Rhinocéros
d'Eugène Ionesco
Pièce de théâtre
d'Eugène Ionesco
Pièce de théâtre
"Ce sont eux qui sont beaux. J'ai eu tort ! Oh ! Comme je voudrais être comme eux. Je n'ai pas de corne, hélas ! Que c'est laid, un front plat. Il m'en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ca viendra peut-être, et je n'aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! (Il regarde les paumes de ses mains.) Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? (Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace.) J'ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d'un vert sombre, une nudité décente, sans poils, comme la leur !..."
L’histoire se déroule dans une ville inconnue. Les habitants sont peu à peu touchés par la "rhinocérite", une maladie les transformant en rhinocéros. La peur et l’angoisse s’installent. Devant le nombre grandissant de victimes, les différents personnages s’interrogent sur la cause des transformations. Le personnage principal incarné par Bérenger semble faible. Alcoolique, hésitant, ne s’intégrant pas dans la société, il représente l’anti-héros de cette pièce. Ebranlé par les transformations de ses proches, il ne sait que penser ni quel parti prendre...
Rhinocéros (pièce écrite en 1959), Eugène Ionesco, Editions Gallimard, 1998, 246 pages
A propos de l'auteur
Eugène Ionesco (1909-1994) est un dramaturge et écrivain roumain et français. Il passe la majeure partie de sa vie à voyager entre la France et la Roumanie. Représentant du théâtre de l'absurde, il écrit de nombreuses oeuvres dont les plus connues sont "La cantatrice chauve", "Les Chaises" ou bien encore "Rhinocéros".
L'avis d'un lecteur
Source
Ionesco et les métaphores...
Rhinocéros raconte l'histoire d'un homme du commun, qui se fait malmener par ses amis, qui le trouve mou, peu dynamique, sans envie. Puis survient l'impensable: Un, puis plusieurs rhinocéros débarquent en ville....a partir de cet évenement presque anodins va se dérouler une histoire a couper le souffle, ou le protagoniste revelera des qualités méconnues.
Ionesco maitre de l'absurde nous livre ici un très bon livre dont le message est simple: ne cédez pas a la rhinopharingite!
D'origine roumaine, il a connu le totalitarisme stalinien et se bat donc contre tous les totalitarismes. Les rhinocéros sont les gens qui y ont céder et ont été infectés.
Ce livre est donc une métaphore filée d'une grande qualité, prenant, a condition d'aimer l'absurde bien sur.
Un grand classique
Acte I
Une petite ville tranquille, un dimanche matin. Deux hommes, Bérenger, un employé de bureau timide et velléitaire, et son ami Jean, personnage imbu de sa personne, sont à la terrasse d'un café. Jean reproche à Bérenger son manque de personnalité. Bérenger se défend à peine.
Soudain un rhinocéros traverse bruyamment la grand-place. Les habitants du quartier ( une ménagère, un vieux monsieur, un logicien, le patron du café, la serveuse …) ont suivi sa course et commentent, interloqués, le passage de l'animal. Puis ils retournent à leur occupation.
Bérenger aperçoit alors la jeune Daisy, une de ses collègues de bureau, dont il est amoureux. Mais il est trop timide pour lui déclarer sa flamme. Il éprouve aussi un complexe d’infériorité vis à vis de Dudard, un autre collègue, avec lequel il ne s’estime pas en mesure de rivaliser.
A une table voisine, un vieux monsieur discute avec un logicien. Ce dernier lui explique ce qu’est un syllogisme : «Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat».
Apparaît alors, toujours aussi bruyamment, mais en sens inverse, un second rhinocéros. La serveuse laisse tomber son plateau, et la ménagère apparaît effondrée, en tenant dans ses bras son chat que le rhinocéros a écrasé.
Une discussion futile s’engage entre Jean et Bérenger. Ils se posent trois questions : Etait-ce le même rhinocéros ? Avait-il une ou deux cornes ? Etait-ce un rhinocéros d’Asie ou d’Afrique ?
Le ton monte, les deux amis s’emportent. Finalement, Jean s’en va, furieux. Le logicien y va de son commentaire :" il se peut que depuis tout à l’heure le rhinocéros ait perdu une de ses cornes ». Bérenger, lui regrette de s’être disputé avec Jean.
Acte II
Le lendemain matin, dans le bureau où travaille Bérenger. Sont présents , Daisy, la jolie dactylo, Botard, l’instituteur en retraite, Dudard, le sous-chef du bureau, et Monsieur Papillon, le chef de service. M. Bœuf, l’un des employés est absent. Tout le monde commente, incrédule, ce qui s’est passé la veille. Soudain apparaît Mme Bœuf , hébétée. Elle a été pourchassée par un rhinocéros en lequel elle a reconnu son mari.
Surgit alors un nouveau pachyderme. Mme Bœuf reconnaît son époux. Elle s'évanouit; on s'affaire pour la ranimer. Revenue à elle, elle s’enfuit en grimpant sur le dos du rhinocéros.
