temps, ils sont venus partager plusieurs heureux repas, et pleins d'autres occasions heureuses aussi. Monsieur Robbins, pouvez-vous comprendre ce que cela représente pour moi ? J'ai retrouvé ma fille, et aussi mon petit-fils. Ma fille est une personne merveilleuse. Et notre petit-fils n'a pas encore eu un seul rhume ou otite ou toute autre maladie que les enfants ont l'habitude d'avoir. Elle dit que c'est parce qu'il se nourrit si bien. Je dis que c'est parce qu'il a la meilleure mère du monde. Ce qu'on fait à ces animaux est immoral, terriblement et horriblement immoral. Vous avez raison. Les animaux ne devraient jamais être traités de cette façon. Jamais. Jamais. Jamais. Jamais. Jamais.
Maintenant, quand Julie dit que les animaux sont ses amis et qu'elle ne mange pas ses amis, je n'argumente pas, comme j'avais l'habitude de le faire. Je ne fais que sourire, heureux de ne plus être en conflit avec une personne aussi spéciale. Et je suis fier de pouvoir regarder mon petit-fils dans les yeux et de savoir que j'aide à faire de ce monde, un monde meilleur pour lui.
Se nourrir sans faire souffrir, John Robbins, Editions Stanké, 2001, 470 pages
Pour en savoir plus
- Un entretien avec John Robbins
- Végétarisme et non-violence, de Marjolaine Jolicoeur
- Ces bêtes qu'on abat, de Jean-Luc Daub
"Et maintenant,
Nous vivons une ère de folie. Ceux qui font attention à ce qu'ils mangent et voient à se nourrir sainement sont traités de marginaux et ceux dont les habitudes alimentaires engendrent maladies et souffrances sont considérés normaux.
Nous vivons pourtant une époque de grandes découvertes. Chaque jour, nous avons l'occasion de constater les multiples conséquences de nos choix alimentaires et pouvons prendre conscience des mesures qui s'imposent.
Plus je m'informe des résultats des recherches actuelles, plus je me rends compte à quel point notre santé dépend de nous et de nous seuls. Nous avons beaucoup plus de possibilités qu'auparavant pour rester en bonne santé et dès lors faire en sorte de nous assurer une vie plus saine.
Je crois que chacun de nous, en son for intérieur, souhaite léguer une part de lui-même à la postérité et que nous souhaitons participer activement à l'avènement d'un monde meilleur, plus sain. Plus nous nous gardons en santé, plus notre contribution à cet égard gagne en prolongements.
Nous savons tous que les maux de la Terre qui méritent notre compassion ne se comptent plus. D'ailleurs, chacun de nous partage à sa manière l'angoisse que suscitent les dangers qui la menacent aujourd'hui et nous savons tous qu'il ne s'agit pas seulement de notre propre existence mais de la survie de toute la planète.
J'ai constaté que nos habitudes alimentaires y concourent plus que je l'imaginais. Les contrecoups qu'elles supposent s'étendent bien au-delà des problèmes de santé. Je me suis aperçu que leurs enjeux et leurs répercussions sont tels que nos petites préoccupations de santé sont banales à côté.
Dans les deux prochaines chapitres, nous verrons comment nos choix alimentaires affectent notre santé et celles de nos enfants, combien ils altèrent notre capital génétique et à quel point ils remettent même en question la propagation de toute vie sur Terre. Nous verrons aussi comment les récents développements de la science clament d'une seule voix que, plus que jamais auparavant, l'humanité doit résolument modifier ses habitudes alimentaires. L'urgence est flagrante."
Un autre passage
Source
Source
'' Lorsque nous nous asseyons à une table , nous ignorons le plus souvent les multiples répercussions de notre alimentation sur le monde qui nous entoure. Nous ne réalisons pas que chaque BIG MAC renferme un morceau de forêt tropicale et que chaque million d'hamburgers suppose l'extinction d'une centaine d'espèces fauniques. Nous ne réalisons pas non plus que le steak fumant dans notre assiette évoque des animaux qui souffrent, un couche arable qui s'effrite, des forêts ravagées, une économie au bord du désastre, une santé menacée. Ce steak fumant nous empêche d'entendre les cris de millions d'êtres humains qui meurent de faim, de même que nous ne voyons pas les agents toxiques qui se sont accumulés dans la chaîne alimentaire, empoisonnant nos enfants, notre planète et les générations à venir.''
D'autres extraits
Pendant longtemps, l'Église catholique n'a reconnu aucune âme aux animaux. Lors du premier concile, au Moyen Âge, les hommes d'Église ont eu à décider si les femmes et les animaux en avaient une : Les femmes l'ont échappé belle, mais les animaux ont perdu
NOM D'UN CHIEN
En ce monde, on élève très rarement des monuments à la mémoire d'un chien mais, à Greyfriar Square, à Edimbourg en Ecosse, la population locale en a érigé un en l'honneur d'un petit terrier appelé Bobby.
