Les animaux ont-ils une âme ?
de Gary Kowalski
préface de John Robbins
photographies de Art Wolfe
de Gary Kowalski
préface de John Robbins
photographies de Art Wolfe
(Petit up de cette note
à l'occasion de la parution de
Adieu, mon ami, de Gary Kowalski)
Adieu, mon ami, de Gary Kowalski)
"Je dédie ces pages avec amour et affection aux animaux du monde, mais tout particulièrement à mon guide spirituel. D'aucuns ont des maîtres à penser, des mentors et des professeurs. Moi, j'ai un sacré bâtard."
Gary Kowalski
Les animaux jouent-ils ? Rêvent-ils ? Ont-ils le sens de la mort ? du bien et du mal ? de la création artistique ? Connaissent-ils l'amour ? Ont-ils connaissance d'eux-mêmes ?
Voilà bien les caractéristiques si humaines de toute vie spirituelle. Mais sommes-nous les seuls sur terre à avoir une vie intérieure et spirituelle intense ?
Certes, personne ne peut prouver que les animaux ont une âme. Mais en ouvrant notre coeur aux autres créatures, à leurs joies et à leurs luttes, nous découvrons qu'elles ont le pouvoir de nous toucher et de nous transformer. Il y a en eux une intériorité qui éveille ce qu'il y a de plus profond en nous.
Accorder aux animaux le droit à une démarche spirituelle, c'est donner une nouvelle dimension à notre perception de la planète Terre : plus d'amour, de respect, de compassion, mais aussi de joie et d'harmonie.
Voici un livre écrit avec coeur et passion. Ces anecdotes attachantes et inoubliables vous feront voir avec des yeux nouveaux et émerveillés les animaux qui vous entourent.
"Gary Kowalski nous donne ici des yeux neufs pour observer le monde avec révérence et respect et nous permettre de participer au potentiel sacré de la création." - John Robbins.
Les animaux ont-ils une âme ?, Gary Kowalski, Photographies (en noir et blanc) : Art Wolfe, Préface : John Robbins, Editions Jouvence, 1993, 108 pages
A propos de l'auteur
Gary Kowalski a été prêtre de l'Eglise universaliste à Memphis et Seattle (USA). Il a écrit plusieurs livres pour défendre les animaux. Il est donc particulièrement qualifié pour reconnaître le sens de la spiritualité chez les animaux.
Voir également
- Adieu, mon ami, de Gary Kowalski
- L'âme des animaux, de Jean Prieur
- Oui, nos animaux ont une âme, de Françoise Lamy
- Se nourrir sans faire souffrir, de John Robbins
- Cache-cache, d'Art Wolfe et Barbara Sleeper
- Libres et sauvages, d'Art Wolfe
- Regard sauvage, d'Art Wolfe
Le sommaire
Remerciements
Préface de John Robbins
Introduction
- Qu'est-ce que la spiritualité ?
Ch.1 Tous mortels
- Les animaux ont-ils conscience de la mort ?
Ch.2 Dieux, lutins et petits hommes verts
- Les animaux ont-ils le sens du mystère ?
Ch.3 Des coeurs mélodieux
- Pourquoi les oiseaux chantent-ils ?
Ch.4 L'art pour le plaisir de l'art
- Pourquoi les animaux dessinent-ils ?
Ch.5 Evolution du sens moral
- Les animaux ont-ils le sens du bien et du mal ?
Ch.6 Partenaires à vie
- Les animaux connaissent-ils l'amour ?
Ch.7 Le jeu pour le plaisir du jeu
- Pourquoi les grues blanches américaines dansent-elles ?
Ch.8 Les yeux de l'espoir
- Les animaux ont-ils conscience d'eux-mêmes ?
Ch.9 Le reflet du moi
- Perdrions-nous notre âme dans un monde sans animaux ?
Ch.10 Quelqu'un et non quelque chose
- Les animaux ont-ils une âme ?
Photographies de Art Wolfe (en noir et blanc) : Puma, gorille des plaines, chien, loriot à tête jaune, éléphant africain, ours brun, phoque (éléphant de mer), grues blanches américaines, renard roux, chimpanzé, jeunes chouettes.
Avez-vous remarqué comme les enfants sont souvent fascinés et enchantés par les animaux ? On dirait que se créent entre eux et les autres créatures une parenté, un lien affectueux qui contribuent à leur entité et à leur identité. Vous rappelez-vous la première fois que vous avez vu un éléphant ? Ou une girafe ? C'était alors une véritable révélation et une jubilation émerveillée.
Mais la société des adultes voit les animaux autrement, comme des commodités ou des ressources, des choses, des objets, ou des outils. Nous les utilisons, nous les mangeons, nous les employons pour nos expériences. Ils ont cessé de nous enchanter et de nous ravir. Nous ne les percevons plus que comme des moyens d'aboutir à nos fins - et nous ne soupçonnons pas ce que nous avons perdu.
Les animaux ont-ils une âme ? est un livre éloquent qui peut nous aider à renouer avec les créatures merveilleuses et mystérieuses partageant avec nous l'aventure de cette planète. C'est un beau livre réparateur, car il nous fait prendre conscience de la nécessité d'ouvrir les yeux si nous voulons vivre en harmonie avec le monde naturel.
Il ouvrira aussi votre coeur et votre esprit à tous ces compagnons qui volent, marchent, rampent et peuplent notre belle terre.
Ann Mortifee a écrit : "Nous ne pouvons entrevoir un lendemain lumineux avec les yeux d'hier." Gary Kowalski nous donne ici des yeux neufs pour observer le monde avec révérence et respect et nous permettre de participer au potentiel sacré de la création.
C'est un bonheur de vous présenter ce trésor. Les animaux ont-ils une âme ? parle de la parenté de toutes les formes de vie. Ignorant l'isolement et l'aliénation, il nous fait découvrir le sentiment d'appartenance à la communauté terrestre. Il nous invite à prendre notre place avec égards et considération dans le grand conseil des êtres vivants.
John Robbins
p14 ./. Sans tomber dans l'anthropomorphisme, nous pouvons admettre que nos compagnons non humains partagent certaines de nos caractéristiques. Ils ont une vie affective, ils éprouvent l'amour et la peur, ils ont leur propre intégrité et souffrent lorsqu'elle n'est pas respectée. Ils jouent et sont curieux du monde qui les entoure. Ils sont capables de loyauté et d'altruisme. Ils ont une "foi animale", une spontanéité et une authenticité qui peuvent être très enrichissantes.
Le comportement des animaux me semble témoigner d'une âme, qui n'est pas une chose visible ou mesurable. Nous ne pouvons qu'en observer les manifestations extérieures : dans les larmes et le rire, le courage et l'héroïsme, dans la générosité et l'indulgence. L'âme se cache dans les coulisses des moments tendres ou difficiles où nous sommes le plus intensément et le plus passionnément vivants. ./.
p15 ./. Les humains ont toujours su qu'ils avaient beaucoup à apprendre de l'équilibre et de l'harmonie des animaux. "Demandez aux bêtes, et elles vous enseigneront", conseille le livre de Job. Les autres créatures ont peuplé la Terre bien avant nous. Leur instinct et leur adaptation à la vie sont souvent plus sains que les nôtres. "Au début de toute chose", disait le chef Pawnee Letakots-Lesa, "la sagesse et le savoir étaient avec les animaux. Car Tirawa, l'Etre d'en haut, ne parlait pas directement aux hommes. Il envoya des animaux leur dire qu'il se montrait à eux à travers les bêtes et qu'à travers elles, à travers les étoiles et le soleil et la lune, l'homme devrait apprendre." L'idée que d'autres êtres vivants puissent être nos guides spirituels n'est donc vraiment pas nouvelle.