Les habitants de la ville sont de plus en plus nombreux à se métamorphoser en rhinocéros . Ils détruisent l’escalier. Les employés de bureau sont bloqués. Ils ne doivent leur salut qu’aux pompiers qui ne savent plus où donner de la tête. Ils les font descendre par une grande échelle posée contre la fenêtre.
Bérenger rend visite à son ami Jean. Ce dernier est souffrant et tient des propos effrayants. Il préconise un retour à l’état animal et critique l’espèce humaine. Puis il se métamorphose lui-même en rhinocéros sous le regard affolé de Bérenger.
Acte III
Bérenger est allongé sur le divan de sa chambre. Les rhinocéros continuent leur vacarme dans la rue. Il a un bandeau autour de la tête. Il tousse lui aussi, mais lutte pour résister à la maladie. Entre Dudard, son collègue qui vient prendre de ses nouvelles. Ils discutent de ce curieux phénomène. Bérenger, lui d’ordinaire si apathique, paraît inquiet. Dudard au contraire minimise la situation : Si épidémie il y a , elle n'est pas mortelle.
Incidemment, Dudard informe Bérenger que leur chef, M. Papillon, s’est lui aussi transformé en rhinocéros. Bérenger est indigné : « Il avait le devoir de ne pas succomber ». Dudard reproche à son collègue son intolérance et lui demande de faire preuve de compréhension.
Entre alors Daisy, un panier sous le bras. Elle se montre surprise de la contrariété de Bérenger. Elle lui apprend que Botard est lui aussi devenu rhinocéros. Il a même déclaré : «Il faut suivre son temps. »
Daisy a apporté de quoi déjeuner, bien qu’il ne soit pas facile de trouver des provisions. Dudard est invité à rester , mais il préfère retrouver le troupeau de rhinocéros, indiquant que «son devoir est de suivre ses chefs et ses camarades ».
Daisy et Bérenger restent seuls. Bérenger serre Daisy dans ses bras. Ils font des projets. Mais le téléphone sonne. On entend des barrissements. Bérenger se précipite vers son poste de radio. On ne parle que de ça. Rien ne peut plus empêcher Daisy d’aller les rejoindre. «Que veux-tu qu'on y fasse ? Il faut être raisonnable, tâcher de s'entendre avec eux. "
Bérenger lui parle de sauver le monde. Elle lui répond qu'il est fou. Il lui parle d'amour. En vain. Elle s'en va. Bérenger reste seul devant sa glace. Que faire ? Il hésite un instant se demandant s’il ne doit pas lui aussi les suivre. Mais il décide de résister. Il restera un homme, le dernier des hommes.
L’histoire se déroule dans une ville inconnue. Les habitants sont peu à peu touchés par la "rhinocérite", une maladie les transformant en rhinocéros. La peur et l’angoisse s’installent. Devant le nombre grandissant de victimes, les différents personnages s’interrogent sur la cause des transformations. Le personnage principal incarné par Bérenger semble faible. Alcoolique, hésitant, ne s’intégrant pas dans la société, il représente l’anti-héros de cette pièce. Ebranlé par les transformations de ses proches, il ne sait que penser ni quel parti prendre...
Rhinocéros (pièce écrite en 1959), Eugène Ionesco, Editions Gallimard, 1998, 246 pages
A propos de l'auteur
Eugène Ionesco (1909-1994) est un dramaturge et écrivain roumain et français. Il passe la majeure partie de sa vie à voyager entre la France et la Roumanie. Représentant du théâtre de l'absurde, il écrit de nombreuses oeuvres dont les plus connues sont "La cantatrice chauve", "Les Chaises" ou bien encore "Rhinocéros".
L'avis d'un lecteur
Source
Ionesco et les métaphores...
Rhinocéros raconte l'histoire d'un homme du commun, qui se fait malmener par ses amis, qui le trouve mou, peu dynamique, sans envie. Puis survient l'impensable: Un, puis plusieurs rhinocéros débarquent en ville....a partir de cet évenement presque anodins va se dérouler une histoire a couper le souffle, ou le protagoniste revelera des qualités méconnues.
Ionesco maitre de l'absurde nous livre ici un très bon livre dont le message est simple: ne cédez pas a la rhinopharingite!
D'origine roumaine, il a connu le totalitarisme stalinien et se bat donc contre tous les totalitarismes. Les rhinocéros sont les gens qui y ont céder et ont été infectés.
Ce livre est donc une métaphore filée d'une grande qualité, prenant, a condition d'aimer l'absurde bien sur.
Un grand classique
Rhinocéros : Résumé complet
(A ne pas lire si vous souhaitez conserver le suspense.)
Acte I
Une petite ville tranquille, un dimanche matin. Deux hommes, Bérenger, un employé de bureau timide et velléitaire, et son ami Jean, personnage imbu de sa personne, sont à la terrasse d'un café. Jean reproche à Bérenger son manque de personnalité. Bérenger se défend à peine.