Pourquoi ? Parce que ce petit chien lui a donné une grande leçon.
Bobby n'appartenait à personne. Comme il arrive souvent dans les villages, ce chien sans collier était rejeté par tous et devait se nourrir en faisant les poubelles. Une véritable vie de chien, même pour un chien !
Un villageois du nom de Jock se mourait. Un jour, il prit le pauvre chien en pitié. Plutôt démuni et ne sachant trop quoi faire de l'animal, il l'emmena tout de même au restaurant et lui offrit un repas. Rien de très luxueux, seulement des restes. Imaginez, si vous le pouvez, la gratitude de l'animal !
Peu après, Jock rendit l'âme et le terrier suivit le cortège funèbre. Les fossoyeurs ont bien essayé de le renvoyer à coups de pied et de pierres, mais le chien restait sur la tombe sans prendre garde aux menaces.
De ce jour, et pendant pas moins de 14 ans, le petit Bobby a continué d'honorer la mémoire de l'homme qui avait eu un mouvement de générosité à son égard. Jour et nuit, tempêtes de neige ou chaleur torride, on le voyait sur la tombe. Tous les après-midi, il l'abandonnait néanmoins pour faire une brève apparition au restaurant où il avait rencontré Jock, espérant avoir à manger. Quoi qu'on lui donnât, il retournait le manger auprès de son ami.
Le chien reste sans contredit l'animal que nous connaissons le mieux. Nul besoin d'être un fervent ami des chiens pour reconnaître que leur compagnie, leur attachement et leur loyauté sont légendaires.
Un jour, en 1955, à Coeur d'Alene, en Idaho, un homme appelé Ken Wilson tente d'habituer un cheval à accepter une monture. Pendant ce temps, il ignore que, contrairement à toute attente, Stevie, son fils de trois ans, ne joue pas chez le voisin mais se promène, seul, dans les environs. Le pauvre enfant tombe dans l'eau d'un étang et s'y enfonce. Le seul témoin de cette catastrophe, Taffy, le chien du petit, se précipite au devant de M. Wilson, jappant à qui mieux mieux et réclamant une attention immédiate. Le père de Stevie reste d'abord imperturbable mais Taffy, qui mime tant bien que mal une noyade tout en continuant d'aboyer à pleins poumons, réussit à l'intriguer. Dans le désespoir de se faire comprendre, le chien fonce à toute vitesse sur le cheval et lui mord les pattes. Le cavalier réalise enfin que le chien s'efforce de lui dire quelque chose et il descend de selle. Sans perdre une seconde, Taffy se précipite en direction de l'étang et continue d'aboyer pour guider l'homme qui le suit tant bien que mal. Arrivant sur les lieux du drame, l'homme voit la Veste rouge de son fils flotter à la surface de l'eau. Réalisant enfin ce qui se passe, il plonge la tête la première dans l'eau de plus d'un mètre de profondeur, repêche son fils inconscient et le ramène à la surface. Stevie ne reprend conscience que six heures plus tard. En ouvrant les yeux, il Voit Taffy sagement assis au pied du lit.
Randy Saleh, un garçon de deux ans, habitait Euless au Texas. Un jour, il s'éloigne de la maison et, s'apercevant de son absence, ses parents appellent la police. Après deux heures de recherches, Randy reste introuvable. Morts d'inquiétude, ses parents remarquent que le chien du petit, un saint-Bernard appelé Ringo, manque aussi à l'appel. Ils se surprennent à souhaiter qu'il accompagne et protège leur fils.
Entre-temps, un embouteillage oblige un homme, Harley Jones, à arrêter sa voiture sur l'autoroute à environ un kilomètre de la maison des Saleh. Sortant de sa voiture, il demande à d'autres automobilistes s'ils connaissent la raison de cet arrêt. On lui répond qu'un "chien enragé" bloque la route. Curieux, M.Jones se rend sur les lieux pour se rendre compte lui-même. Il voit alors un saint-bernard résolument posté au beau milieu de l'autoroute, aboyant sauvagement et empêchant toute voiture de rouler dans un sens comme dans l'autre. Il remarque aussi que le chien protège un petit garçon qui joue innocemment en plein milieu de cette route généralement très fréquentée. Le chien arrêtait toute voiture qui tentait de continuer sa route, courant alors au petit pour le ramener au bord du chemin ; mais l'enfant, croyant qu'il s'agissait d'un jeu, revenait bien vite là où il ne devait pas se trouver.
M.Jones réussit à calmer le saint-bernard, en s'adressant à lui avec douceur. Le chien, cependant, s'est obstiné à rester en place tant que Randy n'était pas absolument hors de danger, c'est-à-dire loin de la route.
