09 octobre 2011

Le projet grands singes, de Paola Cavalieri et Peter Singer

Le projet grands singes
L'égalité au-delà de l'humanité

Sous la direction de

Paola Cavalieri et Peter Singer


Le Projet Grands Singes (GAP - Great Ape Project) est un projet révolutionnaire : étendre les droits fondamentaux de la personne humaine au-delà de notre espèces, pour en faire bénéficier les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outans. Pourquoi un tel projet ? De la tribu à la nation et de la "race" à l'espèce humaine tout entière, en passant par l'émancipation des esclaves et par l'émancipation de la femme, la sphère de l'égalité morale s'est élargie au cours de notre Histoire. Selon les auteurs de ce livre, il est temps de franchir une nouvelle étape dans ce processus et de cesser de tracer inconsciemment, selon un critère d'espèce, les mêmes barrières mentales que celles que certains traçaient naguère selon un critère de tribu, de race ou de nation.

Cette édifiante série de 31 essais, rédigés par de célèbres spécialistes de diverses disciplines - éthologues, biologistes, philosophes, etc - remet en question bien des idées reçues. Expériences vécues, observations scientifiques, argumentations juridiques, raisonnements philosophiques et considérations d'éthique, c'est un tour d'horizon complet de la question des droits des grands singes qui nous est proposé ici.

Le projet grands singes : L'égalité au-delà de l'humanité, Direction : Paola Cavalieri et Peter Singer, Auteurs : Jane Goodall, Francine Patterson, Richard Dawkins, Jared Diamond, Douglas Adams, Lyn Miles, Toshisada Nishida, Marc Bekoff, Tom Reagan, Peter Singer, Roger et Deborah Fouts, et autres collaborateurs, Traduction : Marc Rozenbaum, Editions One voice, 2003, 360 pages

A propos des auteurs

Paola Cavalieri est l'auteur de "The Animal Question" (OUP, 2001).

Peter SInger, philosophe et spécialiste de la bioéthique, est l'auteur de "La Libération Animale". Il enseigne à l'Université de Princeton, aux Etats-Unis.

Pour en savoir plus

- Le site Great Ape Project
- La boutique One Voice où vous pourrez commander le livre
- La note de lecture de Sébastien Arsac
- Le texte fondateur du Great Ape Project
- Le dossier One Voice Sauver les grands singes

Le projet grands singes : vers une communauté des égaux
Un extrait du dossier One Voice
Sauver les grands singes

The Great Ape Project (GAP), en français Le Projet Grands Singes est à la fois une idée, une organisation et un livre, publié pour la première fois en 1993, dont le coeur est la déclaration sur les grands singes. Elle demande à ce que l’homme et les autres grands singes constituent ensemble une communauté des égaux. A titre d’argumentaire, le livre rassemble 31 articles, dont les auteurs sont des biologistes, philosophes, anthropologues ou psychologues ayant ratifié la déclaration. Parmi eux, on retrouve Jane Goodall, spécialiste internationalement reconnue pour son étude sur les chimpanzés sauvages, Francine Patterson, Roger Fouts et Lyn Miles, qui ont appris le langage des signes à des grands singes, Toshisada Nishida, spécialiste japonais des chimpanzés, et d’autres sommités telles que Richard Dawkins ou Marc Bekoff. Ce projet a été initié par Paola Cavalieri, philosophe italienne, et Peter Singer, philosophe australien connu pour son engagement en faveur des droits pour les animaux et dont l’ouvrage La Libération Animale fait figure de référence dans le domaine.

Plus que des gènes

Le Great Ape Project se base sur le fait qu’hommes et grands singes partagent plus qu’une partie de leur patrimoine génétique. Il est aujourd’hui scientifiquement démontré qu’ils ont une vie riche en expériences culturelles et émotionnelles, et connaissent des sentiments tels que la peur, l’anxiété ou le bonheur. Ils partagent avec nous des compétences intellectuelles leur permettant de créer et d’utiliser des outils, d’apprendre et d’enseigner d’autres langages. (www.greatapeproject.org)

Un principe naturel

Pour ces raisons, il n’est pas possible de continuer à tolérer qu’on leur impose souffrances et emprisonnement pour quelque raison que ce soit. Comme nos enfants, comme les personnes souffrant d’un handicap mental, nous nous devons de les protéger. Comme eux, ils doivent avoir des droits, que nous nous chargerons de faire respecter. Le principe de base de la communauté des égaux n’a rien d’exceptionnel, c’est le droit de vivre, libre et sans tortures. Ce droit est naturel, c’est celui des origines, avant que l’homme ne réduise en esclavage tous les êtres qu’il jugeait inférieur.

Au-delà

Au-delà des grands singes, l’acceptation de cette déclaration constituerait une évolution fondamentale pour l’homme. En les accueillant dans une communauté des égaux, l’humain renouerait avec sa nature originelle. Il ne serait plus l’« Homme » mais une espèce de primates, et dès lors la barrière spéciste pourrait s’effondrer. L’espèce humaine serait celle dont l’évolution a permis l’abolition de toute forme de cruauté envers les autres espèces, parce qu’elle sait, parce qu’elle comprend, parce qu’elle a le choix...

Déclaration sur les grands singes

Nous demandons l’extension de la communauté des égaux à tous les grands singes : êtres humains, chimpanzés, gorilles et orangs-outans.

La « communauté des égaux » est la communauté morale à l’intérieur de laquelle nous admettons que nos relations doivent être gouvernées par certains principes moraux ou certains droits fondamentaux, garantis par la loi.

Ces principes et ces droits sont notamment les suivants :

1. Le droit à la vie

La vie de chaque membre de la communauté des égaux doit être protégée. Aucun membre ne peut être tué, sauf dans des circonstances très précisément définies comme par exemple la légitime défense.

2. La protection de la liberté individuelle

Les membres de la communauté des égaux ne doivent pas être privés de liberté de manière arbitraire. Si un membre se trouve être détenu sans procès légal, il a droit à une remise en liberté immédiate. La détention de quiconque n’a été convaincu d’aucun crime, ou ne peut être tenu pour responsable d’un crime, ne peut être permise que lorsqu’elle représente effectivement l’intérêt de l’individu concerné, ou lorsqu’elle se révèle nécessaire pour protéger le public d’un membre de la communauté qui, laissé en liberté, représenterait, de manière sûre, un danger pour autrui. Dans un tel cas, les membres de la communauté des égaux doivent avoir le droit de faire appel devant un tribunal, soit d’eux-mêmes soit par l'intermédiaire d’un avocat s’ils n’ont pas la capacité de le faire eux-mêmes.

3. La prohibition de la torture

Le fait d’infliger délibérément à un membre de la communauté des égaux une douleur sérieuse, que ce soit de manière gratuite ou au bénéfice allégué des autres, est considéré comme une torture et n’est pas admis.

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2 commentaires:

Animalfriend a dit…

Bonjour,il me semble que dans la déclaration des grands singes,il manque gibbons et Bonobos;-) et pourquoi ne pas étendre cela.aux petits singes,cercopithèques,colobes,oustitis,capucins,atèles etc...voir â l'ensemble des animaux?

Marc Rozenbaum a dit…

Bonjour, les bonobos sont inclus dans la désignation "chimpanzés". D'ailleurs, la photo de couverture représente un bonobo. Quant à votre question concernant l'extension de la sphère morale au-delà de ce seul petit groupe d'espèces, elle est traitée par les auteurs.