Ce livre veut examiner jusqu'à quel point les animaux sont nos compagnons d'âme et de route et partagent ce qui, en nous, est le plus profondément humain. Chaque chapitre explore un aspect de l'expérience animale. Pourquoi les animaux jouent-ils ? Quels sont leurs craintes et leurs rêves ? Comment voient-ils le monde ? Jusqu'à quel point leurs expériences se rapprochent-elles des nôtres ?
Certes, ce livre soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Mais si ces questions peuvent nous rendre plus réfléchis et plus respectueux des autres créatures habitant cette terre, nageant dans ses océans, volant dans son atmosphère, alors ce livre aura touché son but. Car je suis persuadé que si nous voulons préserver notre domaine - la Terre - pour les générations à venir, nous devons revenir au respect de toute la famille terrestre.
Je dédie donc ces pages avec amour et affection aux animaux du monde, mais tout particulièrement à mon guide spirituel. D'aucuns ont des maîtres à penser, des mentors et des professeurs. Moi, j'ai un sacré bâtard.
p20-p21 ./. D'autres animaux ressentent-ils le chagrin ? Nous savons, bien sûr, que les gens pleurent leurs animaux familiers. Les fidèles de ma congrégation viennent souvent chercher un réconfort près de moi quand leurs compagnons animaux disparaissent. La perte d'un chien ou d'un chat peut être un choc qui nous attriste forcément. Mais je fus vraiment stupéfait lorsque j'entendis pour la première fois l'histoire de Koko, un gorille pleurant son chaton familier. Elle m'a convaincu que la mort suscite des sentiments profonds chez les animaux comme les hommes.
Koko, un gorille femelle des plaines, a été pendant presque vingt ans le sujet de la plus longue étude du monde sur le langage des primates. Au lieu de mots, elle communique par un langage de signes appelé ameslan (abréviation de American Sign Language). Son professeur, le docteur Francine Penny Patterson de la Gorilla Foundation de Californie, lui a appris à maîtriser un vocabulaire de plus de 500 mots. C'est ainsi que Koko informa Penny qu'elle voulait un chat pour son anniversaire. Pour le mot chat, elle imite les moustaches en mettant deux doigts en travers de ses joues.
Un jour, quelqu'un apporta une portée de trois chatons à Woodside où vit Koko, en Californie. Les chatons avaient été abandonnés à la naissance. Leur "mère adoptive", un terrier, les avait allaités pendant le premier mois de leur vie. Les manipulant avec la délicatesse particulière aux gorilles, Koko choisit l'un d'eux, un petit chaton gris sans queue. Elle baptisa son petit ami "All Ball" ("tout en boule").
Koko était heureuse avec son chaton, le reniflant et le caressant doucement. Elle le transportait sous le bras et, essayant de le traiter comme un bébé gorille, elle eut la surprise de découvrir que les chatons mordillent. Quand All Ball la mordait, elle faisait le signe "sale" et "WC", expressions habituelles de sa désapprobation. En peu de temps, Koko demandait au chaton de la chatouiller - un des jeux favoris des gorilles. "Apparemment, Koko croit que les chats peuvent faire la plupart des choses qu'elle fait elle-même", déclare Penny. "Doucement/bien/chat", disait Koko.
Mais All Ball s'échappa une nuit de la fondation et fut écrasé par une voiture. Quand Koko apprit l'accident, elle réagit d'abord comme si elle n'avait pas entendu ou pas compris. Puis quelques minutes plus tard, elle commença à gémir avec des sanglots aigus. Par la suite, lorsqu'on mentionnait le chaton, elle répondait "triste/sourcils froncés" et "sommeil/chat". Pendant environ une semaine après le décès de All Ball, Koko gémit chaque fois qu'on parlait du chaton.
Il était clair que le chat lui manquait. Mais que comprenait-elle de ce qui était arrivé ? Heureusement, il était possible de le lui demander. Maureen Sheehan, de la Gorilla Foundation, interrogea Koko sur ses sentiments vis à vis de la mort.
"Où vont les gorilles quand ils meurent ?", demanda Maureen.
Koko répondit : "Confortable/trou/au revoir" (en faisant le signe pour embrasser une personne qui s'en va).
"Quand est-ce que les gorilles meurent ?", demanda-t-elle ?
Koko répondit : "Ennuis/vieux."
"Quand les gorilles meurent, sont-ils heureux, tristes, effrayés ?"
"Sommeil", répondit Koko.
Quand un être cher meurt, non seulement les gorilles le pleurent ; mais ils peuvent, comme les humains, réfléchir à leur propre mort. ./.
p25-p26 ./. Comment pouvons-nous, sans hésitation, arracher un autre animal à la vie ? Comment pouvons-nous le tuer sans nous interroger sur la détresse qui s'emparera de son compagnon et de sa progéniture ? Selon le langage mystique de Saint Paul, "toute la création gémit de douleur" sous le poids des malheurs et de la mort. En écoutant attentivement, peut-être entendrions-nous ces gémissements des animaux, implorant notre miséricorde et notre soutien.
Humains ou non, nous sommes tous mortels, liés par la fraternité des peines et de l'amour. Aucun n'échappe à la mort ; mais la sollicitude peut rendre nos adieux moins déchirants. Et par une profonde compassion, nous pouvons rendre la vie moins cruelle.
p30 ./. Nous savons que la plupart des oiseaux et des mammifères rêvent. Du moins, on peut observer chez eux les mouvements oculaires rapides associés au rêve chez les humains. (Le tatou est une exception totalement inexpliquée.) Des oiseaux imitateurs, tels que les perroquets et les mainates, peuvent parler pendant leur sommeil. J'ai souvent vu mon chien, les yeux fermés, retrousser les lèvres, tendre l'oreille et tressaillir des pattes comme s'il chassait un écureuil imaginaire sur les chemins de sa nuit. ./.
p38-p39 ./. Les oisillons commencent à chanter comme les jeunes enfants commencent à parler : par une exploration libre et souple des sons. Plus que toutes autres créatures, les oiseaux "jouent" avec les sonorités - non seulement avec celles de leur propre voix, mais aussi avec celles qui résultent de la manipulation de leur environnement. Les chercheurs relatent maints exemples d'oiseaux chantants prenant et laissant inlassablement tomber des objets, apparemment pour le seul plaisir d'entendre tinter et résonner le monde qui les entoure. ./.
p39 ./. Le chant est probablement inscrit dans le code génétique de certains d'entre eux. Cependant, les observateurs ont noté de nombreux cas d'oiseaux élevés en captivité, isolés des adultes de leur espèce, qui "se trompent" de chant. Certaines alouettes, par exemple, peuvent imiter le loriot à tête jaune.