Je crois qu'il serait vain d'essayer de convaincre les parents de Randy que les animaux ne sont que des joujoux sans âme.
De tels incidents ont de quoi surprendre. Des chiens se sont montrés capables d'extirper des flammes leur maître en proie à la panique. Il ne saurait s'agir du fait de machines sans âme, dominées simplement par leurs instincts et leurs réflexes ; ce sont là des démonstrations de courage, de dévouement et d'amour désintéressé, d'intelligence et de bravoure en situation d'urgence.
Plus je m'informe, plus je ne peux m'empêcher de penser que les animaux sont capables de respecter toute forme de vie, même au-delà des frontières de l'espèce. Un vétérinaire va même plus loin en ce sens :
"Je peux citer l'exemple de chiens et de chats domestiques qui ont fait une dépression, pleurant lamentablement après le départ d'un autre animal de la maison, 'endormi' par ses maîtres parce qu'il était atteint d'une maladie incurable. Au moment où on tuait leur compagnon, on a remarqué chez chacun de ces animaux un changement de comportement aussi fort que subit. Un beau jour, la propriétaire de l'animal, ne sachant même pas que le vétérinaire venait de donner suite à sa demande une heure auparavant, téléphona au spécialiste pour lui signaler que, depuis une heure, son chat miaulait comme un fou et semblait désespéré."
II m'apparaît difficile de nier ces faits et de les attribuer uniquement à l'instinct animal. Il me semble plutôt qu'un fil serré relie tous les êtres à la grande chaîne de la vie.
Il y a environ deux ans, nombre de journaux reconnus relataient un événement curieux illustré par une photographie transmise par United Press International. Sur la photo, on voyait Carol Burk, son fils de 11 ans, Anthony Melton, et un cochon. La mère et son fils étaient allés se baigner dans un lac de Houston. S'étant un peu trop éloigné de la rive, le garçon a paniqué et commençait à couler. Son animal familier, la truie Priscilla, a sans nul doute ressenti sa détresse : elle s'est jetée à l'eau et s'est mise à nager dans sa direction. Anthony a réussi à surnager jusqu'à ce que l'animal parvienne à sa hauteur et le prenne en croupe. La mère d'Anthony a assisté, le souffle coupé, au sauvetage de son fils ramené à terre par Priscilla la truie.
En 1975, la victime d'un naufrage survenu au large de Manille a eu l'agréable surprise de voir une tortue de mer s'approcher d'elle pour lui offrir son aide. Etonnée, la dame en question est montée sur le dos de l'animal qui a fait alors ce qu'une tortue ne fait jamais, en principe. Les tortues de mer passent le plus clair de leur existence sous l'eau, mais notre héroïne a sans doute senti que la survie de notre naufragée dépendait d'elle. Elle est donc restée à la surface pendant plus de deux jours, sans même chercher à se nourrir, portant sa lourde charge et la maintenant ainsi en vie.
DES VOYAGES INCROYABLES
Les animaux nous ont si souvent donné la preuve de leur intelligence que, franchement, je m'interroge parfois sur celle de ceux qui tiennent absolument à les juger idiots. Nous connaissons tous des anecdotes sur des chiens parcourant de grandes distances en terre inconnue pour rejoindre leur maître. Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que ces récits sont documentés, vérifiés et, incroyable mais vrai, rigoureusement exacts. Par exemple, M. Robert Martin et sa femme ont déménagé de Des Moines pour s'installer à Denver. Max, leur berger allemand, préférait de beaucoup Des Moines. Il a parcouru, seul et dans la neige, les 1.200km qui séparaient les deux villes.
Un autre berger allemand, vivant en Italie, s'ennuyait de son maître, un homme qui venait de quitter Brindisi pour s'installer à Milan. Le chien a mis quatre mois à parcourir les 1.200km séparant ces deux lieux mais il y est arrivé et, par-dessus le marché, il a retrouvé son maître.
Plus remarquable encore, cette randonnée de 300km que décrit Sheila Burnford dans son ouvrage intitulé The Incredible Journey. Trois animaux - un vieux bull-terrier, un jeune labrador et, croyez-le ou non, un chat siamois - ont voyagé ensemble, prenant soin les uns des autres, et traversé les régions sauvages du nord de l'Ontario avant d'atteindre leur destination, 300km plus au sud. Je n'aurais jamais cru les chats capables de relever un tel défi. Je me trompais. De nombreux rapports bien documentés et authentiques parlent de chats traversant de grandes distances pour rejoindre leur maître. Le plus long voyage dont j'ai eu connaissance est aussi l'un des plus rigoureusement authentifiés.