Soudain un rhinocéros traverse bruyamment la grand-place. Les habitants du quartier ( une ménagère, un vieux monsieur, un logicien, le patron du café, la serveuse …) ont suivi sa course et commentent, interloqués, le passage de l'animal. Puis ils retournent à leur occupation.
Bérenger aperçoit alors la jeune Daisy, une de ses collègues de bureau, dont il est amoureux. Mais il est trop timide pour lui déclarer sa flamme. Il éprouve aussi un complexe d’infériorité vis à vis de Dudard, un autre collègue, avec lequel il ne s’estime pas en mesure de rivaliser.
A une table voisine, un vieux monsieur discute avec un logicien. Ce dernier lui explique ce qu’est un syllogisme : «Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat».
Apparaît alors, toujours aussi bruyamment, mais en sens inverse, un second rhinocéros. La serveuse laisse tomber son plateau, et la ménagère apparaît effondrée, en tenant dans ses bras son chat que le rhinocéros a écrasé.
Une discussion futile s’engage entre Jean et Bérenger. Ils se posent trois questions : Etait-ce le même rhinocéros ? Avait-il une ou deux cornes ? Etait-ce un rhinocéros d’Asie ou d’Afrique ?
Le ton monte, les deux amis s’emportent. Finalement, Jean s’en va, furieux. Le logicien y va de son commentaire :" il se peut que depuis tout à l’heure le rhinocéros ait perdu une de ses cornes ». Bérenger, lui regrette de s’être disputé avec Jean.
Acte II
Le lendemain matin, dans le bureau où travaille Bérenger. Sont présents , Daisy, la jolie dactylo, Botard, l’instituteur en retraite, Dudard, le sous-chef du bureau, et Monsieur Papillon, le chef de service. M. Bœuf, l’un des employés est absent. Tout le monde commente, incrédule, ce qui s’est passé la veille. Soudain apparaît Mme Bœuf , hébétée. Elle a été pourchassée par un rhinocéros en lequel elle a reconnu son mari.
Surgit alors un nouveau pachyderme. Mme Bœuf reconnaît son époux. Elle s'évanouit; on s'affaire pour la ranimer. Revenue à elle, elle s’enfuit en grimpant sur le dos du rhinocéros.
Les habitants de la ville sont de plus en plus nombreux à se métamorphoser en rhinocéros . Ils détruisent l’escalier. Les employés de bureau sont bloqués. Ils ne doivent leur salut qu’aux pompiers qui ne savent plus où donner de la tête. Ils les font descendre par une grande échelle posée contre la fenêtre.
Bérenger rend visite à son ami Jean. Ce dernier est souffrant et tient des propos effrayants. Il préconise un retour à l’état animal et critique l’espèce humaine. Puis il se métamorphose lui-même en rhinocéros sous le regard affolé de Bérenger.
Acte III
Bérenger est allongé sur le divan de sa chambre. Les rhinocéros continuent leur vacarme dans la rue. Il a un bandeau autour de la tête. Il tousse lui aussi, mais lutte pour résister à la maladie. Entre Dudard, son collègue qui vient prendre de ses nouvelles. Ils discutent de ce curieux phénomène. Bérenger, lui d’ordinaire si apathique, paraît inquiet. Dudard au contraire minimise la situation : Si épidémie il y a , elle n'est pas mortelle.
Incidemment, Dudard informe Bérenger que leur chef, M. Papillon, s’est lui aussi transformé en rhinocéros. Bérenger est indigné : « Il avait le devoir de ne pas succomber ». Dudard reproche à son collègue son intolérance et lui demande de faire preuve de compréhension.
Entre alors Daisy, un panier sous le bras. Elle se montre surprise de la contrariété de Bérenger. Elle lui apprend que Botard est lui aussi devenu rhinocéros. Il a même déclaré : «Il faut suivre son temps. »
Daisy a apporté de quoi déjeuner, bien qu’il ne soit pas facile de trouver des provisions. Dudard est invité à rester , mais il préfère retrouver le troupeau de rhinocéros, indiquant que «son devoir est de suivre ses chefs et ses camarades ».
Daisy et Bérenger restent seuls. Bérenger serre Daisy dans ses bras. Ils font des projets. Mais le téléphone sonne. On entend des barrissements. Bérenger se précipite vers son poste de radio. On ne parle que de ça. Rien ne peut plus empêcher Daisy d’aller les rejoindre. «Que veux-tu qu'on y fasse ? Il faut être raisonnable, tâcher de s'entendre avec eux. "
Bérenger lui parle de sauver le monde. Elle lui répond qu'il est fou. Il lui parle d'amour. En vain. Elle s'en va. Bérenger reste seul devant sa glace. Que faire ? Il hésite un instant se demandant s’il ne doit pas lui aussi les suivre. Mais il décide de résister. Il restera un homme, le dernier des hommes.
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