De plus, des membres d'une même espèce peuvent élaborer des "dialectes" différents en fonction de l'endroit où ils vivent, preuve supplémentaire que le chant est un art acquis. Et certains oiseaux très imitateurs comme le moqueur polyglotte et l'oiseau-lyre australien peuvent apprendre et imiter les chants d'autres espèces. Un moqueur peut apprendre jusqu'à 200 chants différents et on sait que les oiseaux-lyres sont capables de reproduire non seulement le sifflet des trains, les klaxons et les aboiements de chiens, mais aussi les mélodies de leurs voisins du plancher des vaches.
Chanter est donc loin d'être, pour les oiseaux, une performance purement mécanique. ./.
p41 ./. Le rythme vital des oiseaux plus rapide que celui des hommes explique en partie que les notes individuelles de leurs chants soient tellement courtes que, parfois, on ne peut les distinguer qu'au spectrographe et que leurs compositions ne durent que quelques secondes, alors que les symphonies des hommes peuvent durer une heure ou plus. C'est aussi pourquoi, de même que le registre d'un disque s'élève quand on le joue à la vitesse supérieure, les oiseaux ont un registre plus aigu : leur métabolisme fonctionne toujours à un rythme accéléré et les humains doivent leur sembler bien lents et bien paresseux.
Mais nous serons peut-être bientôt privés du plaisir de les entendre. Les décomptes récents montrent que les oiseaux chanteurs ont été décimés au cours des dix dernières années. Que ce soit dû aux pesticides ou à la destruction de leur habitat, la population de certaines espèces a diminué d'un tiers.
p41 ./. Chaque année qui passe et chaque hectare supplémentaire couvert de maisons et de centres commerciaux donnent plus de réalité à la menace de "printemps silencieux" annoncés par Rachel Carson. La plupart d'entre nous ne le remarquent sans doute même pas, mais le monde est un peu moins mélodieux, de plus en plus terne et discordant, et le bruit des bulldozers noie de plus en plus les chants de la prairie et de la forêt. ./.
p58-p59 ./. Comme nous, les dauphins soutiennent leurs parents et amis en détresse.
L'altruisme est un fait établi dans le monde animal. A l'état sauvage, les chimpanzés conduisent leurs compagnons affamés vers les arbres chargés de fruits mûrs. Chez certains oiseaux, les mères protègent leur couvée en adoptant un comportement destiné à attirer les prédateurs sur elles-mêmes. Pour sauver un petit, les chiens sauvages africains peuvent attaquer un guépard au péril de leur vie. Il semble que secourir et partager soit une attitude "naturelle" dans de nombreuses espèces.
Le premier à effectuer une étude systématique de ces comportements fut Charles Darwin dans "La descendance de l'homme". Il aboutit à la conclusion que "si grande soit-elle, la différence entre l'âme des animaux et la nôtre est une question de degré et non de nature". Darwin fait remarquer que tous les animaux "sociaux" sont doués de sentiments et d'impulsions visant à préserver le bien-être du groupe. Les oiseaux et les mammifères vivant en groupes donnent des signaux d'alarme en cas de danger. Certains, comme les oies et les phoques, recourent même à des sentinelles ; ce qui représente un grand sacrifice de soi, car le sujet "de garde" s'expose à de plus grands risques et renonce à se nourrir et à se détendre pour protéger ses compagnons.
Les animaux peuvent aussi coopérer à une défense commune, comme les moineaux encerclant un faucon, ou comme ce groupe de singes cité par Darwin. Il vit un aigle attraper un jeune singe qui n'évita d'être emporté qu'en se raccrochant à une branche. "Le jeune singe cria pour appeler au secours", écrit-il. "Là-dessus, les autres membres du groupe accoururent à grands cris, entourèrent l'aigle et lui arrachèrent tellement de plumes qu'il renonça à sa proie pour ne plus songer qu'à prendre la fuite."
On a vu des pélicans et des corbeaux nourrir et soigner des compagnons aveugles et le grand naturaliste fait remarquer que ces cas doivent être trop rares pour être mis sur le compte de l'instinct. Il est donc clair que des animaux peuvent éprouver de la compassion pour leurs camarades en difficulté.
p60-p63 ./. Darwin était un merveilleux biologiste, mais un médiocre moraliste. Il pensait non seulement que les animaux n'ont pas de sens moral, mais que les "primitifs" et les "sauvages" en sont également dépourvus. Comme la plupart des gentlemen de l'époque victorienne, il était convaincu de la supériorité du sens moral des Européens éduqués, qu'il croyait intellectuellement et moralement supérieurs aux races "moins civilisées". Selon lui, la capacité de raisonnement et de réflexion morale croît en une lente ascension de la création brute aux salons de la bonne société.
La moralité des "sauvages", pensait Darwin, est étroite et intéressée. Les primitifs ne se soucieraient que de leur entourage immédiat, clan ou tribu ; puis, évoluant graduellement, l'homme apprendrait à élargir de plus en plus le champ d'application de sa conception morale au-delà des limites de sa famille et de sa parentèle. "Au fur et à mesure qu'il se 'civilise' ", écrit Darwin, "et que les petites tribus s'unissent en communautés plus importantes, la simple raison suggère à l'individu d'étendre sa sociabilité à tous les membres de sa nation, même s'il ne les connaît pas personnellement. Ce point atteint, seule une barrière artificielle empêche ses sympathies de s'appliquer aux hommes de toutes les nations et de toutes les races." Ce que Darwin n'a pas perçu est que la barrière entre les humains "moraux" et les non-humains "amoraux" est également artificielle.
En anglais, les mots "parent" et "espèce" ont la même racine, ce qui suggère que nous sommes plus sensibles aux besoins et aux sentiments de ceux que nous reconnaissons comme étant "de notre sang". Ceux que nous percevons comme fondamentalement semblables ont droit à notre sollicitude tandis que ceux que nous considérons comme des étrangers sont exclus de nos préoccupations. La question est la suivante : quelles sont les caractéristiques moralement pertinentes qui définissent un autre être comme membre de notre communauté éthique ?
A différentes époques, la race, la couleur et autres critères superficiels ont été employés pour nier les droits de certains groupes et les exclure de nos préoccupations. Et de même que, pour les Européens du XIXe siècle, l'infériorité intellectuelle et morale des "primitifs" et des "sauvages" justifiait le colonialisme, nous continuons à justifier l'exploitation du monde animal avec le même type de rationalisation. En refusant de reconnaître aux animaux un sens moral, nous nous convainquons que les humains appartiennent à un ordre fondamentalement supérieur. Nous pouvons donc impunément coloniser et tenir ces "inférieurs" en esclavage.
La théorie de l'évolution de Darwin nous a appris que les animaux sont biologiquement nos "parents". Mais notre attitude vis-à-vis des autres espèces ne changerait-elle pas bien davantage si nous les croyions aussi spirituellement et moralement proches de nous, capables de bienveillance, de courage et autres vertus "humaines" ? L'éthologiste George Romanes, collègue et contemporain de Darwin, nous propose une réponse en relatant cet incroyable exemple "d'humanité" animale :
Romanes raconte qu'un de ses amis, un naturaliste collectionneur d'oiseaux, abattit une sterne qui tomba à la mer. Ses compagnons de vol planèrent alentour, "témoignant d'une grande sollicitude, comme le font toujours les sternes et les mouettes dans ce type de circonstances". Entouré de ses amis, l'oiseau blessé dérivait vers la plage et le chasseur se préparait à recueillir son trophée. Mais à sa "totale surprise et son étonnement", il vit deux des sternes valides "s'emparer de leur camarade blessée, chacune soutenant une des ailes, la soulever hors de l'eau et l'emporter vers la mer", escortées de deux autres oiseaux. Après avoir été transporté pendant six à sept mètres, l'oiseau blessé fut délicatement posé "pour être soulevé à nouveau par les deux sternes de l'escorte. Se relayant, les oiseaux valides portèrent ainsi alternativement la sterne blessée jusqu'à ce qu'ils puissent la déposer en sécurité sur un rocher assez éloigné."