Un vétérinaire new-yorkais venait de déménager en Californie à la suite d'un nouveau travail. Il avait laissé son chat à New York, espérant venir le chercher plus tard. Mais le chat ne l'a pas attendu et le vétérinaire a bien cru qu'il ne le reverrait jamais. Cinq mois plus tard, le chat entrait "calmement dans sa nouvelle demeure et s'est vite pelotonné dans son fauteuil favori". Comme vous l'imaginez bien, le vétérinaire n'en croyait pas ses yeux ! Pendant un moment, le choc était si intense qu'il est resté là, bouche bée. Etait-ce son chat ? Il s'est alors rappelé que le sien s'était déjà battu et qu'il avait été mordu à la queue ; la blessure y avait laissé une excroissance sur la quatrième vertèbre. Il s'approche donc du chat et tâte sa queue : c'était bien lui, la quatrième vertèbre portait la légendaire évidence !
Il est sans doute justifié d'envisager la possibilité que les animaux possèdent un type d'intelligence qui échappe à notre entendement. Le seul instinct explique mal de tels comportements.
AMOUREUSEMENT VOTRE
Les scientifiques qui se penchent sur les loups sont stupéfiés de constater à quel point ces animaux supposément sauvages arrivent à exprimer amour et tendresse. Gordon Haber les a observés pendant des décennies et on le reconnaît aujourd'hui comme le plus grand expert au monde en la matière.
Selon lui, leur caractéristique majeure est leur grand dévouement et leur profonde tendresse pour les leurs. Pour ne citer qu'un exemple, il a vu en Alaska un loup blessé par la ruade d'un caribou, l'épaule en lambeaux et en sang, boiter jusqu'à un abri et s'y coucher, consentant à mourir seul comme beaucoup d'animaux le font. Mais, chaque nuit, un autre loup rampait jusqu'à lui et le nourrissait en lui donnant des morceaux de viande ; il a continué à soigner le loup blessé jusqu'à ce qu'il guérisse.
La relation parent-enfant n'est pas le seul moyen dont disposent les animaux pour montrer leur affection. Beaucoup d'entre eux - y compris les castors, les oies, les aigles, les loups, les faucons, les pingouins, les lynx et les pumas - s'accouplent pour la vie à un seul compagnon. Ils se gardent hautement fidèles l'un à l'autre, parfois beaucoup plus que les humains peuvent l'imaginer, eux qui promettent de s'aimer jusqu'à ce que la mort les sépare mais ne tiennent pas toujours promesse. Les animaux peuvent souffrir justement parce qu'ils sont capables de donner et de recevoir de l'amour, et parce qu'ils en ont besoin.
LES DAUPHINS A LA RESCOUSSE
Longtemps, un dauphin appelé Pelorusjack a guidé les navires dans la French Pass, un mince détroit menant à l'île d'Urville en Nouvelle-Zélande. Des rochers et des courants extrêmement forts rendent ce passage très dangereux, et des centaines de navires s'y sont perdus corps et biens, mais jamais quand Pelorus Jack se montrait. Les vies qu'il a sauvées ne se comptent plus. Une goélette attachée au port de Boston, le Brindle, l'a aperçu pour la première fois à l'approche de la French Pass. Le voyant danser à l'avant du bateau, les membres de l'équipage ont d'abord voulu le tuer - heureusement, la femme du capitaine a réussi à les en dissuader. A leur plus grand étonnement, le dauphin s'est alors mis à les guider au travers de l'étroit passage. Pendant de longues années, il a continué de le faire pour presque tous les navires qui s'y engageaient. Son aide était si précieuse et si régulière qu'à l'approche du passage, les équipages scrutaient la surface de l'eau afin de l'apercevoir. S'ils ne le voyaient pas, ils l'attendaient avant d'affronter rochers et courants périlleux.
Par une triste journée, un matelot ivre dit "le Pingouin" prit un fusil et tira sur Pelorus Jack. La colère du reste de l'équipage était à son comble et, à la vue du dauphin s'éloignant dans une traînée de sang, certains matelots étaient tout près de lyncher le tueur. Le Pingouin a dû les aider à traverser le passage sans l'aide de Pelorus Jack, tout comme les navires qui s'y sont engagés au cours des semaines suivantes. Mais, un jour, le dauphin a refait surface, apparemment guéri de ses blessures. Selon toute vraisemblance, il avait pardonné au genre humain et s'était remis à la tâche. Toutefois, à chaque fois que le Pingouin revenait sur les lieux, le dauphin fuyait sans demander son reste. Pendant longtemps encore, Pelorus Jack a ainsi escorté les marins s'engageant dans la French Pass, mais plus jamais le Pingouin et l'équipage dont il faisait partie.
Evidemment, ils ont fait naufrage et nombre de passagers et membres d'équipage sont morts noyés parce que leur navire s'était engagé sans guide dans le périlleux passage.
Animal humain moi-même, j'apprécie les actes d'héroïsme qui sont le fait d'animaux ayant sauvé des vies humaines. Par ailleurs, complètement abasourdi devant le nombre incroyable d'animaux qui brisent les convenances pour sauver la vie d'autres animaux.
L'agence de nouvelles Tass, organe officiel du gouvernement soviétique, n'a pas l'habitude de relater des événements ayant un quelconque intérêt humanitaire. Pourtant, en septembre 1977, elle a rapporté un étrange incident survenu dans la mer Noire. Un bateau de pêche russe s'est trouvé entouré d'un groupe de dauphins qui semblaient vouloir attirer l'attention des pêcheurs à tout prix. Ces derniers ont donc jeté l'ancre. Comme s'ils s'attendaient précisément à les voir agir ainsi, les dauphins ont cessé leur manège et semblaient demander qu'on les suive. Stupéfaits et curieux, les marins ont obtempéré à leur requête et se sont laissés mener jusqu'à une bouée où un dauphin se démenait dans un filet. Comprenant enfin le comportement bizarre des dauphins, les hommes ont délivré leur ami. Par la suite, ils se sont laissés guider jusqu'à l'endroit exact où ils avaient jeté l'ancre. Dans ce cas-ci, les dauphins ont fait équipe avec des hommes pour sauver la vie de l'un des leurs, mais, aussi incompréhensible que cela puisse paraître, il arrive fréquemment qu'ils s'associent aux hommes pour venir à la rescousse d'autres espèces, notamment des cétacés.
Le 30 septembre 1978, quelque 50 globicéphales noirs ont échoué sur la côte néo-zélandaise, au nord de Auckland. Les fonctionnaires du Gouvernement ont tout mis en oeuvre pour les attirer vers la haute mer, sans quoi les cétacés allaient mourir. Rien n'y faisait. Les spécialistes ont eu alors l'idée d'attirer au port un groupe de dauphins qui passaient non loin de là. A la vue des globicéphales, les dauphins ont tout de suite compris ce qu'on attendait d'eux. Sans perdre une minute, ils ont regroupé les cétacés pour les guider vers la haute mer, leur sauvant ainsi la vie. Des dauphins ont aussi aidé des baleines à mettre leurs petits au monde. Quand les requins menacent, les dauphins entourent la mère et sa "sage-femme", formant un cercle protecteur autour de la parturiente en travail. Si les requins attaquent, les dauphins les menacent du bec.
Les dauphins ont sauvé tant de vies - humaines et animales - qu'ils mériteraient assurément le titre de "sauveteurs des mers". Nous devrions leur accorder ce titre, mais nous ne le faisons pas. En lieu et place, nous ne leur offrons que de l'indifférence.
TENDRES VOLAILLES
Nous sommes en 1950. Une vieille dame résidant à Hermitage et connue de tous sous le nom de tante Tess partage son logement avec son chat et son canari Bibs. Sa nièce et son mari habitent à quelque 100m plus bas et craignent que, à l'insu de tous, il n'arrive quelque accident à la vieille dame. Une nuit, un léger bruit les réveille. Il leur semble qu'on tape doucement à la fenêtre ; le bruit est faible et ils essaient de ne pas en tenir compte, mais les coups persistent. N'y tenant plus, la nièce se lève et va à la fenêtre. Elle tire les rideaux et aperçoit, très surprise, Bibs qui frappe les carreaux de toutes ses forces. L'oiseau n'avait jamais quitté la maison de sa maîtresse mais, ce soir-là, il a réussi à se frayer un chemin jusqu'à la résidence de la jeune femme. Malheureusement, il y a déployé toute son énergie. Sous l'oeil stupéfait de la jeune nièce, il s'effondre sur le rebord de la fenêtre. Elle et son mari se précipitent alors chez tante Tess et la trouvent inconsciente sur le sol. Elle saignait. Elle avait fait une mauvaise chute et aurait bien pu en mourir si on n'était venu à la rescousse. Le canari a donné sa vie pour sauver celle de sa maîtresse.
Floride: II y a quelques années, le Dr Peterson a remarqué une étrange activité chez les canards d'un lac sur sa propriété. Fasciné par ce qu'il voyait, il a entrepris une étude des canards et s'est vite aperçu qu'un des mâles (qu'il a appelé Jeannot-le-Canard) était mystérieusement et inlassablement attentif à une femelle, dite Marie-la-Cane. La saison des amours n'étant pas encore commencée, le Dr Peterson n'arrivait pas à s'expliquer ce comportement. Curieux, il a continué ses observations afin de connaître le fin fond de l'histoire. Un jour, Jeannot-le-Canard délaisse sa petite amie ; sans perdre une seconde, le Dr Peterson s'en approche, la prend au filet et l'examine attentivement pour constater qu'elle est aveugle. Sidéré, il la relâche.Un moment plus tard, Jeannot-le-Canard réapparaît et reprend aussitôt sa vigie auprès de sa congénère. Puis, ce canard-voyant lança une série de coin-coin rassurants avant d'emmener son amie aveugle plus loin.