Se remettant de son étonnement, le chasseur se prépara à nouveau à prendre possession de son trophée. Mais tandis que les autres oiseaux l'observaient, le vol entier descendit comme pour lui bloquer le passage. Et avant qu'il puisse s'en emparer, l'oiseau blessé était à nouveau enlevé par ses congénères.
"En m'approchant du rocher, je vis une fois encore deux oiseaux attraper la sterne blessée comme ils l'avaient fait auparavant et la porter comme en triomphe vers la mer, hors de mon atteinte. Si telle avait été mon envie, bien sûr, j'aurais pu les en empêcher. Mais les sentiments que j'éprouvais alors ne me le permirent pas ; et c'est bien volontiers que j'ai laissé les oiseaux accomplir ce geste charitable, qu'aucun homme ne devrait rougir d'accomplir lui-même."
Si l'esprit d'équipe, de coopération, le sacrifice de soi, la bravoure face au feu sont considérés comme des vertus morales, ces oiseaux ont donné tous les signes de la moralité. Comment pouvons-nous seulement songer à tuer de telles créatures ? Des animaux témoignant d'une telle audace et d'une telle compassion ne devraient pas nous servir de cibles.
Au cours de notre longue évolution morale et spirituelle, dit Darwin, nous avons appris à élargir progressivement le champ de notre sollicitude. Le temps est peut-être venu pour nous d'y inclure non seulement les autres races et les autres nations, mais aussi les autres espèces. "Une sympathie étendue au-delà de l'espèce humaine", écrit-il, "c'est-à-dire un comportement humain vis-à-vis des animaux inférieurs, semble être une de nos dernières conquêtes morales." Mais il nous reste à comprendre que les animaux ne sont pas "inférieurs", mais simplement différents.
Si leurs engagements sont différents des nôtres, les animaux n'en ont pas moins les leurs. Si leurs sentiments nous semblent étranges, ils n'en sont pas moins réels. Naturellement, les animaux ne sont pas tous des animaux sociaux et tous ne sont pas altruistes. Tous ne sont pas doués (mais les hommes non plus) de capacités morales et d'aptitude à démêler le bien du mal. Mais presque tous souffrent comme nous et saignent comme nous lorsqu'ils sont blessés. Sous la peau, qu'elle soit lisse, couverte de poils ou de plumes, nous sommes tous apparentés.
Nous sommes proches de toute créature et devrions être généreux vis-à-vis de toutes. Surmonter "l'espécisme" - cette illusion de la supériorité humaine - doit être le pas suivant dans notre évolution morale et spirituelle.
p68 ./. Extérieurement, les choucas ressemblent à leurs proches, les corneilles. Ils vivent longtemps et la durée de leurs unions dépasse celle de bien des mariages humains. "Mais même après des années", écrit Lorentz, "le mâle continue à nourrir sa femelle avec la même sollicitude et à trouver les mêmes intonations amoureuses tremblantes d'émotion intérieure qu'au printemps de leurs 'fiançailles' et de leur vie." [Konrad Lorentz, L'anneau du roi Salomon] ./.
p87-p89 ./. Voici une méditation inter-espèces que vous désirerez peut-être pratiquer :
"Regardez un animal dans les yeux. Il peut s'agir de votre chien ou de votre chat. Ou si vous voulez, choisissez une des photographies de ce livre. En plongeant dans ces yeux, songez que cet être est une expression unique de la vie qui n'aura jamais de duplication.
Prêtez attention à ce que vous voyez, aux années vécues qui se reflètent dans ces yeux, à la vitalité qui filtre à travers leur couleur et leur transparence.
Admirez leur forme. Remarquez les courbes et les angles particuliers faisant de cette face une oeuvre d'art unique, façonnée par le temps et le désir.
Et en regardant dans ces yeux, songez aussi à ce que vous ne pouvez voir - l'essence, l'identité, aussi singulières que leur aspect extérieur.
Ce que vous observez est un esprit vivant. Accueillez-le et respectez-le.
Estimez-le à sa juste valeur.
Demandez-vous : Comment est-ce d'être cette créature ?
A quoi ressemble le monde à travers ses yeux ?
Ayez conscience de la longue histoire que ces yeux recèlent - des millénaires d'évolution contenus dans leur regard.
Sentez la solitude que vous ne pourrez jamais combler ou comprendre totalement.
Songez bien que cet être a connu des difficultés et des peines que vous ne pourrez jamais imaginer et des moments d'état sauvage et d'innocence que vous ne pourrez jamais partager."
Mais cet être est vivant, et, comme vous, il éprouve des désirs. Il marche sur le même sol et respire le même air. Il ressent la douleur et se délecte de ses sensations - la merveilleuse chaleur du soleil, l'ombre de la forêt, le goût rafraîchissant de l'eau pure - tout comme vous. Dans cette mesure, nous sommes apparentés.
Cette parenté inclut toutes les formes de vie. A travers elle, nous trouvons l'unité et pouvons en tirer sagesse et compréhension pour remédier aux difficultés de notre commune demeure.
p97 ./. Les animaux nous fascinent naturellement, comme en témoigne bien l'intérêt que des enfants comme Noah et Holly portent aux autres créatures vivantes. Avec une sagesse innocente, ils semblent comprendre qu'un ver de terre est un prodige de la nature et un écureuil un excellent sujet d'émerveillement. Des enquêtes ont montré que, confrontés au choix d'un livre d'images, les enfants s'arrêtent le plus souvent à ceux qui présentent des illustrations d'autres êtres vivants. ./.
p108 (la fin du livre) ./. Nous ne pouvons ignorer plus longtemps l'existence de créatures sensibles et intelligentes sous prétexte qu'elles assument une forme différente de la forme humaine. Nous n'avons pas le monopole du courage et de l'audace, de la conscience et de la compassion, de l'imagination et de l'originalité, de la fantaisie et du jeu qui donnent à la vie son prix incomparable.
Comme nous, les animaux sont des âmes vivantes. Ils ne sont ni des choses, ni des objets, non plus que des humains. Et cependant, ils éprouvent le chagrin et l'amour : ils dansent, ils souffrent et ils subissent les hauts et les bas de l'existence.
Les animaux sont des expressions du "grand esprit" qui baigne notre univers. Ils partagent avec nous les dons de la conscience et de la vie. D'une manière merveilleuse et inexprimable, Dieu est bien présent dans toutes les créatures.
Voilà bien les caractéristiques si humaines de toute vie spirituelle. Mais sommes-nous les seuls sur terre à avoir une vie intérieure et spirituelle intense ?
Certes, personne ne peut prouver que les animaux ont une âme. Mais en ouvrant notre coeur aux autres créatures, à leurs joies et à leurs luttes, nous découvrons qu'elles ont le pouvoir de nous toucher et de nous transformer. Il y a en eux une intériorité qui éveille ce qu'il y a de plus profond en nous.