Un naturaliste a donné à une poule 21 oeufs de pintade qu'il avait trouvés, simplement pour voir ce qui arriverait. Ces petits oeufs à coquille dure ne ressemblent en rien à des oeufs de poule. La poule a pris néanmoins sa tâche à coeur ; elle est arrivée tant bien que mal à s'occuper des 21 oeufs sans l'ombre d'une protestation. Sachant qu'elle possédait les notions traditionnelles de son espèce, j'ai d'abord cru qu'elle était trop stupide pour s'apercevoir que ces oeufs n'étaient pas les siens. Lorsque les oeufs ont éclos, elle n'a semblé aucunement perturbée par le fait que les oisillons n'étaient pas des poussins. Leur allure de petits perdreaux aux manières étranges ne lui posaient manifestement aucun problème. Là encore, j'ai cru que la poule était tout simplement trop stupide pour remarquer qu'il ne s'agissait pas de poussins. Eh bien ! je me trompais. Elle avait en effet, bien plus que moi, le sens des réalités. Quelques jours plus tard, elle a emmené les petites pintades près d'un buisson et, au lieu de leur imposer la pâtée qu'on donne habituellement aux poulets, elle s'est mise à creuser dans une fourmilière à la recherche de nymphes blanches. Les poulets ne mangent pas d'aliments de ce genre, mais les pintades, oui ! Les petits s'en sont régalés.
Comment pouvait-elle savoir ? De quel génie faisait-elle preuve ? Son écoute lui a-t-elle permis de recevoir quelque message de leur psyché collective ? Voilà qui dépasse les possibilités humaines !
Lors d'une autre expérience, un naturaliste a donné à une poule des oeufs de canard. Elle les couva comme s'ils étaient les siens et ne fut pas du tout déconcertée lorsque des canetons et non des poussins montrèrent le bec. Elle réussit plus tard à faire quelque chose qu'aucune autre poule de la région n'avait jamais fait auparavant. Elle monta sur une planche faisant office de pont au-dessus d'un ruisseau puis, en gloussant, elle invita les petits canetons à entrer dans l'eau. J'ignore comment ces mères poules ont su quoi faire pour les bébés d'une autre espèce qu'elles avaient couvés. Mais elles y sont parvenues d'une manière ou d'une autre. Il semble que l'expression "prendre sous son aile" reflète avec justesse une protection soucieuse et sensible.
L'INTELLIGENCE
Des recherches très poussées sur les cerveaux humain et animal, et pour la plupart motivées par un vif désir de trouver une cause biologique à la croyance selon laquelle l'intelligence animale n'a rien à voir avec celle de l'homme, ont été menées par plusieurs chercheurs. Rien de clair et net n'est ressorti de ces analyses. En comparant la "structure et la fonction du cerveau humain et de celui des autres animaux", les hommes de science ont toutefois découvert que les hommes et les animaux : "... différaient beaucoup moins qu'on est porté à le croire ; aussi surprenant que cela puisse paraître, les similitudes sont plus nombreuses que les différences... Une étonnante similitude entre le cerveau de l'homme et celui des autres mammifères se constate lors de la stimulation électrique du cerveau par encéphalogramme. Par exemple, un chien émet les mêmes ondes électriques que l'homme à l'état de veille, de sommeil léger, de rêve profond et de rêve éveillé. Aussi, la chimie des systèmes nerveux et endocrinien de l'homme et des animaux ne comporte-t-elle aucune différence significative. La biochimie des états physiologiques et émotifs (notamment du stress et de l'anxiété) de l'homme et de la souris diffère très peu."
Le traitement que nous infligeons aux animaux détermine nos rapports avec nos semblables. Une recherche soviétique, publiée dans Ogonyok, montre que 87% des criminels d'un groupe avaient, pendant leur enfance, brûlé, pendu ou poignardé des animaux domestiques. Aux Etats-Unis, une importante étude, menée par le Dr Stephen Kellert de l'université Yale, montre à son tour que les enfants qui font du mal aux animaux ont tendance à devenir de dangereux criminels.
Des études portant sur nombre de prisonniers américains révèlent que presque aucun n'a pris soin d'un animal familier dans son enfance. Aucun n'a eu la chance d'apprendre à respecter et à soigner une créature vivante tout en se sentant heureux de le faire.
Il est toutefois possible d'arriver à modifier de tels comportements, même chez un criminel. On a permis à des prévenus d'avoir des chats dans leur cellule peu avant leur libération. Résultat ? "Parmi ceux qui ont aimé et soigné leur chat, aucun n'a échoué sa réinsertion sociale", et ceci dans un système pénal où on estime que 70% des prévenus retournent en prison.