Accorder aux animaux le droit à une démarche spirituelle, c'est donner une nouvelle dimension à notre perception de la planète Terre : plus d'amour, de respect, de compassion, mais aussi de joie et d'harmonie.
Voici un livre écrit avec coeur et passion. Ces anecdotes attachantes et inoubliables vous feront voir avec des yeux nouveaux et émerveillés les animaux qui vous entourent.
"Gary Kowalski nous donne ici des yeux neufs pour observer le monde avec révérence et respect et nous permettre de participer au potentiel sacré de la création." - John Robbins.
Les animaux ont-ils une âme ?, Gary Kowalski, Photographies (en noir et blanc) : Art Wolfe, Préface : John Robbins, Editions Jouvence, 1993, 108 pages
A propos de l'auteur
Gary Kowalski a été prêtre de l'Eglise universaliste à Memphis et Seattle (USA). Il a écrit plusieurs livres pour défendre les animaux. Il est donc particulièrement qualifié pour reconnaître le sens de la spiritualité chez les animaux.
Voir également
- Adieu, mon ami, de Gary Kowalski
- L'âme des animaux, de Jean Prieur
- Oui, nos animaux ont une âme, de Françoise Lamy
- Se nourrir sans faire souffrir, de John Robbins
- Cache-cache, d'Art Wolfe et Barbara Sleeper
- Libres et sauvages, d'Art Wolfe
- Regard sauvage, d'Art Wolfe
Le sommaire
Remerciements
Préface de John Robbins
Introduction
- Qu'est-ce que la spiritualité ?
Ch.1 Tous mortels
- Les animaux ont-ils conscience de la mort ?
Ch.2 Dieux, lutins et petits hommes verts
- Les animaux ont-ils le sens du mystère ?
Ch.3 Des coeurs mélodieux
- Pourquoi les oiseaux chantent-ils ?
Ch.4 L'art pour le plaisir de l'art
- Pourquoi les animaux dessinent-ils ?
Ch.5 Evolution du sens moral
- Les animaux ont-ils le sens du bien et du mal ?
Ch.6 Partenaires à vie
- Les animaux connaissent-ils l'amour ?
Ch.7 Le jeu pour le plaisir du jeu
- Pourquoi les grues blanches américaines dansent-elles ?
Ch.8 Les yeux de l'espoir
- Les animaux ont-ils conscience d'eux-mêmes ?
Ch.9 Le reflet du moi
- Perdrions-nous notre âme dans un monde sans animaux ?
Ch.10 Quelqu'un et non quelque chose
- Les animaux ont-ils une âme ?
Photographies de Art Wolfe (en noir et blanc) : Puma, gorille des plaines, chien, loriot à tête jaune, éléphant africain, ours brun, phoque (éléphant de mer), grues blanches américaines, renard roux, chimpanzé, jeunes chouettes.
La préface de John Robbins
Avez-vous remarqué comme les enfants sont souvent fascinés et enchantés par les animaux ? On dirait que se créent entre eux et les autres créatures une parenté, un lien affectueux qui contribuent à leur entité et à leur identité. Vous rappelez-vous la première fois que vous avez vu un éléphant ? Ou une girafe ? C'était alors une véritable révélation et une jubilation émerveillée.
Mais la société des adultes voit les animaux autrement, comme des commodités ou des ressources, des choses, des objets, ou des outils. Nous les utilisons, nous les mangeons, nous les employons pour nos expériences. Ils ont cessé de nous enchanter et de nous ravir. Nous ne les percevons plus que comme des moyens d'aboutir à nos fins - et nous ne soupçonnons pas ce que nous avons perdu.
Les animaux ont-ils une âme ? est un livre éloquent qui peut nous aider à renouer avec les créatures merveilleuses et mystérieuses partageant avec nous l'aventure de cette planète. C'est un beau livre réparateur, car il nous fait prendre conscience de la nécessité d'ouvrir les yeux si nous voulons vivre en harmonie avec le monde naturel.
Il ouvrira aussi votre coeur et votre esprit à tous ces compagnons qui volent, marchent, rampent et peuplent notre belle terre.
Ann Mortifee a écrit : "Nous ne pouvons entrevoir un lendemain lumineux avec les yeux d'hier." Gary Kowalski nous donne ici des yeux neufs pour observer le monde avec révérence et respect et nous permettre de participer au potentiel sacré de la création.
C'est un bonheur de vous présenter ce trésor. Les animaux ont-ils une âme ? parle de la parenté de toutes les formes de vie. Ignorant l'isolement et l'aliénation, il nous fait découvrir le sentiment d'appartenance à la communauté terrestre. Il nous invite à prendre notre place avec égards et considération dans le grand conseil des êtres vivants.
John Robbins
Extraits choisis
(sans les notes et les références, pour une facilité de lecture)
(sans les notes et les références, pour une facilité de lecture)
Introduction
Qu'est-ce que la spiritualité ?
Qu'est-ce que la spiritualité ?
p14 ./. Sans tomber dans l'anthropomorphisme, nous pouvons admettre que nos compagnons non humains partagent certaines de nos caractéristiques. Ils ont une vie affective, ils éprouvent l'amour et la peur, ils ont leur propre intégrité et souffrent lorsqu'elle n'est pas respectée. Ils jouent et sont curieux du monde qui les entoure. Ils sont capables de loyauté et d'altruisme. Ils ont une "foi animale", une spontanéité et une authenticité qui peuvent être très enrichissantes.
Le comportement des animaux me semble témoigner d'une âme, qui n'est pas une chose visible ou mesurable. Nous ne pouvons qu'en observer les manifestations extérieures : dans les larmes et le rire, le courage et l'héroïsme, dans la générosité et l'indulgence. L'âme se cache dans les coulisses des moments tendres ou difficiles où nous sommes le plus intensément et le plus passionnément vivants. ./.
p15 ./. Les humains ont toujours su qu'ils avaient beaucoup à apprendre de l'équilibre et de l'harmonie des animaux. "Demandez aux bêtes, et elles vous enseigneront", conseille le livre de Job. Les autres créatures ont peuplé la Terre bien avant nous. Leur instinct et leur adaptation à la vie sont souvent plus sains que les nôtres. "Au début de toute chose", disait le chef Pawnee Letakots-Lesa, "la sagesse et le savoir étaient avec les animaux. Car Tirawa, l'Etre d'en haut, ne parlait pas directement aux hommes. Il envoya des animaux leur dire qu'il se montrait à eux à travers les bêtes et qu'à travers elles, à travers les étoiles et le soleil et la lune, l'homme devrait apprendre." L'idée que d'autres êtres vivants puissent être nos guides spirituels n'est donc vraiment pas nouvelle.
Ce livre veut examiner jusqu'à quel point les animaux sont nos compagnons d'âme et de route et partagent ce qui, en nous, est le plus profondément humain. Chaque chapitre explore un aspect de l'expérience animale. Pourquoi les animaux jouent-ils ? Quels sont leurs craintes et leurs rêves ? Comment voient-ils le monde ? Jusqu'à quel point leurs expériences se rapprochent-elles des nôtres ?