MON REVE
Je rêve de voir l'espèce humaine comprendre que l'esprit qui nous anime anime aussi les animaux. Dans mon rêve, nous savons tous qu'il existe de nombreuses formes d'intelligence, d'âmes, mais aussi de souffrances et d'espérances. Je nous vois, chacun de nous sachant que toute créature est dotée du même désir de vivre. Je nous vois respecter le leur, tout comme nous aimerions que le nôtre le soit si nous étions, nous, les êtres inférieurs et eux les maîtres sur Terre.
Je nous vois réconfortés par la présence de ces merveilleux compagnons. Je vois nos vies enrichies de leur seule présence. Je nous vois entourés de nombreux animaux. Je vois nos villes embellies d'espaces verts sauvages, de berges, de parcs, de ravins et de canyons où peuvent vivre les animaux. Je vois toutes les formes de vie travailler en harmonie à la préservation et à l'épanouissement des ressources de la planète.
Je nous vois apprécier les différents besoins, les différentes formes d'intelligence et les différents rôles des animaux. Je nous vois sentir intuitivement leurs façons particulières de sentir, penser, souffrir et aimer.
Je nous vois apprendre à traiter avec respect ces animaux qui sont, dans la nature, nos frères et nos sœurs. Je nous vois comprendre que, eux aussi, ils expriment à leur manière la grande force universelle. Je nous vois agir sachant que le même souffle divin leur a donné la vie.
e nous vois comprendre que toutes les créatures de Dieu ont une place sous le Soleil.
John Robbins
Lettre d’un père à sa fille végétarienne
Source
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...Lettre émouvante, lettre plein d'espoir
Parmi la quantité de lettres que j'ai reçues depuis que j'ai écrit "Se nourrir sans faire souffrir" (Diet for a New America), il y en a une que j'aimerais partager avec vous. Je l'ai reçue au milieu des années 90, d'un homme de San Francisco en Californie. Elle représente, du moins pour moi, un message d'espoir pour nous tous. - John Robbins
Votre livre "Se nourrir sans faire souffrir" a eu toute une influence sur ma famille. Il y a deux ans, j'aurais aimé vous tuer à cause d'elle. Je suis un homme qui a énormément de succès dans la vie. Je suis habitué à ce que l'on agisse selon mes désirs. Quand ma fille Julie était adolescente, elle m'a annoncé qu'elle voulait devenir végétarienne. Elle avait lu votre livre. J'ai pensé que c'était ridicule et j'ai insisté pour qu'elle arrête ces absurdités. Lorsqu'elle n'obéissait pas, je me mettais en colère. "Je suis ton père, lui disais-je, et je sais mieux que toi." - "Je suis ta fille, me répondait-elle, et c'est ma vie."
Nous nous sommes querellés souvent à ce sujet. Nous ne nous entendions pas très bien, il y avait des tensions entre nous, mais elles semblaient toujours survenir à cause de ces débats sur le végétarisme. Ça me rendait fou. Selon moi, elle était irrespectueuse et obstinée, et elle voulait seulement que l'on agisse selon ses désirs. Elle disait la même chose à mon sujet. Au début, ma femme et moi la forcions à manger de la viande, mais elle rouspétait tellement que l'heure des repas était complètement ruinée. Alors éventuellement, plein de ressentiment, nous avons capitulé et lui avons permis de manger ses repas végétariens. Mais je lui ai laissé savoir ce que je ressentais à ce sujet. "C'est correct d'être un idéaliste, lui disais-je, mais tu dois garder les pieds sur terre." - "C'est correct d'être un avocat, m'a-t-elle dit, mais tu dois garder ton cœur ouvert." C'était terriblement exaspérant.
Une année, pour mon anniversaire, elle m'a préparé un petit-déjeuner au lit. Mais il n'y avait ni bacon, ni saucisse, ni même des oeufs. Cela a fait une autre histoire. Je lui ai rappelé que c'était mon anniversaire, pas le sien. Elle a commencé à m'expliquer comment les cochons et les poules étaient traités, citant chapitre et verset de votre livre. Ceci n'était pas la première chose que je voulais entendre, le jour de mon anniversaire. Après ses études secondaires, Julie quitta la maison. En fait, j'en étais content parce que j'en avais par-dessus la tête de cette situation. Il en était question à chaque repas. Je voulais qu'elle mange de la viande et elle refusait. Elle voulait que j'arrête de manger de la viande et je refusais. Il n'y avait aucun moment de paix. Mais après son départ, je me suis ennuyé d'elle.