Certes, ce livre soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Mais si ces questions peuvent nous rendre plus réfléchis et plus respectueux des autres créatures habitant cette terre, nageant dans ses océans, volant dans son atmosphère, alors ce livre aura touché son but. Car je suis persuadé que si nous voulons préserver notre domaine - la Terre - pour les générations à venir, nous devons revenir au respect de toute la famille terrestre.
Je dédie donc ces pages avec amour et affection aux animaux du monde, mais tout particulièrement à mon guide spirituel. D'aucuns ont des maîtres à penser, des mentors et des professeurs. Moi, j'ai un sacré bâtard.
Ch.1 Tous mortels
Les animaux ont-ils conscience de la mort ?
(à voir, le documentaire Conversations avec Koko le gorille)
Les animaux ont-ils conscience de la mort ?
(à voir, le documentaire Conversations avec Koko le gorille)
p20-p21 ./. D'autres animaux ressentent-ils le chagrin ? Nous savons, bien sûr, que les gens pleurent leurs animaux familiers. Les fidèles de ma congrégation viennent souvent chercher un réconfort près de moi quand leurs compagnons animaux disparaissent. La perte d'un chien ou d'un chat peut être un choc qui nous attriste forcément. Mais je fus vraiment stupéfait lorsque j'entendis pour la première fois l'histoire de Koko, un gorille pleurant son chaton familier. Elle m'a convaincu que la mort suscite des sentiments profonds chez les animaux comme les hommes.
Koko, un gorille femelle des plaines, a été pendant presque vingt ans le sujet de la plus longue étude du monde sur le langage des primates. Au lieu de mots, elle communique par un langage de signes appelé ameslan (abréviation de American Sign Language). Son professeur, le docteur Francine Penny Patterson de la Gorilla Foundation de Californie, lui a appris à maîtriser un vocabulaire de plus de 500 mots. C'est ainsi que Koko informa Penny qu'elle voulait un chat pour son anniversaire. Pour le mot chat, elle imite les moustaches en mettant deux doigts en travers de ses joues.
Un jour, quelqu'un apporta une portée de trois chatons à Woodside où vit Koko, en Californie. Les chatons avaient été abandonnés à la naissance. Leur "mère adoptive", un terrier, les avait allaités pendant le premier mois de leur vie. Les manipulant avec la délicatesse particulière aux gorilles, Koko choisit l'un d'eux, un petit chaton gris sans queue. Elle baptisa son petit ami "All Ball" ("tout en boule").
Koko était heureuse avec son chaton, le reniflant et le caressant doucement. Elle le transportait sous le bras et, essayant de le traiter comme un bébé gorille, elle eut la surprise de découvrir que les chatons mordillent. Quand All Ball la mordait, elle faisait le signe "sale" et "WC", expressions habituelles de sa désapprobation. En peu de temps, Koko demandait au chaton de la chatouiller - un des jeux favoris des gorilles. "Apparemment, Koko croit que les chats peuvent faire la plupart des choses qu'elle fait elle-même", déclare Penny. "Doucement/bien/chat", disait Koko.
Mais All Ball s'échappa une nuit de la fondation et fut écrasé par une voiture. Quand Koko apprit l'accident, elle réagit d'abord comme si elle n'avait pas entendu ou pas compris. Puis quelques minutes plus tard, elle commença à gémir avec des sanglots aigus. Par la suite, lorsqu'on mentionnait le chaton, elle répondait "triste/sourcils froncés" et "sommeil/chat". Pendant environ une semaine après le décès de All Ball, Koko gémit chaque fois qu'on parlait du chaton.
Il était clair que le chat lui manquait. Mais que comprenait-elle de ce qui était arrivé ? Heureusement, il était possible de le lui demander. Maureen Sheehan, de la Gorilla Foundation, interrogea Koko sur ses sentiments vis à vis de la mort.
"Où vont les gorilles quand ils meurent ?", demanda Maureen.
Koko répondit : "Confortable/trou/au revoir" (en faisant le signe pour embrasser une personne qui s'en va).
"Quand est-ce que les gorilles meurent ?", demanda-t-elle ?
Koko répondit : "Ennuis/vieux."
"Quand les gorilles meurent, sont-ils heureux, tristes, effrayés ?"
"Sommeil", répondit Koko.
Quand un être cher meurt, non seulement les gorilles le pleurent ; mais ils peuvent, comme les humains, réfléchir à leur propre mort. ./.
p25-p26 ./. Comment pouvons-nous, sans hésitation, arracher un autre animal à la vie ? Comment pouvons-nous le tuer sans nous interroger sur la détresse qui s'emparera de son compagnon et de sa progéniture ? Selon le langage mystique de Saint Paul, "toute la création gémit de douleur" sous le poids des malheurs et de la mort. En écoutant attentivement, peut-être entendrions-nous ces gémissements des animaux, implorant notre miséricorde et notre soutien.
Humains ou non, nous sommes tous mortels, liés par la fraternité des peines et de l'amour. Aucun n'échappe à la mort ; mais la sollicitude peut rendre nos adieux moins déchirants. Et par une profonde compassion, nous pouvons rendre la vie moins cruelle.
Ch.2 Dieux, lutins et petits hommes verts
Les animaux ont-ils le sens du mystère ?
Les animaux ont-ils le sens du mystère ?
p30 ./. Nous savons que la plupart des oiseaux et des mammifères rêvent. Du moins, on peut observer chez eux les mouvements oculaires rapides associés au rêve chez les humains. (Le tatou est une exception totalement inexpliquée.) Des oiseaux imitateurs, tels que les perroquets et les mainates, peuvent parler pendant leur sommeil. J'ai souvent vu mon chien, les yeux fermés, retrousser les lèvres, tendre l'oreille et tressaillir des pattes comme s'il chassait un écureuil imaginaire sur les chemins de sa nuit. ./.
Ch.3 Des coeurs mélodieux
Pourquoi les oiseaux chantent-ils ?
Pourquoi les oiseaux chantent-ils ?
p38-p39 ./. Les oisillons commencent à chanter comme les jeunes enfants commencent à parler : par une exploration libre et souple des sons. Plus que toutes autres créatures, les oiseaux "jouent" avec les sonorités - non seulement avec celles de leur propre voix, mais aussi avec celles qui résultent de la manipulation de leur environnement. Les chercheurs relatent maints exemples d'oiseaux chantants prenant et laissant inlassablement tomber des objets, apparemment pour le seul plaisir d'entendre tinter et résonner le monde qui les entoure. ./.
p39 ./. Le chant est probablement inscrit dans le code génétique de certains d'entre eux. Cependant, les observateurs ont noté de nombreux cas d'oiseaux élevés en captivité, isolés des adultes de leur espèce, qui "se trompent" de chant. Certaines alouettes, par exemple, peuvent imiter le loriot à tête jaune.
De plus, des membres d'une même espèce peuvent élaborer des "dialectes" différents en fonction de l'endroit où ils vivent, preuve supplémentaire que le chant est un art acquis. Et certains oiseaux très imitateurs comme le moqueur polyglotte et l'oiseau-lyre australien peuvent apprendre et imiter les chants d'autres espèces. Un moqueur peut apprendre jusqu'à 200 chants différents et on sait que les oiseaux-lyres sont capables de reproduire non seulement le sifflet des trains, les klaxons et les aboiements de chiens, mais aussi les mélodies de leurs voisins du plancher des vaches.
Chanter est donc loin d'être, pour les oiseaux, une performance purement mécanique. ./.
p41 ./. Le rythme vital des oiseaux plus rapide que celui des hommes explique en partie que les notes individuelles de leurs chants soient tellement courtes que, parfois, on ne peut les distinguer qu'au spectrographe et que leurs compositions ne durent que quelques secondes, alors que les symphonies des hommes peuvent durer une heure ou plus. C'est aussi pourquoi, de même que le registre d'un disque s'élève quand on le joue à la vitesse supérieure, les oiseaux ont un registre plus aigu : leur métabolisme fonctionne toujours à un rythme accéléré et les humains doivent leur sembler bien lents et bien paresseux.
Mais nous serons peut-être bientôt privés du plaisir de les entendre. Les décomptes récents montrent que les oiseaux chanteurs ont été décimés au cours des dix dernières années. Que ce soit dû aux pesticides ou à la destruction de leur habitat, la population de certaines espèces a diminué d'un tiers.
p41 ./. Chaque année qui passe et chaque hectare supplémentaire couvert de maisons et de centres commerciaux donnent plus de réalité à la menace de "printemps silencieux" annoncés par Rachel Carson. La plupart d'entre nous ne le remarquent sans doute même pas, mais le monde est un peu moins mélodieux, de plus en plus terne et discordant, et le bruit des bulldozers noie de plus en plus les chants de la prairie et de la forêt. ./.
Ch.5 Evolution du sens moral
Les animaux ont-ils le sens du bien et du mal ?
Les animaux ont-ils le sens du bien et du mal ?
p58-p59 ./. Comme nous, les dauphins soutiennent leurs parents et amis en détresse.
L'altruisme est un fait établi dans le monde animal. A l'état sauvage, les chimpanzés conduisent leurs compagnons affamés vers les arbres chargés de fruits mûrs. Chez certains oiseaux, les mères protègent leur couvée en adoptant un comportement destiné à attirer les prédateurs sur elles-mêmes. Pour sauver un petit, les chiens sauvages africains peuvent attaquer un guépard au péril de leur vie. Il semble que secourir et partager soit une attitude "naturelle" dans de nombreuses espèces.
Le premier à effectuer une étude systématique de ces comportements fut Charles Darwin dans "La descendance de l'homme". Il aboutit à la conclusion que "si grande soit-elle, la différence entre l'âme des animaux et la nôtre est une question de degré et non de nature". Darwin fait remarquer que tous les animaux "sociaux" sont doués de sentiments et d'impulsions visant à préserver le bien-être du groupe. Les oiseaux et les mammifères vivant en groupes donnent des signaux d'alarme en cas de danger. Certains, comme les oies et les phoques, recourent même à des sentinelles ; ce qui représente un grand sacrifice de soi, car le sujet "de garde" s'expose à de plus grands risques et renonce à se nourrir et à se détendre pour protéger ses compagnons.
Les animaux peuvent aussi coopérer à une défense commune, comme les moineaux encerclant un faucon, ou comme ce groupe de singes cité par Darwin. Il vit un aigle attraper un jeune singe qui n'évita d'être emporté qu'en se raccrochant à une branche. "Le jeune singe cria pour appeler au secours", écrit-il. "Là-dessus, les autres membres du groupe accoururent à grands cris, entourèrent l'aigle et lui arrachèrent tellement de plumes qu'il renonça à sa proie pour ne plus songer qu'à prendre la fuite."
On a vu des pélicans et des corbeaux nourrir et soigner des compagnons aveugles et le grand naturaliste fait remarquer que ces cas doivent être trop rares pour être mis sur le compte de l'instinct. Il est donc clair que des animaux peuvent éprouver de la compassion pour leurs camarades en difficulté.
p60-p63 ./. Darwin était un merveilleux biologiste, mais un médiocre moraliste. Il pensait non seulement que les animaux n'ont pas de sens moral, mais que les "primitifs" et les "sauvages" en sont également dépourvus. Comme la plupart des gentlemen de l'époque victorienne, il était convaincu de la supériorité du sens moral des Européens éduqués, qu'il croyait intellectuellement et moralement supérieurs aux races "moins civilisées". Selon lui, la capacité de raisonnement et de réflexion morale croît en une lente ascension de la création brute aux salons de la bonne société.
La moralité des "sauvages", pensait Darwin, est étroite et intéressée. Les primitifs ne se soucieraient que de leur entourage immédiat, clan ou tribu ; puis, évoluant graduellement, l'homme apprendrait à élargir de plus en plus le champ d'application de sa conception morale au-delà des limites de sa famille et de sa parentèle. "Au fur et à mesure qu'il se 'civilise' ", écrit Darwin, "et que les petites tribus s'unissent en communautés plus importantes, la simple raison suggère à l'individu d'étendre sa sociabilité à tous les membres de sa nation, même s'il ne les connaît pas personnellement. Ce point atteint, seule une barrière artificielle empêche ses sympathies de s'appliquer aux hommes de toutes les nations et de toutes les races." Ce que Darwin n'a pas perçu est que la barrière entre les humains "moraux" et les non-humains "amoraux" est également artificielle.
En anglais, les mots "parent" et "espèce" ont la même racine, ce qui suggère que nous sommes plus sensibles aux besoins et aux sentiments de ceux que nous reconnaissons comme étant "de notre sang". Ceux que nous percevons comme fondamentalement semblables ont droit à notre sollicitude tandis que ceux que nous considérons comme des étrangers sont exclus de nos préoccupations. La question est la suivante : quelles sont les caractéristiques moralement pertinentes qui définissent un autre être comme membre de notre communauté éthique ?
A différentes époques, la race, la couleur et autres critères superficiels ont été employés pour nier les droits de certains groupes et les exclure de nos préoccupations. Et de même que, pour les Européens du XIXe siècle, l'infériorité intellectuelle et morale des "primitifs" et des "sauvages" justifiait le colonialisme, nous continuons à justifier l'exploitation du monde animal avec le même type de rationalisation. En refusant de reconnaître aux animaux un sens moral, nous nous convainquons que les humains appartiennent à un ordre fondamentalement supérieur. Nous pouvons donc impunément coloniser et tenir ces "inférieurs" en esclavage.
La théorie de l'évolution de Darwin nous a appris que les animaux sont biologiquement nos "parents". Mais notre attitude vis-à-vis des autres espèces ne changerait-elle pas bien davantage si nous les croyions aussi spirituellement et moralement proches de nous, capables de bienveillance, de courage et autres vertus "humaines" ? L'éthologiste George Romanes, collègue et contemporain de Darwin, nous propose une réponse en relatant cet incroyable exemple "d'humanité" animale :
Romanes raconte qu'un de ses amis, un naturaliste collectionneur d'oiseaux, abattit une sterne qui tomba à la mer. Ses compagnons de vol planèrent alentour, "témoignant d'une grande sollicitude, comme le font toujours les sternes et les mouettes dans ce type de circonstances". Entouré de ses amis, l'oiseau blessé dérivait vers la plage et le chasseur se préparait à recueillir son trophée. Mais à sa "totale surprise et son étonnement", il vit deux des sternes valides "s'emparer de leur camarade blessée, chacune soutenant une des ailes, la soulever hors de l'eau et l'emporter vers la mer", escortées de deux autres oiseaux. Après avoir été transporté pendant six à sept mètres, l'oiseau blessé fut délicatement posé "pour être soulevé à nouveau par les deux sternes de l'escorte. Se relayant, les oiseaux valides portèrent ainsi alternativement la sterne blessée jusqu'à ce qu'ils puissent la déposer en sécurité sur un rocher assez éloigné."