Plusieurs années plus tard, Julie s'est trouvée un mari et peu de temps après le mariage, elle tomba enceinte. Quand notre petit-enfant est né, j'étais fou de bonheur. Mais bien sûr, ça ne dura pas. Comme de fait, Julie voulait que son fils, notre petit-fils, soit végétarien. Cette fois-ci, je fis acte d'autorité. "Tu peux ruiner ta vie si tu le veux, lui dis-je, mais tu ne peux ruiner la santé de ce petit garçon innocent." Selon moi, ce qu'elle faisait était de l'abus d'enfant. J'ai même considéré appeler les Services sociaux. Je croyais qu'ils la forceraient à nourrir convenablement notre petit-fils, ou bien ils enlèveraient celui-ci de sa domination. Ce n'est seulement parce que ma femme m'en a empêché que je n'ai pas fait cette démarche. Même si je me rendais compte que je pouvais (à peine) tolérer que Julie soit végétarienne, je ne pouvais simplement pas accepter qu'elle fasse cela à notre petit-fils.
Avec le temps, la situation est devenue tellement horrible qu'elle a totalement refusé de me voir. Non seulement cette stupide obsession à propos du végétarisme me coûtait-elle ma relation avec ma fille, elle me coûtait aussi ma relation avec mon petit-fils parce qu'elle ne venait maintenant plus nous le porter, ni même me laissait-elle les visiter. J'étais complètement coupé de sa vie. Par contre, j'ai pensé que je devrais au moins "garder la porte ouverte" alors par l'entremise de ma femme (Julie ne voulant même plus me parler), je lui ai demandé ce qu'elle voulait pour son anniversaire. Elle a dit que ce qu'elle souhaitait le plus était que je lise votre livre, "Se nourrir sans faire souffrir". Je lui ai dit que cela serait impossible parce que ça demandait beaucoup trop de temps. Elle me dit alors que si véritablement je le lisais, pour chaque heure que j'y mettrais, elle me laisserait voir mon petit-fils pour le même nombre d'heures.
Elle est intelligente. Elle sait où sont mes points faibles... Alors, Monsieur Robbins, j'ai lu votre livre. Je l'ai lu au complet, j'ai lu chaque mot. Ce qui m'a le plus marqué fut votre description du traitement réservé aux animaux à notre époque. Je n'avais aucune idée que ce fut si grave. C'est abominable et je suis d'accord avec vous qu'on ne doit pas permettre à ceci de continuer. Je reconnais la cruauté quand je la vois, et celle-ci est extrême. Je l'ai appelée quand j'eus terminé ma lecture. "Je t'ai dit de ne pas m'appeler', m'a-t-elle dit aussitôt qu'elle sut que c'était moi. "Oui, lui répondis-je, mais j'ai lu le livre, et je veux que tu viennes souper et que tu amènes ton garçon." Monsieur Robbins, je suis un homme orgueilleux et ce que j'ai dit ensuite n'a pas été facile pour moi à dire.
Mais je savais qu'il me fallait le faire et je l'ai fait. "Très chère Julie, ai-je dis, s'il te plaît, pardonne-moi. Il n'y aura pas de dispute si tu viens. J'ai commis une grave erreur et je le comprends maintenant. Si tu viens, aucune viande ne sera servie, à personne." Il y eu un silence à l'autre bout de la ligne. J'ai appris plus tard qu'elle pleurait, mais je ne le savais pas à ce moment-là. Je savais seulement que je devais dire autre chose. "Et il n'y aura plus jamais de viande servit dans cette maison provenant d'élevages industriels", dis-je. "Tu blagues ?" demanda-t-elle, n'en croyant pas ses oreilles. "Je ne blague pas, je suis sincère." - "On viendra" dit-elle.
Et j'étais sincère. Aucune viande n'a été servie ici depuis. Nous ne l'achetons simplement pas. Julie nous enseigne comment manger des végéburgers, du tofu et une variété d'autres choses que j'avais l'habitude de ridiculiser. Depuis ce temps, ils sont venus partager plusieurs heureux repas, et pleins d'autres occasions heureuses aussi. Monsieur Robbins, pouvez-vous comprendre ce que cela représente pour moi ? J'ai retrouvé ma fille, et aussi mon petit-fils. Ma fille est une personne merveilleuse. Et notre petit-fils n'a pas encore eu un seul rhume ou otite ou toute autre maladie que les enfants ont l'habitude d'avoir. Elle dit que c'est parce qu'il se nourrit si bien. Je dis que c'est parce qu'il a la meilleure mère du monde. Ce qu'on fait à ces animaux est immoral, terriblement et horriblement immoral. Vous avez raison. Les animaux ne devraient jamais être traités de cette façon. Jamais. Jamais. Jamais. Jamais. Jamais.
Maintenant, quand Julie dit que les animaux sont ses amis et qu'elle ne mange pas ses amis, je n'argumente pas, comme j'avais l'habitude de le faire. Je ne fais que sourire, heureux de ne plus être en conflit avec une personne aussi spéciale. Et je suis fier de pouvoir regarder mon petit-fils dans les yeux et de savoir que j'aide à faire de ce monde, un monde meilleur pour lui.
Couverture de l'édition 1991
2 commentaires:
dommage, il est introuvable, je continue à chercher mais bon.
on le trouve en anglais "diet for a new america"
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