Se remettant de son étonnement, le chasseur se prépara à nouveau à prendre possession de son trophée. Mais tandis que les autres oiseaux l'observaient, le vol entier descendit comme pour lui bloquer le passage. Et avant qu'il puisse s'en emparer, l'oiseau blessé était à nouveau enlevé par ses congénères.
"En m'approchant du rocher, je vis une fois encore deux oiseaux attraper la sterne blessée comme ils l'avaient fait auparavant et la porter comme en triomphe vers la mer, hors de mon atteinte. Si telle avait été mon envie, bien sûr, j'aurais pu les en empêcher. Mais les sentiments que j'éprouvais alors ne me le permirent pas ; et c'est bien volontiers que j'ai laissé les oiseaux accomplir ce geste charitable, qu'aucun homme ne devrait rougir d'accomplir lui-même."
Si l'esprit d'équipe, de coopération, le sacrifice de soi, la bravoure face au feu sont considérés comme des vertus morales, ces oiseaux ont donné tous les signes de la moralité. Comment pouvons-nous seulement songer à tuer de telles créatures ? Des animaux témoignant d'une telle audace et d'une telle compassion ne devraient pas nous servir de cibles.
Au cours de notre longue évolution morale et spirituelle, dit Darwin, nous avons appris à élargir progressivement le champ de notre sollicitude. Le temps est peut-être venu pour nous d'y inclure non seulement les autres races et les autres nations, mais aussi les autres espèces. "Une sympathie étendue au-delà de l'espèce humaine", écrit-il, "c'est-à-dire un comportement humain vis-à-vis des animaux inférieurs, semble être une de nos dernières conquêtes morales." Mais il nous reste à comprendre que les animaux ne sont pas "inférieurs", mais simplement différents.
Si leurs engagements sont différents des nôtres, les animaux n'en ont pas moins les leurs. Si leurs sentiments nous semblent étranges, ils n'en sont pas moins réels. Naturellement, les animaux ne sont pas tous des animaux sociaux et tous ne sont pas altruistes. Tous ne sont pas doués (mais les hommes non plus) de capacités morales et d'aptitude à démêler le bien du mal. Mais presque tous souffrent comme nous et saignent comme nous lorsqu'ils sont blessés. Sous la peau, qu'elle soit lisse, couverte de poils ou de plumes, nous sommes tous apparentés.
Nous sommes proches de toute créature et devrions être généreux vis-à-vis de toutes. Surmonter "l'espécisme" - cette illusion de la supériorité humaine - doit être le pas suivant dans notre évolution morale et spirituelle.
Ch.6 Partenaires à vie
Les animaux connaissent-ils l'amour ?
Les animaux connaissent-ils l'amour ?
p68 ./. Extérieurement, les choucas ressemblent à leurs proches, les corneilles. Ils vivent longtemps et la durée de leurs unions dépasse celle de bien des mariages humains. "Mais même après des années", écrit Lorentz, "le mâle continue à nourrir sa femelle avec la même sollicitude et à trouver les mêmes intonations amoureuses tremblantes d'émotion intérieure qu'au printemps de leurs 'fiançailles' et de leur vie." [Konrad Lorentz, L'anneau du roi Salomon] ./.
Ch.8 Les yeux de l'espoir
Les animaux ont-ils conscience d'eux-mêmes ?
Les animaux ont-ils conscience d'eux-mêmes ?
p87-p89 ./. Voici une méditation inter-espèces que vous désirerez peut-être pratiquer :
"Regardez un animal dans les yeux. Il peut s'agir de votre chien ou de votre chat. Ou si vous voulez, choisissez une des photographies de ce livre. En plongeant dans ces yeux, songez que cet être est une expression unique de la vie qui n'aura jamais de duplication.
Prêtez attention à ce que vous voyez, aux années vécues qui se reflètent dans ces yeux, à la vitalité qui filtre à travers leur couleur et leur transparence.
Admirez leur forme. Remarquez les courbes et les angles particuliers faisant de cette face une oeuvre d'art unique, façonnée par le temps et le désir.
Et en regardant dans ces yeux, songez aussi à ce que vous ne pouvez voir - l'essence, l'identité, aussi singulières que leur aspect extérieur.
Ce que vous observez est un esprit vivant. Accueillez-le et respectez-le.
Estimez-le à sa juste valeur.
Demandez-vous : Comment est-ce d'être cette créature ?
A quoi ressemble le monde à travers ses yeux ?
Ayez conscience de la longue histoire que ces yeux recèlent - des millénaires d'évolution contenus dans leur regard.
Sentez la solitude que vous ne pourrez jamais combler ou comprendre totalement.
Songez bien que cet être a connu des difficultés et des peines que vous ne pourrez jamais imaginer et des moments d'état sauvage et d'innocence que vous ne pourrez jamais partager."
Mais cet être est vivant, et, comme vous, il éprouve des désirs. Il marche sur le même sol et respire le même air. Il ressent la douleur et se délecte de ses sensations - la merveilleuse chaleur du soleil, l'ombre de la forêt, le goût rafraîchissant de l'eau pure - tout comme vous. Dans cette mesure, nous sommes apparentés.
Cette parenté inclut toutes les formes de vie. A travers elle, nous trouvons l'unité et pouvons en tirer sagesse et compréhension pour remédier aux difficultés de notre commune demeure.
Ch.9 Le reflet du moi
Perdrions-nous notre âme dans un monde sans animaux ?
Perdrions-nous notre âme dans un monde sans animaux ?
p97 ./. Les animaux nous fascinent naturellement, comme en témoigne bien l'intérêt que des enfants comme Noah et Holly portent aux autres créatures vivantes. Avec une sagesse innocente, ils semblent comprendre qu'un ver de terre est un prodige de la nature et un écureuil un excellent sujet d'émerveillement. Des enquêtes ont montré que, confrontés au choix d'un livre d'images, les enfants s'arrêtent le plus souvent à ceux qui présentent des illustrations d'autres êtres vivants. ./.
Ch.10 Quelqu'un et non quelque chose
Les animaux ont-ils une âme ?
Les animaux ont-ils une âme ?
p108 (la fin du livre) ./. Nous ne pouvons ignorer plus longtemps l'existence de créatures sensibles et intelligentes sous prétexte qu'elles assument une forme différente de la forme humaine. Nous n'avons pas le monopole du courage et de l'audace, de la conscience et de la compassion, de l'imagination et de l'originalité, de la fantaisie et du jeu qui donnent à la vie son prix incomparable.
Comme nous, les animaux sont des âmes vivantes. Ils ne sont ni des choses, ni des objets, non plus que des humains. Et cependant, ils éprouvent le chagrin et l'amour : ils dansent, ils souffrent et ils subissent les hauts et les bas de l'existence.
Les animaux sont des expressions du "grand esprit" qui baigne notre univers. Ils partagent avec nous les dons de la conscience et de la vie. D'une manière merveilleuse et inexprimable, Dieu est bien présent dans toutes les créatures.
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